Comment la culture russe a influencé la Chine
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À propos de la vie quotidienne et de moi-même
J’ai un chat qui s’appelle Micha [diminutif du prénom russe Mikhaïl]. Ma femme est également russiste, elle travaille actuellement comme directrice de l’Institut des langues étrangères de l’Université du peuple. Tous nos amis russistes et les étudiants de ma femme connaissent Micha et demandent souvent comment il va.
Dans chaque famille de russiste, il y a une matriochka, et dans certaines, même des icônes. Vous trouverez toujours de la vaisselle russe dans ces familles, et les femmes russistes adorent les foulards. Dans la rue, l’on reconnaît immédiatement un foulard comme étant un objet russe.
Au siècle dernier, tout ce que les Chinois avaient d’exotique venait uniquement de l’Union soviétique ; ils ne savaient pas encore comment les gens vivaient en Occident. Et si quelqu’un partait à l’étranger, l’on comprenait immédiatement qu’il se rendait en URSS.
Influence culturelle
Bien que notre culture soit très ancienne, elle a également imité l’Inde à une certaine époque. Elle y a emprunté le bouddhisme, c’est-à-dire que l’influence s’est exercée à travers la religion.
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Les relations entre la Chine et la Russie, la diffusion de la culture soviétique, c’est-à-dire le socialisme, ont exercé une influence à travers la politique. Tout a commencé avec l’organisation du « Mouvement du 4 mai » en 1919. Ce fut le début d’une nouvelle culture chinoise. Bien sûr, ce n’est pas seulement l’influence russe qui s’est manifestée ici, mais aussi l’influence française et allemande. C’est un mouvement culturel très important. Actuellement, en Chine, nous discutons de ses causes. Nous avons remarqué qu’il y avait trois ressources principales : le marxisme allemand, les Lumières françaises et la littérature russe.
Les classiques russes
Tchékhov est mon écrivain russe préféré. Je ne l’ai pas traduit, il y a un très bon traducteur en Chine, pour lequel j’ai écrit une longue préface. J’ai également publié dans le journal Le Quotidien du peuple un article intitulé Le bon Tchékhov, dans lequel j’ai parlé de sa vision du monde, de la façon dont il a financé la construction d’un hôpital et d’une bibliothèque. Tchékhov n’a pas de positions extrêmes, comme la plupart des Russes – il se situe toujours quelque part entre les deux. L’ironie est sa façon de décrire le monde.
Les auteurs russes les plus populaires en Chine sont Pouchkine, Tchékhov, Tolstoï et Dostoïevski. Ce dernier est aujourd’hui en tête.
La comédie musicale Anna Karénine
En Chine, presque aucun film ou série occidentale n’est diffusé, mais presque toutes les monographies des russistes occidentaux ont été traduites. J’ai traduit le scénario de la comédie musicale Anna Karénine en chinois. Elle est très populaire en Chine. La comédie musicale est actuellement le genre artistique le plus en vogue en Chine auprès de la jeune génération. Anna Karénine est si populaire qu’elle a été jouée par deux troupes à la fois en Chine : une troupe russe et une troupe chinoise. Lorsque les Chinois jouaient, ils chantaient ma traduction. Lorsque les Russes jouaient, ils chantaient en russe et ma traduction était affichée à l’écran.
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Tolstoï et le féminisme
Lorsque j’étais à l’université, le roman Anna Karénine me semblait être une tragédie familiale. Tolstoï nous a toutefois montré sa racine : une société injuste. Pourtant, toutes mes collègues femmes, par exemple, n’aiment pas Anna Karénine. En revanche, il semble que tous les slavistes détestent le roman Résurrection (rires). Bien que je sois le traducteur du roman Résurrection. Après la propagation du féminisme dans le monde, Tolstoï est devenu la cible d’attaques.
Or, en Chine, le féminisme n’est pas aussi influent. Il me semble que les spectateurs chinois s’intéressent principalement à la beauté de l’intrigue et de l’héroïne principale.
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