Cinq œuvres majeures de Tchékhov à lire à tout prix

Cinq œuvres majeures de Tchékhov à lire à tout prix
Kira Lissitskaïa (Photo: Stolbovsky (CC BY-SA 3.0); Alexandre Gladstein/Sputnik; domaine public)
S’il n’a pas écrit de grands romans, il a rédigé plus de 500 nouvelles et 17 pièces de théâtre qui sont toujours jouées dans le monde entier. Alors qu’en ce 29 janvier 2025, nous célébrons les 165 ans de sa naissance, quelles sont celles qu’il faut absolument connaître?

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L’Homme à l’étui

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Issidor Annenski/Sovietskaïa Belarouss', 1939

Maxime Gorki écrivait à Tchékhov : « Après la plus insignifiante de vos histoires, tout semble grossier, écrit non pas avec une plume, mais avec une bûche ». En effet, toute histoire de Tchékhov, en termes de profondeur et de caractéristiques artistiques, n’a rien à envier aux grands romans d’autres écrivains. Et rares sont ceux qui ont pu écrire avec autant de subtilité au sujet de choses simples.

Les nouvelles de Tchékhov sont si nombreuses qu’elles peuvent facilement être lues à la suite les unes des autres, comme des graines. L’une des plus révélatrices est L’Homme à l’étui. Courte mais volumineuse, elle fait penser à une parabole.

Tchékhov y montre un homme solitaire qui cherche à se cacher du monde dans sa propre « coquille » : après avoir vécu une vie vide de sens, il meurt, oublié de tous.

Le titre de cette œuvre (en russe, Человек в футляре, tchilavièk v foutliarié, personne dans un étui) est d’ailleurs devenu une expression nominale à connotation négative – c’est ainsi que l’on parle des individus qui ont peur de s’ouvrir au monde et qui passent à côté de nombreuses opportunités.

Douchetchka

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Sergueï Kolossov/Mosfilm, 1966

La protagoniste de l’histoire, Olga, était si douce que tout le monde l’appelait douchetchka (que l’on pourrait traduire comme « petit cœur »). Elle se dissolvait complètement dans les affaires et les préoccupations de ses maris : d’abord un entrepreneur de théâtre, puis un directeur d’entrepôt forestier, puis un vétérinaire... Non seulement elle s’intéressait à leur emploi, mais elle devenait une assistante compétente, et même son vocabulaire changeait en fonction des intérêts de son mari.

Léon Tolstoï s’est montré enchanté par l’histoire et l’héroïne. Pour lui, il s’agissait de l’idéal de la femme. Or, Tchékhov, lui, avec un apparent détachement, ne glorifie ici aucunement une telle personnalité.

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Les Trois soeurs

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Sputnik

« Beaucoup de discussions, peu d’action », c’est ainsi que Tchékhov a lui-même décrit sa pièce. Elle n’a, il est vrai, pratiquement pas d’intrigue, mais malgré la mélancolie et l’inaction apparente des personnages, elle s’avère encore jouée dans de nombreux théâtres.

Trois sœurs et leur frère vivent dans une ville de province. Leur père est mort il y a un an et ils réfléchissent maintenant à la suite de leur vie. L’aînée, Olga, est institutrice, la deuxième, Maria, est malheureuse en ménage et la dernière ne trouve ni homme ni métier à son goût. Ces jeunes filles intelligentes mènent une vie plutôt vide et inutile, se contentant de rêver et de faire des projets qui ne sont pas destinés à se réaliser.

La Cerisaie

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Mikhaïl Ozerski/Sputnik

Il s’agit sans aucun doute de la pièce la plus importante de Tchékhov, qui porte un jugement sur la noblesse en tant que classe ayant fait son temps et n’étant plus adaptée à la « nouvelle » vie.

La noble Lioubov Ranevskaïa a dépensé toute sa fortune en France. Il ne lui reste qu’un domaine avec un magnifique verger de cerisiers. Or, le domaine est sur le point d’être vendu aux enchères pour dettes. Ermolaï Lopakhine, petit-fils des serfs qui servaient la famille de Ranevskaïa et aujourd’hui riche marchand, propose de diviser les terres et de louer de petites parcelles pour gagner de l’argent et rembourser les dettes.

Ranevskaïa ignore son idée et il finit par acheter lui-même le domaine où son grand-père était encore serf. La pièce se termine par le bruit des haches qui coupent les cerisiers.

La première de La Cerisaie a eu lieu au Théâtre d’art de Moscou, et le légendaire metteur en scène Constantin Stanislavski a évoqué la signification de la pièce : « Le verger n’apporte pas de revenus, il garde en lui et dans sa blancheur florissante la poésie de l’ancienne vie seigneuriale. Un tel jardin pousse et fleurit pour la fantaisie, pour les yeux d’esthètes gâtés. Il est dommage de le détruire, mais c’est nécessaire, car le processus de développement économique du pays l’exige ».

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L’Île de Sakhaline

Cinq œuvres majeures de Tchékhov à lire à tout prix Photographie de prisonniers sur Sakhaline issue des notes de Tchekhov
Domaine public

En 1890, Tchékhov, en mauvaise santé, entreprend un voyage impensable pour l’époque : il se rend sur l’île de Sakhaline, en Extrême-Orient. Le voyage a duré deux mois et demi et a traversé la Sibérie. D’ordinaire, seuls les condamnés exilés dans cette lointaine contrée au rude climat s’y rendaient.

Pendant environ trois mois, Tchékhov a vécu sur l’île et a étudié sa vie, en particulier celle de ces malheureux condamnés à vie.

Avec la précision documentaire et la sécheresse de style qui le caractérisent, il décrit les châtiments corporels et le dur labeur des enfants. Ce livre de notes de voyage contient également des données statistiques, que l’auteur a compilées avec la minutie d’un médecin, profession qui était d’ailleurs initialement la sienne.

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