Vassili, fils de Staline, en sept faits

Vassili, fils de Staline, en sept faits
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Il ne voulait pas correspondre à l’image stéréotypée du «fils du leader». Il est devenu pilote de combat et chef de régiment, et a mérité ses décorations. Cependant, il n’a pas pu gérer son caractère colérique, a été frappé d’une répression, et sa mort est encore aujourd’hui entourée de mystère.

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Vassili Staline, le fils de Joseph Staline et de Nadejda Allilouïeva, a été élevé en orphelinat de ses deux à six ans. Bien sûr, c’était un orphelinat « du Kremlin », pour les enfants des fonctionnaires du Parti, mais les nounous ne pouvaient remplacer les parents. Joseph Staline, comme sa femme, s’occupait peu de sa progéniture. Et lorsqu’en 1932 Nadejda Allilouïeva s’est suicidée, Staline a focalisé toute son attention sur sa fille Svetlana au détriment de Vassili.

Vassili, fils de Staline, en sept faits Nadejda Allilouïeva avec son fils Vassili
Nikolaï Sviсhеchov-Paola/MAMM/MDF/russiainphoto.ru

Ce dernier s’en est souvenu ainsi : « Resté sans mère et n’ayant pas la possibilité d’être élevé sous surveillance constante de mon père, j’ai, en fait, grandi et été élevé au milieu d’hommes (de gardes), qui ne se démarquaient pas par leur moralité et leur retenue. Cela a laissé une marque sur toute ma vie et mon caractère futur. J’ai commencé à fumer et à boire tôt ».

Il a été pilote de combat

À 17 ans, Vassili Staline a intégré une école d’aviation, où il ne montrait pas d’intérêt pour les cours, mais s’est révélé bon pilote en pratique. Il a fini l’école au grade de lieutenant et après avoir servi plusieurs mois comme pilote de chasse, Vassili a rencontré la guerre en tant que pilote-inspecteur. En décembre 1941, il a été promu major, sans pourtant recevoir les grades précédents, passant de lieutenant à major directement. Quelques mois plus tard, il a reçu le grade de colonel, encore une fois « de manière accélérée ».

À partir de juillet 1942, Vassili a combattu sur les fronts de la Seconde Guerre mondiale en dirigeant les pilotes. Le général Sergueï Dolgouchine a témoigné de ses participations aux combats : « Vassili Staline dirigeait le régiment avec soin, il nous écoutait, nous, les pilotes plus expérimentés. […] Dans la période de février – mars 1943 nous avons abattu une dizaine d’avions ennemis. Avec la participation de Vassili – trois ».

Vassili, fils de Staline, en sept faits
Photo d'archive

À la fin de la guerre, la division d’aviation sous la direction de Vassili Staline a participé à la bataille de Berlin. Selon les documents de décorations pour l’ordre de Souvorov de IIe classe (il a été décoré le 11 mai 1945), Vassili Staline « a personnellement effectué 26 vols de combat et a personnellement abattu 2 avions ennemis ».

En 1943, Vassili a été blessé. Mais pas au combat. Un groupe de pilotes avait décidé de pêcher, en assommant les poissons avec leurs obus. Après une explosion ratée, l’un des pilotes est mort, et Vassili Staline a été blessé au talon par un fragment. Il a passé près de six mois à Moscou à se soigner. Joseph Staline, en apprenant cette histoire, a retiré le poste de chef de régiment à Vassili et l’a transféré chez les pilotes-instructeurs. Mais pour six mois seulement.

Il est devenu un important chef militaire après la guerre

Vassili, fils de Staline, en sept faits
Photo d'archive

En période de guerre, Vassili Staline a reçu 2 ordres du Drapeau rouge, l’ordre de Souvorov de IIe classe et l’ordre d’Alexandre Nevski, et en 1946, à 25 ans, est devenu général-major de l’aviation. Ces faits ne laissent aucune place au déni – évidemment, le fils du leader grimpait les grades bien plus vite que les autres chefs militaires. En 1948, il est devenu chef de l’Armée de l’air de la région militaire de Moscou et a commencé sa vie de vedette. Il habitait des appartements à plusieurs chambres avec des colonnes et moulures à l’hôtel Sovetskaïa – № 301, aujourd’hui une plaque commémorative est présente sur ses portes. Serait-ce une coïncidence que le restaurant « Iar » dans le même bâtiment était sous l’ancien régime le lieu de fête principal des grandes fortunes ?  

En tant que chef de l’Armée de l’air de la région militaire de Moscou, Vassili Staline a hérité d’aérodromes détruits par la guerre et d’avions décrépis au combat – et avec eux, la mission de sortir des ruines la défense aérienne de la capitale de l’URSS. Comme a ultérieurement confié le technicien aéronautique Viktor Charkov, sous le commandement de Vassili Staline « les entraînements infinis des pilotes transformaient les nuits du personnel technique, travaillant un jour et demi ou deux de suite, en blanches. […] Les vols n'étaient réglementés par aucun document. Les refus et les dysfonctionnements, le changement des unités, des moteurs, les travaux réglementés étaient effectués jour et nuit ».

