Comment fonctionnaient les «cuisines de campagne» sur le front de l’Est?

Vladimir Grebnev / Sputnik
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Avez-vous déjà célébré le Jour de la Victoire en Russie? Si c'est le cas, vous avez peut-être remarqué les cuisines de campagne soviétiques placées dans les lieux de rassemblements et de manifestations festives. Installées en mémoire des événements de la Grande Guerre patriotique de 1941-1945, elles attirent des foules, si bien que toute une file d’attente se forme devant leurs chaudières. L'on y sert pourtant de la simple bouillie, ration des soldats d'antan.

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Les premières cuisines de campagne semblent être arrivées au pays lors de la Campagne de Napoléon - l'une d'entre elles fait d'ailleurs partie de la collection du Musée de la Guerre patriotique de 1812. Cependant, les habitants de l’Empire russe n’ont pas immédiatement adopté cette invention et les cuisines de campagne ne sont apparues dans l’armée russe qu’à la fin du XIXe siècle. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les troupes de chars et de fusiliers motorisés de l’Armée rouge attachaient des remorques spéciales à leurs véhicules, mais l’infanterie et l’artillerie devaient se contenter de cuisines de campagne avec une seule chaudière de type KP-41 et KP-42 tirées souvent par des chevaux. Ce sont elles qui débarquent habituellement dans les rues lors des festivités du 9 mai.

A.Sorokine/MAMM/MDF/russiainphoto.ru
A.Sorokine/MAMM/MDF/russiainphoto.ru

Au front, les repas chauds étaient généralement livrés deux fois par jour – avant l’aube et après le coucher du soleil, afin que la fumée ne révèle pas l’emplacement des unités à l’ennemi. Pendant la journée, les soldats survivaient grâce à des rations sèches et des conserves. La cuisine prenait plusieurs heures et il n'était pas rare que les horaires de service des chefs des unités combattantes de l’armée soient encore plus strictes que celles des soldats réguliers. Il leur arrivait de nourrir leurs camarades en pleins âpres combats (en 1943, les autorités soviétiques ont même approuvé une récompense spéciale, l’insigne « Excellent chef », pour les distinguer).

Alexandre Oustinov/Archives de Ninel Oustinov/russiainphoto.ru
Alexandre Oustinov/Archives de Ninel Oustinov/russiainphoto.ru

Pour les soldats, la cuisine de campagne remplaçait leur foyer domestique - c’est autour d’elle que se concentrait toute la vie d’une unité militaire. Fatigués et épuisés, les soldats recevaient leurs rations et s’asseyaient près des feux pour échanger des nouvelles avec leurs camarades et même chanter des chansons lorsque c’était possible.

Olga Lander / Sputnik
Olga Lander / Sputnik

Le menu des cuisines de campagne était basé sur le vieux proverbe russe : « Chtchi i kacha pichtchia nacha » (« [La soupe] chtchi et la bouillie sont notre nourriture »). Ainsi, le plat le plus courant des soldats soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale était le koulech, une soupe épaisse à base de millet avec du saindoux et des légumes. De plus, les soldats de l’Armée rouge mangeaient du sarrasin avec de la viande, du makalovka (du verbe « makat’ », « tremper » à base de pain trempé dans de la viande mijotée avec des légumes), le pain de Rjev à base de pommes de terre et de son. Quant aux boissons, les chefs soviétiques ont inventé un thé incroyablement délicieux à base de... carottes frites et du chaga.

Sergueï Korchounov/MAMM/MDF/russiainphoto.ru
Sergueï Korchounov/MAMM/MDF/russiainphoto.ru

Si dans les premières années de la guerre l’approvisionnement de l’Armée rouge et le travail des cuisines de campagne laissaient beaucoup à désirer, au fil du temps la situation s’est considérablement améliorée. À la fin de la guerre, les cuisines de campagne soviétiques nourrissaient déjà non seulement leurs propres soldats, mais aussi les habitants affamés des territoires délivrés des nazis.

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