
Ilia Machkov: du «Cézanne russe» au chantre du prolétariat
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Personnalité pétillante
Le jeune homme de talent, originaire du Kouban, a conquis Moscou dès son arrivée : Machkov a réussi un grand concours pour intégrer l'École de peinture, de sculpture et d'architecture – 27 candidats ont postulé pour les 137 places proposées par cet établissement. Après son intégration, il a pu étudier auprès des meilleurs artistes du pays, tels que Valentin Serov et Constantin Korovine. Trois ans plus tard, il a commencé à donner lui-même des cours de peinture.

En 1908, Machkov est parti en voyage en Europe, où il a immédiatement été captivé par les œuvres d'Henri Matisse et de Paul Cézanne. Lumineuses, vivantes, dépourvues de formes rigides, leurs toiles semblaient dégager une énergie saisissante. Le jeune artiste a alors compris qu’il voulait lui aussi peindre dans ce style.

Même si ses professeurs se montraient mécontents, Machkov s’en moquait. Avec un sourire, il a déclaré être devenu l’homme le plus prospère de Russie, à en juger par le nombre de critiques qu'il avait reçues.
Machkov a été l'un des fondateurs du groupe artistique moscovite Valet de Carreau, dont faisaient partie des artistes d'avant-garde aussi brillants que Mikhaïl Larionov, Natalia Gontcharova, Piotr Kontchalovski, Aristarkh Lentoulov et Aleksandra Ekster.

Expérience d'une vie
Avec le déclenchement de la révolution, Machkov a entamé une nouvelle vie. Il s'est plongé dans la création de matériel de propagande, d'affiches et de tracts. Son art était accessible à tous, sans perdre son lien avec la peinture classique. Le fauvisme a été progressivement remplacé par des portraits réalistes, des paysages et des natures mortes.
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Avec la même passion avec laquelle il avait auparavant peint des baigneuses nues, l'artiste s'est tourné vers la création de toiles représentant les richesses agricoles de sa patrie, les pionniers (équivalent des scouts) et les bâtiments industriels. Il est néanmoins resté fidèle à son amour de la couleur.

Au lieu des natures mortes habituelles avec du pain, il a commencé à créer des toiles avec un ensemble hyperréaliste de kalatchi (pain moelleux en forme de serrure de grange avec une poignée) et de kovrijkas (version beaucoup plus grande du pain d’épices russe), qui étaient soigneusement cuits à l'avance à des fins artistiques.

Machkov a été le premier à représenter dans sa peinture le célèbre camp de pionniers soviétique Artek et sa vie quotidienne.

Dans les années 1930, l'artiste a quitté Moscou et est retourné au Kouban, dans son village natal de Mikhaïlovskaïa, où il a décidé de construire un paradis socialiste. Il a ordonné que des portraits de Lénine et de Staline soient placés dans l'église locale et que la croix du dôme soit remplacée par le drapeau de l'URSS.
Pendant les années de guerre, Ilia Machkov a peint des portraits de patients et de médecins à l'hôpital moscovite de Lefortovo. Cependant, malgré ses nouvelles sources d'inspiration, l'artiste a réussi à préserver sa méthode créative et à l'adapter à la nouvelle réalité soviétique.
Vous pourrez en apprendre davantage sur l'œuvre de l'artiste lors de l'exposition Ilia Machkov. Avant-garde. Kitsch. Classiques présentée jusqu'au 26 octobre à la Galerie Tretiakov de Moscou.
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