Comment Léon Tolstoï contribua à l’installation des Doukhobors au Canada

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Les Doukhobors sont une secte chrétienne née en Russie au XVIIIᵉ siècle. On attribue à l’archevêque d’Ekaterinoslav, Ambroise, l’usage pour la première fois de ce nom, destiné à stigmatiser leur opposition au Saint-Esprit. Mais les Doukhobors apprécièrent ce surnom et commencèrent à s’identifier ainsi. Leur doctrine rejetait les attributs extérieurs de la foi : église, croix, icônes, ainsi que la médiation des prêtres entre Dieu et les hommes. Ils niaient aussi la nature divine du Christ. Selon eux, la Vierge Marie n’avait pas donné naissance à un homme-Dieu, mais à un homme ordinaire, en qui Dieu le Fils serait ensuite descendu.

En 1801, l’empereur Alexandre Ier les fit déplacer vers la région de la mer d’Azov, loin des orthodoxes. Quarante ans plus tard, son successeur Nicolas Ier les envoya en Géorgie. Dans les années 1890, l’un de leurs chefs, Piotr Veriguine, découvrit les écrits de Tolstoï lors de ses travaux forcés. Il fut frappé par la proximité de leurs convictions et appela ses disciples à refuser les armes, le service militaire et le serment d’allégeance à Nicolas II. Les Doukhobors déjà enrôlés brûlèrent alors leurs fusils.

Manifestation nue des Doukhobors contre le service militaire en 1895

La répression ne tarda pas : certains furent fouettés à mort, d’autres emprisonnés, d’autres encore persécutés. Tolstoï et plusieurs personnes de son entourage signèrent un appel en leur faveur, ce qui attira l’attention internationale. Le gouvernement canadien se déclara alors prêt à les accueillir. Mais la réinstallation de milliers de personnes fut un projet onéreux.

Tolstoï, qui avait décidé de ne plus percevoir de droits d’auteur, revint sur sa décision et se mit à écrire un nouveau roman, Résurrection. Avant même son achèvement, l’éditeur Adolf Marx lui versa la somme impressionnante de 22 000 roubles. Grâce à cet effort, environ 7 500 Doukhobors purent émigrer vers l’Ouest canadien. Le fils aîné de l’écrivain, Sergueï, participa activement à cette réinstallation.

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