
Cinq raisons de lire ou relire Cœur de Chien de Mikhaïl Boulgakov

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L’un des textes les plus drôles et spirituels de son auteur
S’il est difficile de trouver des œuvres en langue russe plus caustiques que Les Douze Chaises et Le Veau d’Or d’Ilia Ilf et Evgueni Petrov, Cœur de Chien est certainement plus mordante que Le Revizor de Nicolas Gogol, les récits de Mikhaïl Saltykov-Chtchedrine et certaines nouvelles d’Anton Tchekhov. Seules peut-être les œuvres de Mikhaïl Zochtchenko le sont autant.

Témoignage historique sur l’URSS naissante
Telle un feuilleton, cette nouvelle décrit méticuleusement la Russie soviétique de 1925. D’abord, le changement de régime politique. Même s’il les caricature, Mikhaïl Boulgakov fait le portrait fidèle de bolcheviks engoncés dans leurs vestes de cuir, chantant des chansons encourageant à l’action, organisant des discussions et espérant le triomphe de la Révolution mondiale. Ensuite, le professeur Preobrajenski, un ponte de la médecine, opère un chien non pas dans le but de le transformer en humain, mais pour réaliser une expérience sur le rajeunissement. Allonger la vie, en général, et la jeunesse, en particulier, était le domaine d’études de nombreux médecins de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Enfin, l’auteur témoigne avec précision des réalités quotidiennes dans la jeune URSS : par exemple, la nouvelle politique économique (NEP) et les appartements communautaires.

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Un recueil de citations que toute personne cultivée connaît par cœur
Dans chaque langue, il existe des expressions dont toute personne érudite dit sans difficulté aucune de quelles œuvres elles sont extraites. De nombreuses répliques de Cœur de Chien sont depuis longtemps passées dans le langage commun. Par exemple : « Ne lisez pas de journaux soviétiques avant le déjeuner ! », « le délabrement n’est pas dans les toilettes mais dans les esprits ! », « Seuls les propriétaires terriens que les Bolchéviques n’ont pas encore égorgés mangent de la soupe et des entrées froides. Un homme qui se respecte un tant soit peu manipule des plats chauds » ou bien encore « Ne commettez jamais de crime, envers qui que ce soit. Vivez les mains propres jusqu’à votre vieillesse » sont les plus connues parmi plusieurs dizaines d’autres.

Réfléchir à la définition de l’humanité
Après avoir subi une opération pratiquée par le professeur Preobrajenski, le chien Charik (Boule) s’est transformé en un homme à qui on a donné le nom de Poligrafe Poligrafovitch Charikov. Mais, avoir l’apparence d’un citoyen de la jeune société soviétique n’en fait pas un humain. Charikov est mesquin, cupide, perfide, impulsif et hargneux. Il est alcoolique et enclin à enfreindre la loi. Alors que le chien Charik – on le sait par des monologues intérieurs – était doux, bon, intelligent et perspicace. La bête était donc bien meilleure que l’homme en lequel les médecins l’ont transformée.

Une œuvre qui n’a rien perdu de son actualité
Cette satire de la société soviétique en formation aborde des thèmes universels et intemporels : la jeunesse éternelle (ou allongée), les limites de l’ingérence humaine dans la nature, l’essence de l’humanité, l’éducation, la bêtise, l’abus de pouvoir. Les temps changent et les saillies de Mikhaïl Boulgakov font toujours mouche.

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