Vassili Iossifovitch s’est sérieusement occupé du quotidien des pilotes du front et de leurs familles, en « forçant » la construction d’une ville de pilotes à Touchino et en garantissant l’éducation et de bons salaires pour les officiers. Le pilote Sergueï Kramarenko s’est remémoré : « Presque tout de suite après sa nomination, nous l’avons vu sur nôtre aérodrome, – alors qu’on n’avait jamais vu nôtre ancien commandant en deux ans ! ». Selon lui, « Les pilotes aimaient Vassili Staline. Malgré le fait qu’il était le fils du leader, il avait combattu honnêtement pendant la Seconde Guerre mondiale, avait vécu Stalingrad et était arrivé jusqu’à Berlin, et pour n’importe quel combattant cela veut dire beaucoup ».

Il parrainait des sportifs

En usant de sa position de chef de l’Armée de l’air de la région militaire de Moscou, Vassili Staline est devenu connu en tant que parrain du sport – il a monté des équipes de foot, de hockey et de basket au sein des institutions. L’esprit de ces équipes se transmet bien par les blagues de l’époque : « Les amateurs de foot déchiffraient "BBC" [initiales d’« Armée de l’air » en russe] par "On a pris tous les sportifs" (Взяли Всех Спортсменов) et la "Bande de Vassili Staline" (Ватага Василия Сталина) ».

Vassili, fils de Staline, en sept faits Vassili Staline / Vsevolod Bobrov
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« Sous l’aile » du club sportif de l’Armée de l’air de la région militaire de Moscou et de son parrain, se trouvaient les légendes du hockey Anatoli Tarassov et Vsevolod Bobrov, ce dernier ayant beaucoup échangé avec Vassili. Pour « ses » sportifs, Vassili essayait de n’avoir et de ne présenter que le meilleur, ce qui plus tard lui sera reproché : « a réussi à créer sous l’Armée de l’air de la région militaire de Moscou 8 équipes de sport avec jusqu’à 300 personnes, l’entretien desquels coûtait plus de 5 millions de roubles… Une place privilégiée était créée pour les sportifs de l’Armée de l’air de la région militaire de Moscou, c’étaient les premiers à recevoir des appartements, à recevoir le grade d’officiers, on leur donnait de l’équipement technique aérien et leur confiait de grands moyens pour les récompenser et assouvir leurs autres désirs, ce qui portait atteinte aux intérêts du personnel de l’Armée de l’air de la région militaire de Moscou », peut-on lire dans le dossier judiciaire de Vassili Staline.

Avait pour projet de créer une «Formule-1» soviétique

Vassili, fils de Staline, en sept faits
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Après la guerre, 18 automobiles Auto Union Typ 650, créées en 1940 pour la participation au Grand Prix européen ont été découvertes en Saxe. La « trouvaille » a eu une conséquence avec la participation de Vassili Staline. Le fils du leader a décidé de créer des bolides de course soviétiques – en copiant les voitures Auto Union avec leurs propres ingénieurs. Les spécialistes Auto Union à Zwickau, en Allemagne de l’Est, ont été joints aux ingénieurs soviétiques dans un groupe au nom de code НТБА (Bureau de construction automobile scientifique et technique), qui a développé le bolide soviétique Sokol-650.

En avril 1952, deux Sokol-650 ont été envoyés à Moscou, où Vassili Staline a tout de suite voulu les montrer au championnat de la ville de course auto. Cependant, selon la légende, les techniciens de l’Armée de l’air qui s’occupaient des véhicules ont fait leur plein non pas avec de l’essence, mais avec du carburant d’avion, et ont donc « tué » les moteurs, l'injection et l’allumage. La performance des « flèches d’argent de Vassili Staline » est par conséquent tombée à l’eau. Les bolides ont été retournés en Allemagne, où plus tard, en 1957, ils ont été utilisés comme accessoires pour des tournages de cinéma.  

Il avait un tempérament fou

Vassili, fils de Staline, en sept faits
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« Condition de santé faible. Colérique et irritable, ne sait pas toujours se tenir. Se permet la vulgarité en parlant à ses subordonnés, parfois fait trop confiance aux subordonnés, même au moment où ils ne sont pas préparés et pas aptes à respecter la décision du commandant. Ces défauts de caractère personnel réduisent son autorité de commandant-chef », écrivait en 1947 le général-lieutenant Evgueni Savitski dans une caractéristique sur Vassili Staline.

Pendant la guerre, le régiment sous commandement de Vassili a reçu l’ordre de se relocaliser. Au matin, un des ingénieurs n’a pas eu le temps de ranger son équipement. Le chef du régiment, en l’apprenant, a donné l’ordre commun de se ranger avec la formulation suivante « pour fusiller le capitaine Chiriaïev ». Heureusement, le capitaine a pensé à se cacher dans la forêt. La colère s’est calmée, et il a été « gracié ».

