Objet du mois: la résistance électrique sans laquelle on ne voyageait pas à l’époque soviétique

Alexandre Rioumine / TASS
Alexandre Rioumine / TASS
Légère, facile à utiliser mais potentiellement dangereuse, la résistance électrique portative a été l’un des objets électroménagers les plus vendus en URSS.

Outre sur Telegram, Fenêtre sur la Russie diffuse désormais du contenu sur sa page VK! Vidéos, publications dédiées à l’apprentissage du russe et plus encore dans notre communauté

Quand ils partaient en déplacement, quelle qu’en ait été la raison, les Soviétiques avaient l’habitude d’emporter avec eux une résistance électrique. Pourquoi était-il important pour eux de ne pas oublier de glisser un objet si curieux dans leurs bagages ?

Lire aussi : Objet du mois: la voiture à pédales, aujourd’hui remplacée par la trottinette

Origines

La résistance électrique portative a été inventée par l’Allemand Theodor Stiebel (1898-1960) au début des années 1920. Bien que remarquée lors de l’Exposition de Leipzig de 1924, elle n’a pas suscité l’intérêt des Allemands. En revanche, les Soviétiques l’ont plébiscitée dès les années 1930. On raconte qu’Anastase Mikoïan (1895-1978), alors Commissaire du Peuple à l’Approvisionnement, l’a découverte lors d’un voyage en train en Sibérie. Un voisin de compartiment, émigré rentré dans la Russie devenue soviétique, se préparait du thé avec une résistance portative. Enthousiasmé par le caractère pratique de cet objet, Anastase Mikoïan a su convaincre le Conseil des Ministres de l’URSS de son utilité et une première usine de production a été construite à Krasnoïarsk.

Edouard Kobiak/TASS
Edouard Kobiak/TASS

Avantages

Vendue dans une petite boîte en carton, la résistance électrique portative faisait une trentaine de centimètres de long. En son milieu, le morceau de métal rigide était en spirale. Ses deux extrémités étaient fichées dans un manche en plastique d’où sortait le fil à brancher dans une prise électrique. Il s’agissait donc d’un objet léger, maniable, peu encombrant et peu onéreux dans la mesure où il servait longtemps. Dans les années 1980, une résistance d’une puissance de 0,7 kilowatt coûtait 3 roubles 50. Au début des années 1990, on trouva même des verres-résistances : la résistance se trouvait au fond du verre en plastique.

À une époque où les fontaines à eau froide et chaude n’existaient pas, la résistance électrique portative permettait de se préparer un thé ou un café rapidement. Un verre d’eau arrivait presque à ébullition en deux minutes environ.

Inconvénients

Si les Soviétiques l’emportaient souvent avec eux dans leurs déplacements, les résistances électriques étaient souvent interdites dans les hôtels. Elles l’étaient tout autant dans les foyers ouvriers et étudiants. D’une part, elles étaient très énergivores. Lorsque plusieurs personnes utilisaient les leurs en même temps, les compteurs des immeubles sautaient. D’autre part, si quelqu’un s’endormait avant d’avoir débranché la résistance qu’il avait plongée dans un verre pour se faire un thé, l’eau s’évaporait très vite et un incendie pouvait se déclencher.

Par ailleurs, comme tout objet que l’on plonge dans l’eau, il finit par se couvrir de tartre qu’on peut faire partir avec du vinaigre blanc.

Lire aussi : Le podstakannik, plus qu’un souvenir incontournable, une véritable tradition russe

Système D

Lorsqu’on n’avait pas de résistance portative ou qu’on se l’était fait momentanément retirer par la responsable d’étage dans les hôtels ou du foyer, on pouvait en fabriquer une avec des objets du quotidien. Par souci de votre sécurité, nous ne vous révélerons pas le mode d’emploi, bien connu en URSS, pour la monter.

Obscolescence

La résistance électrique portative ne fait plus partie du quotidien des Russes. L’amélioration du standing dans les trains et les hôtels, la diffusion des bouilloires électriques (qui fonctionnent de la même façon, mais ont l’immense avantage de s’éteindre automatiquement lorsque l’eau a bouilli) et des fontaines à eau ont eu raison de ce petit objet qui aura rendu tant de services !

En suivant le lien, découvrez dix objets incontournables de chaque appartement soviétique 

 
<