Pourquoi l’archiprêtre Avvakoum a-t-il été brûlé vif?

Piotr Miassoïedov
Piotr Miassoïedov
En avril 1682, la ville arctique de Poustozersk a frémi. Les flammes rugissaient dans une cabane en bois: des langues de feu dévoraient la figure sèche d’Avvakoum et de trois de ses disciples. C’est ainsi, selon les documents d’enquête de l’époque, qu’a été exécuté ce prêtre rebelle qui ne craignait pas de s’opposer à l’Église et au tsar.

Outre sur Telegram, Fenêtre sur la Russie diffuse désormais du contenu sur sa page VK! Vidéos, publications dédiées à l’apprentissage du russe et plus encore dans notre communauté

Avvakoum s’est toujours distingué par ses positions strictes. En 1648, il s’est installé à Moscou, où il est devenu membre du cercle des zélateurs de la piété. L’archiprêtre était favorable à la correction des livres d’Église selon les canons de l’ancienne Russie et à l’application des règles d’autrefois. Par exemple, il croyait que l’on devait être baptisé avec deux doigts, rappelant symboliquement la nature du Christ – l’homme et Dieu.

Or, en 1652, le patriarche Nikon a procédé à une réforme de l’Église : les orthodoxes devaient désormais être baptisés avec trois doigts, conformément au nombre d’hypostases de la Sainte Trinité – le Père, le Fils et le Saint-Esprit. D’autres rites et textes ecclésiastiques ont également été modifiés. Ceux qui rejetaient ces innovations étaient reconnus comme hérétiques. Avvakoum et ses partisans ont ainsi été mis hors la loi. Il n’a toutefois pas changé ses convictions et a continué à critiquer Nikon jusqu’à ce qu’en 1666, il soit défroqué et envoyé à Poustozersk.

Domaine public La boyarine Morozova rend visite à Avvakoum
Domaine public

En tant que criminel notoire, Avvakoum a été enfermé dans une fosse en terre. Un froid infernal en hiver, une chaleur étouffante en été, de l’eau jusqu’aux genoux au printemps : c’est dans ces conditions que l’archiprêtre a alors passé 15 ans. C’est en prison qu’il a écrit son hagiographie : ces feuillets constituent la première autobiographie de la littérature russe. Il n’a cependant en réalité pas renoncé à ses convictions, bien que le tsar Alexis Ier et son héritier Fiodor le lui aient demandé.

Dans cet autre article, découvrez pourquoi Saltytchikha est la femme la plus cruelle de l’histoire de Russie.

 
<