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Nikolaï Efimov, le mécanicien de l’avion sur lequel volait Vassili Staline, a témoigné que ce dernier « buvait beaucoup, mais n’était pas ivre ». C’est avec ce détail éloquent que s’accordent les scandales constants et les actions impulsives. Une rumeur courait à Moscou qu’une nuit, Vassili Staline était arrivé avec une femme en voiture à l’aérodrome de Touchino, et avait voulu l’emmener « faire un tour » d’avion de chasse.

Vassili, fils de Staline, en sept faits Vassili, le fils de Joseph Staline, avec son épouse Ekaterina Timochenko
Sputnik

Le 9 décembre 1950, le chef de la Direction médicale et de soins du Kremlin, le professeur Piotr Egorov, rapportait à Joseph Staline : « Vassili Iossifovitch souffre d’insuffisance du système nerveux, d’une gastroentérite et d’anémie. La cause des maladies décrites est l’abus de consommation d’alcool. Le 16 novembre [...] Vassili Iossifovitch a soudainement… eu une crise d’épilepsie… ».

A été frappé de répression après la mort de son père

Vassili, fils de Staline, en sept faits Vassili et Joseph Staline
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Les problèmes ont atteint Vassili encore du vivant de son père et avec la participation directe même de celui-ci. Le 27 juillet 1952, après la parade de la Flotte aérienne de l’Armée de l’air de la région militaire de Moscou sur l’aérodrome de Touchino, qui était dirigé par Vassili Staline, en présence de Staline senior, il a publiquement insulté le grand chef de l’Armée de l’air de l’URSS Pavel Jigarev – son supérieur direct. Selon la rumeur, Vassili était ivre.

Le père a reproché au fils les faits de mai de la même année après la parade aérienne à Moscou, où en atterrissant, deux nouveaux Il-28 s’étaient crashés. Vassili a été retiré du poste de chef de l’Armée de l’air de la région militaire de Moscou.

Après la mort de Staline, le ministre de la Défense de l’URSS Nikolaï Boulganine, que Vassili Staline avait maltraité et insulté plusieurs fois par le passé, a posé un ultimatum au fils du leader – quitter Moscou en tant que chef d’une autre région militaire. Vassili ne l’a pas supporté – ce n’était pas un poste de son envergure. Alors, il a été d’abord relégué à la réserve sans le droit de porter l’uniforme – et un mois plus tard, il a été arrêté et envoyé dans une prison de Vladimir.

Vassili Staline a été accusé de corruption et de déclarations diffamatoires sur les dirigeants de l’État. Les fonctionnaires ont décidé de rappeler au fils du dirigeant qui faisait la loi – et l’ont donc condamné à 8 ans de détention.

Les circonstances de sa mort restent incertaines

Vassili, fils de Staline, en sept faits Tombe (cénotaphe) de Vassili Staline à Kazan
Igor Alekseïev

Staline était détenu en prison de Vladimir en tant que « Vassili Pavlovitch Vassiliev » et travaillait comme mécanicien et tourneur dans l’atelier de l’établissement. Il n’a pas bénéficié de quelconques conditions spéciales. En prison, sa santé a définitivement empiré. « Est en détention depuis six ans et huit mois. Pendant cette période, est caractérisé positivement par l’administration des lieux de privation de liberté. Actuellement, il a plusieurs maladies sérieuses (maladie du cœur, de l’estomac, des vaisseaux des jambes et d’autres maux) », le décrit une caractéristique datant de 1960.

À la demande de Khrouchtchev en janvier 1960, Vassili a été libéré de prison, a reçu un appartement à Moscou et s’est vu attribuer une retraite personnelle, mais Staline a pratiquement instantanément eu un accident avec le transport diplomatique, et rapidement, pour on ne sait quelle raison, s’est rendu à l’ambassade de Chine – un État, avec lequel les relations étaient assez difficiles encore sous Khrouchtchev. Vassili Staline a été condamné en urgence et renvoyé en prison.

Le 28 avril 1961, il a été libéré après avoir purgé sa peine, mais n’avait plus le droit de retourner à Moscou. Des endroits de vie proposés, Staline a choisi Kazan. Dans cette ville, Vassili (qui n’a reçu son passeport au nom de « Djougachvilli » - le vrai nom de famille de Joseph Staline – qu’au début de 1962) a vécu moins d’un an – il est mort le 19 mars 1962.

Les détails de la mort de Vassili sont inconnus. Les médecins ont rapporté un « abus d’alcool ». Il a soi-disant bu un tonneau de vin entier avec des invités de Géorgie. Beaucoup d’années plus tard, en 1998, la troisième femme de Vassili a affirmé qu’il n’y avait pas eu d’autopsie et a remis en question la version de la mort à cause de la boisson. Vassili Staline a été enterré sans honneurs dans un cimetière à Kazan. Ce n’est qu’en 2002 que ses restes ont été réinhumés à Moscou.

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