Quelles marchandises étrangères pouvait-on acheter en URSS?

Quelles marchandises étrangères pouvait-on acheter en URSS?
V. Nemirovski / Sputnik
On pourrait croire que, derrière le rideau de fer, on ne trouvait aucun produit de fabrication étrangère et qu’on ne pouvait acheter que des marchandises made in bloc soviétique. En réalité, on pouvait se procurer pratiquement tout ce que l’on voulait: des meubles aux parfums français.

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Les marchandises étrangères arrivaient en Union soviétique par différents canaux. À commencer par le Conseil d’assistance économique mutuelle (Comecon) qui organisait l’importation de produits fabriqués dans les pays du bloc socialiste. Dans les années 1960, il y avait même à Moscou des magasins spécialisés : Leipzig où l’on trouvait des marchandises est-allemandes ; Balaton où l’on vendait des produits hongrois ; Wanda où l’on achetait des articles polonais.

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Boris Babanov / Sputnik

Par ailleurs, certains privilégiés fréquentaient les magasins appelés Beriozka (берёзка / bouleau). On y achetait des marchandises (produits de bouche, vêtements, appareils électriques et électroniques) en devises étrangères ou avec des bons distribués par certaines organisations. Dans les Beriozka, on croisait des touristes étrangers, des diplomates soviétiques et de hauts fonctionnaires triés sur le volet. 

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Boris Lossine / Sputnik

On trouvait aussi beaucoup de marchandises étrangères au marché noir qui était alimenté par les fartsovchtchiki, des gens débrouillards qui se livraient à une activité illégale.

Chaussures et vêtements

Les Soviétiques vivant en URSS virent des jeans pour la première fois en 1957 durant le Festival de la jeunesse et des étudiants. « On portait avec passion des gants en nylon de différentes couleurs... on se pavanait dans de petits trenchs jusqu’au genou tchèques ou hongrois, on nouait sa cravate en faisant un nœud microscopique, on aimait faire les beaux dans des chemises de cow-boy à carreaux coupées à la dernière mode... On commençait à voir çà et là des pantalons bleu foncé avec les "coutures à l’extérieur", comme disaient les grands-mères que cela irritait. C’étaient les premiers blue jeans ». Tels sont les souvenirs de la mode de l’époque dont l’historien de l’art Mikhaïl Guerman fait part dans son livre Passé composé. 

Les fartsvovchtchiki revendaient 200-300 roubles les jeans qu’ils avaient achetés à des touristes étrangers. À titre de comparaison, le salaire moyen en URSS était alors de 120-150 roubles.

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Vitali Saveliev / Sputnik

L’URSS importait des chaussures de Tchécoslovaquie, Roumanie, Yougoslavie, RDA et Hongrie. Dans son livre de souvenirs Vie privée à l’époque socialiste, l’historienne de l’art Irène Andreïeva se rappelle que, dans les années 1950, des bottes fourrées yougoslaves avec des semelles en caoutchouc très la mode à l’époque finirent par coûter scandaleusement cher : deux salaires. Dans les années 1970, les femmes rêvaient d’avoir des bottes aux semelles épaisses de caoutchouc de couleur claire. Pour s’acheter une paire de bottes Salamander de ce modèle, il fallait non seulement être prête à débourser environ 80 roubles – la moitié d’un salaire moyen – mais aussi à faire la queue pendant des heures.

Les plus jeunes préféraient les chaussures de sport. Par exemple, celles ressemblant à des Converses qui devinrent très à la mode après le Festival de 1957. Elles coûtaient un peu plus d’un rouble et se vendaient dans n’importe quel magasin de sport. Dans les années 1960, pour 4 roubles, on pouvait s’acheter une paire de chaussures de sport fabriquée en Chine de la marque Deux Ballons. À la différence d’aujourd’hui, le choix de couleurs était extrêmement limité. En revanche, elles étaient presque increvables. Iouri Gagarine en portait.

Après les Jeux Olympiques de Moscou en 1980, l’URSS se mit à fabriquer des tennis Adidas sous licence. Ceux qui avaient la possibilité de voyager dans le bloc soviétique rapportaient des Botas et de Cebo de Tchécoslovaquie et des Romika allemandes fabriquées en Bulgarie.  

Meubles 

S’il n’y avait pas d’IKEA en URSS, on y trouvait des meubles hongrois, polonais, yougoslaves, roumains et allemands. Il fut un temps où l’on rêvait de meubles laqués. Dans les années 1950-1960, le comble du bonheur était d’avoir des meubles de rangement (à disposer le long d’un seul mur) Helga fabriqués en RDA. Plus tard, l’URSS les produisit sous licence.

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Iakov Berliner / Sputnik

Dans la pièce de Victor Rozov À la recherche de la joie, l’héroïne se réjouit comme une enfant d’avoir réussi à acheter un buffet tchécoslovaque : « Que tu es beau ! Tu es un vrai bijou ! Que n’ai-je pas dû endurer pour l’avoir ! Les autres acheteurs, c’était tout simplement l’horreur ! Ils étaient excédés, poussaient, hurlaient ! J’ai vraiment dû lutter pour l’avoir ! Rendez-vous compte : il n’y a presque plus de buffets. D’un seul coup, une bonne femme avec un chapeau – vous auriez vu cette physionomie répugnante ! – me double. Mal lui en a pris ! Je l’ai remise à sa place ! ».

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TASS

Les meubles étrangers présentaient l’avantage d’être spacieux et modernes. En avoir et les montrer à ses invités, c’était faire la preuve qu’on était aisé. Une garniture de meubles yougoslaves ou roumains coûtait environ 1 000 roubles.

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Tapis et cristal

Un élément indispensable des appartements soviétiques était un tapis accroché à un mur. Il n’était pas forcément de fabrication soviétique. Les plus chanceux achetaient un tapis de RDA avec des franges. Ils se distinguaient des turkmènes et des azerbaïdjanais par leurs motifs et le grand choix de leurs couleurs.

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Vladimir Voitenko / TASS

Les maîtresses de maison soviétiques appréciaient particulièrement le cristal de Bohême : vases et verres décoraient les tables de fête. Il était particulièrement chic de ne pas décoller les étiquettes des objets en cristal pour prouver leur origine. Le cristal de Bohême était l’un des cadeaux les plus chers que l’on pouvait offrir après-guerre. 

Parfums et produits cosmétiques

« Nous avons reçu le parfum français que vous cherchez » était une des phrases que toute femme soviétique aurait voulu entendre. Il était possible d’acheter des parfums étrangers en URSS. Mais, à la différence du Coquelicot rouge ou du Muguet argenté, ils coûtaient extrêmement cher. 

Il fallait débourser de 25 à 50 roubles pour un flacon de Chanel N°5, Climat ou Magie Noire. On pouvait trouver Fidji pour 25.

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Boris Kavachkine / Sputnik

Si les crèmes pour le visage et le corps restaient rares, on trouvait – pas seulement dans la capitale – des produits de maquillage comme du mascara, de la poudre et du fard à joues Lancôme, Dior ou bien encore Elizabeth Arden.

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Vladimir Akimov / Sputnik

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