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Que les grands auteurs de la littérature russe pensaient-ils de la paresse?
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« L’homme russe a un ennemi, un ennemi implacable et dangereux. Sans lui, il serait un titan. Cet ennemi, c’est la paresse ou, plus exactement, un assoupissement douloureux auquel succombe l’homme russe. Combien d’idées n’avons-nous pas réalisées et avons-nous laissé disparaître sans qu’elles n’aient été fructueuses ? Gardez toujours à l’esprit que nous serons là-bas redevables de la moindre minute vécue en vain. Mieux vaut ne pas venir au monde plutôt que de blêmir en entendant ce terrible reproche », écrivait en 1841 Nicolas Gogol à Constantin Aksakov, l’un des chefs de file du mouvement slavophile.
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Plus sévère encore, Léon Tolstoï notait dans son journal en 1855 : « Il y a des défauts absolus : la paresse, le mensonge, l’irascibilité, l’égoïsme, qui sont toujours des défauts. »
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L’art de ne rien faire
Toujours dans son journal, Léon Tolstoï écrivait : « 9 janvier 1854. 1) Me suis levé tard. 2) Me suis emporté contre Aliochka. 3) Ai paressé. 4) Ai été négligé. 5) Me suis senti triste (...) 5 juillet 1855. Faits : paresse, paresse, paresse. (...) 12 juillet 1855. Je n’ai rien écrit de toute la journée, j’ai lu Balzac et me suis occupé de la nouvelle boîte. 1) Paresse, 2) Paresse, 3) Paresse. »
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Dans une lettre écrite de Paris en février 1862 à son ami Ivan Borissov, Ivan Tourguéniev se faisait le reproche suivant : « Ma santé est bonne, mais je ne fais absolument rien. C’est au-delà de la paresse. C’est un engourdissement semblable à celui des "apparitions aux ailes blanches" qui "s’assoupissent dans la pénombre" » (Ivan Tourguéniev cite ici le poète Fiodor Tiouttchev).
Le travail n’est pas un loup, il ne retournera pas en forêt
Même lorsqu’ils étaient pressés par le temps... et leurs éditeurs, les écrivains russes ne se ruaient pas nécessairement à leur travail de composition. « Je n’ai plus d’argent et je ne suis pas d’humeur à travailler. Envoyez-moi de l’argent pour que je ne meurs pas de faim. Je tiendrai ma parole : je ne ferai rien jusqu’à la fin du mois de mai et je me remettrai au travail le 1er juin », écrivait le 27 mai 1886 Anton Tchékhov à son l’éditeur Nikolaï Leïkine.
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En octobre 1874, Ivan Tourguéniev avouait de Paris à la baronne Ioulia Vrevskaïa : « Je ne me suis pas encore remis au travail et ne m’y remettrai visiblement pas. J’ai bien quelque idée qui me tourne dans la tête, mais je suis en proie à la paresse... paresse... paresse ! ».
Le poète Alexandre Blok tentait en vain de dominer son apathie et constatait : « Hier, cette nuit, ce matin... j’ai honte de moi, de ma paresse et de mon ignorance. Entre autres. Il n’est pas encore trop tard pour apprendre des langues étrangères. »
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En juin 1917, dans une lettre écrite de Pétrograd à sa première femme Ekatérina Pechkova, Maxime Gorki se plaignait : « Je suis d’une humeur détestable et, en plus, je me sens physiquement mal. Je n’ai aucune envie de travailler. De toute façon, je n’ai envie de rien faire. Je souffre d’une espèce d’apathie tout à fait inhabituelle pour moi. »
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Léon Tolstoï était content d’avoir trouvé une justification à sa paresse : « Je me suis mis au travail dès ce matin et je n’ai rien fait. Je me suis réjouis quand Gortchakov est venu me déranger ».
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Géographie de la paresse
Les écrivains russes qui en souffraient pouvaient être victimes de leur paresse en ville, à la campagne, à l’étranger.
« Je pensais me mettre à écrire à mon arrivée à la campagne. Eh bien, non ! Maux de tête, affaires domestiques à régler et, Dieu m’en est témoin, la paresse des maîtres, la paresse des propriétaires terriens se sont abattues sur moi. », se plaignait Alexandre Pouchkine à l’écrivain Vladimir Odoïevski de sa propriété de Boldino, où il se trouvait à la fin du mois d’octobre 1833.
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Nicolas Gogol ne pouvait se résoudre à aller faire la moindre promenade. Quitte à ne rien faire, autant rester chez soi : « Alentour, les parcours de promenade ne manquent pas. Bien au contraire. Mais, je suis en proie à une telle paresse que je ne peux pas me forcer à les emprunter. À chaque fois que je décide de me lever plus tôt que d’habitude, je fais presque toujours la grasse matinée », écrivait-il à a mère de Baden-Baden en août 1836.
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Et même quand on se mettait en route, cela ne signifiait pas qu’on faisait tout ce qu’on avait prévu : « Vous vous déplacez peu et ne savez donc pas ce qu’est la paresse du voyage. Il arrive que vous ayez promis à quelqu’un de lui rendre visite, que vous lui ayez juré de venir. Mais voilà, vous arrivez à la gare... il fait nuit, la chaleur est étouffante, la paresse vous prend... vous oubliez votre promesse et rentrez chez vous », expliquait Anton Tchékhov à l’écrivain Kazimir Barantsévitch en avril 1888.
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