Dix proverbes russes sur la nourriture

Kira Lisitskaïa (Photo : freepik.com)
Kira Lisitskaïa (Photo : freepik.com)
La cuisine russe est très variée et presque chacun de ses plats fait l’objet d’un dicton. Le plus souvent, ils parlent de travail et d’hospitalité. Voici les dix plus connus.

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1. L’izba n’est pas belle par ses coins, mais par ses gâteaux. / Не красна изба углами, а красна пирогами.

L’adjectif красный a ici son sens originel : beau et non pas rouge. Le coin dont il est question dans ce dicton est le coin d’apparat (красный угол / coin rouge) où sont regroupées les icônes. Les gâteaux ou chaussons (пироги / piragui) fourrés à la viande (notamment de gibier), au poisson, aux légumes, aux fruits (dont aux baies) sont présents depuis très longtemps sur les tables russes. On emploie ce proverbe pour souligner l’hospitalité des maîtres de maison. 

2. Le pain est la tête de tout. / Хлебвсему голова.

On emploie cette expression pour dire que le pain est l’aliment le plus important de tous. Longtemps, faire pousser du froment ou du seigle, le moudre, préparer la pâte à pain et la faire cuire étaient loin d’être des tâches aisées. Une mauvaise récolte était annonciatrice de famine. Dans la Russie ancienne, le pain accompagnait chaque plat et on en apportait aux jeunes mariés en signe de respect.

3. Celui qui veut manger du pain blanc ne doit pas rester assis sur le poêle. / Хочешь есть калачи, не сиди на печи.

Le pain blanc en question est un калач, un pain dont la forme fait penser à un cadenas. Sa confection répondait à des règles très strictes : il avait un poids standard, sa pâte devait bien lever et il devait être bien cuit. Au XIXe siècle, la boulangerie moscovite des Filippov en fit sa spécialité et devint le fournisseur officiel de la cour impériale. Fabriqués avec de la farine de froment, les kalatchi étaient plus chers que les pains noirs. Ce proverbe faisait comprendre aux paresseux qu’il leur fallait travailler pour s’en payer. 

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4. On ne chante pas l’estomac creux. / Натощак и песня не поется.

En d’autres termes, on n’a envie de rien faire lorsqu’on a le ventre vide : ni chanter, ni danser. Celui qui a bien mangé peut bien travailler et bien se reposer.

5. Celui qui plante bien est rassasié. / Как потопаешь, так и полопаешь.

En français : bon champ semé, bon blé rapporte. Ce qu’on a à manger dépend de son travail. On emploie aujourd’hui ce proverbe avec un sens dérivé : le résultat dépend des efforts consentis pour l’obtenir.

6. Avoir passé la journée en cuisine et n’avoir rien à manger. / Стряпает день до вечера, а поесть нечего.

C’est ce que l’on peut dire d’une ou à une mauvaise maîtresse de maison. Au sens figuré, ce proverbe s’applique à ceux qui passent leur temps à ne rien faire et négligent ce qui est important. 

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7. Le chtchi et la bouillie sont notre nourriture. / Щи да кашапища наша.

Les plats que pouvaient se permettre les paysans étaient simples et tenaient au corps : ils mangeaient essentiellement des bouillies faites avec différentes céréales et des soupes de légumes. Quand ils en avaient les moyens, ils réservaient la viande, qui était très chère, pour les jours de fête. 

8. Sans sel, ni pain, guère de conversation. / Без соли, без хлебахудая беседа.

Un plat sans sel est fade, un repas sans pain n’est pas consistant. C’est ce que l’on peut reprocher à un hôte peu hospitalier. La tradition veut qu’on accueille ses invités avec convivialité et qu’on les rassasie. Sans preuve de respect et d’amitié à leur égard, il n’y a rien à attendre des autres. Ce proverbe signifie que personne n’apprécie les conversations creuses et sans chaleur.

9. Le repu ne comprend pas l’affamé. / Сытый голодного не разумеет.

Celui qui a tout ne peut comprendre celui qui est dans le besoin. On peut aussi utiliser ce proverbe pour signifier qu’on ne peut évaluer les difficultés auxquelles autrui est confronté tant qu’on ne les a pas éprouvées soi-même. 

10. N’ouvre pas la bouche devant le pain d’autrui, lève-toi plus tôt et gagne ton pain./ На чужой каравай рот не разевай, а пораньше вставай да свой наживай.

Aide-toi et le ciel t’aidera ! Envier la réussite d’autrui et rester les bras croisés ne sert à rien.

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