Cinq faits sur Ernst Neïzvestny, l’homme qui a osé s’opposer à Khrouchtchev

Iouri Ivanov / Sputnik
Iouri Ivanov / Sputnik
Le célèbre sculpteur aurait eu 100 ans le 9 avril. Revenons sur les temps forts de l’un des plus éminents artistes de l’ère soviétique.

Outre sur Telegram, Fenêtre sur la Russie diffuse désormais du contenu sur sa page VK! Vidéos, publications dédiées à l’apprentissage du russe et plus encore dans notre communauté

Il a failli être fusillé et a même été pris pour mort

Iouri Ivanov / Sputnik
Iouri Ivanov / Sputnik

À l’âge de 17 ans, cet originaire de Sverdlovsk (aujourd’hui Ekaterinbourg) a été appelé au front de la Seconde Guerre mondiale. Après avoir suivi une formation dans une école de mitrailleurs au Turkestan, il était en chemin vers son lieu d’affectation, lorsqu’il a abattu un officier soviétique qui avait abusé d’une jeune fille. Il devait être fusillé, mais l’on a fini par l’envoyer dans un bataillon disciplinaire.

En avril 1945, juste avant la Victoire, il a été gravement blessé. Par erreur, il a été donné pour mort et un avis de décès a été envoyé à sa famille. Qui plus est, il a été décoré « à titre posthume » de l’ordre de l’Étoile rouge et de la médaille du Courage. Il ne les recevra que 25 ans plus tard.  

Il a osé s’opposer à Nikita Khrouchtchev, puis a conçu sa pierre tombale

Sergueï Smirnov / Sputnik
Sergueï Smirnov / Sputnik

Après la guerre, Ernst a étudié la sculpture à Riga et à Moscou et est devenu dès 1955 membre de l’Union des artistes de l’URSS. En 1962, le leader soviétique Nikita Khrouchtchev s’est rendu à l’exposition des artistes de Moscou, tenue au Manège. Outre les œuvres réalisées dans le style du réalisme socialiste, celles non-conformistes y étaient également exposées. À leur vue, Khrouchtchev est devenu furieux et a proféré des critiques dans les termes les plus durs. Neïzvestny est entré en contradiction avec le secrétaire général, défendant son point de vue sur l’art.

Khrouchtchev a fini par lancer : « Vous êtes une personne intéressante, ce genre de gens me plaisent. Mais à l’intérieur de vous, il y à la fois un ange et un diable. Si c’est le diable qui prend le dessus, nous vous détruirons, si l’ange prend le dessus, nous vous aiderons ».  

Chernov/Andreï Solomonov / Sputnik
Chernov/Andreï Solomonov / Sputnik

Les images de cette rencontre ont fait un tour du monde. Le sculpteur a été exclu de l’Union des artistes et a perdu les commandes. Ironie du sort : après le décès de Khrouchtchev, c’est à lui que l’on a demandé de réaliser la pierre tombale de l’ex-dirigeant.  

Il a réalisé des œuvres d’une ampleur incroyable

Tikhonov / Sputnik
Tikhonov / Sputnik

Pratiquement toutes ses œuvres d’envergure, il les a réalisées de ses propres mains. Ainsi, en 1971, il a composé son bas-relief Émergence de l’Homo sapiens pour la bibliothèque de l’Institut de technologie électronique de Moscou. Il lui a fallu cinq mois pour réaliser cette œuvre de 970 m².

Vladimir Lagrange / Sputnik
Vladimir Lagrange / Sputnik

Pendant les années 1990, il a travaillé sur le projet Triangle de chagrin, monument à la mémoire des répressions à Magadan, Ekateribourg et Vorkouta. Pour le Kouzbass, il a réalisé un monument de granit haut de 7 mètres en hommage aux mineurs morts.  

Fedor Savintsev / TASS
Fedor Savintsev / TASS

En 2004, Moscou a enfin vu émerger L’Arbre de vie, l’œuvre la plus importante de Neïzvestny, sur laquelle il a travaillé 40 ans :  les rubans de Möbius entrelacés recueillent des portraits de personnalités historiques et des symboles religieux. Le sculpteur a dit que l’image du monument lui était venue dans un rêve.

Il a quitté l’URSS pour y retourner pendant la perestroïka  

Armen Ter-Mesropyan / Sputnik
Armen Ter-Mesropyan / Sputnik

En 1976, Neïzvestny a émigré aux États-Unis. Il l’a expliqué ainsi : « En URSS, je pouvais réaliser des choses d’envergure officielles, avoir recours à mes méthodes formelles, mais je ne pouvais pas faire ce que je voulais ». Un an plus tard, le sculpteur s’est installé à New York et à enseigné à l’Université de Columbia. À la fin des années 1980, il est retourné en Russie et a reçu la nationalité russe en 1995.

Lire aussi : Léon Trotski et Frida Kahlo: romance entre un révolutionnaire et l’icône du féminisme

L’on trouve ses œuvres aux quatre coins du monde

Getty Images/ Naum Granovski / TASS
Getty Images/ Naum Granovski / TASS

Sa première œuvre a été installée à l’étranger encore en 1971 : une fleur de lotus grande de 97 mètres « a poussé » près du barrage d’Assouan, en Égypte. Par la suite, ses sculptures ont été installées dans plusieurs pays du monde. Ainsi, son Grand Centaure orne le parc Ariana, près du siège de l’Onu à Genève et son Cœur du Christ est préservé dans les Musées du Vatican.

Dans cette autre publication, découvrez dix artistes soviétiques à découvrir absolument.

<