Quelles sont les pires difficultés du russe pour ses locuteurs natifs?

Deagreez / Getty Images
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Toute langue présente des difficultés et, avant tout, pour ses locuteurs natifs. Sur quoi butent souvent ceux qui ont pour langue maternelle celle de Pouchkine?

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Accentuation

Beaucoup de non-locuteurs natifs du russe qui apprennent cette langue disent que mémoriser la place des accents est la chose la plus difficile pour eux. Dans certains cas, l’accentuation pose des problèmes aux locuteurs natifs eux-mêmes. En particulier, dans les cas où l’accent d’un mot – substantif et verbe – est mobile.

Comme il l’a raconté au portail Грамота.ру, Mikhail Chtoudiner, maître de conférence à la chaire de stylistique de la langue russe de la faculté de journalisme de l’Université d’Etat de Moscou et auteur du Dictionnaire des Difficultés de la Langue Russe, reçoit souvent des appels de journalistes, parfois même 5-10 minutes avant qu’ils ne prennent l’antenne. La plupart de leurs questions concernent l’accentuation.

« Il y a très longtemps, un de mes étudiants m’a demandé avant un direct quel était l’accent correct : плыло или плыло [passé neutre du verbe imperfectif déterminé плыть – ndlr]. Je lui ai immédiatement répondu плы́ло. J’ai mon propre moyen de vérifier l’accent des verbes conjugués au passé à la forme du neutre : dans l’écrasante majorité des cas, l’accent de la forme du neutre frappe la même syllabe que celui de la forme du pluriel : плыло - плыли ».

Les locuteurs natifs hésitent aussi souvent quand ils doivent prononcer un mot emprunté à une langue étrangère. Dans la plupart des cas, il ne faut pas toucher à la place de l’accent. Mais, lorsque les mots sont entrés il y a longtemps dans la langue russe, il s’est imposé une façon de les prononcer. Dans ce cas, elle est devenue normative.

Numéraux

« Une erreur très fréquente, que commettent même les journalistes de grandes stations de radio, est celle des déclinaisons des numéraux. Par exemple, au lieu d’employer la forme correcte : нет восьмисот (рублей), ils disent : нет восьмиста (рублей) ».

Les déclinaisons des numéraux cardinaux composés posent encore plus de difficultés dans la mesure où il faut décliner tous les éléments. Ainsi, il faut dire : В девяноста одном экземпляре et non simplifier en В девяносто одном экземпляре, comme beaucoup de locuteurs natifs le font aujourd’hui.

Le cas des numéraux ordinaux est différent. Par exemple, l’an 2000 se dit двухтысячный год et l’année 2002, две тысячи второй год. Seul le dernier numéral est ici ordinal. Il est le seul à se décliner : en 2002 se dit в две тысячи втором году.

Количественное числительное "полтора" часто вводит в ступор: "Мне нужно полторы минуты" форма винительного падежа, а вот в родительном падеже будет "Мне не хватило полутора минут". (Кстати, ударение тут тоже плавает: полторы́, но полу́тора).

Количественное числительное "полтора" часто вводит в ступор: "Мне нужно полторы минуты" форма винительного падежа, а вот в родительном падеже будет "Мне не хватило полутора минут". (Кстати, ударение тут тоже плавает: полторы́, но полу́тора).

La déclinaison du numéral cardinal qui signifie un(e) et demi(e) : полтора (masculin et neutre) / полторы (féminin) déroute plus d’un locuteur natif du russe. Aux cas directs (nominatif et accusatif), ses formes sont différentes et elles régissent le génitif singulier : Мне нужно полторы минуты/Il me faut une minute et demie. Dans cette construction impersonnelle (мне нужно...), le complément qui exprime ce dont le sujet logique au datif à besoin est à l’accusatif. Полторы est donc ici à l’accusatif.

Aux cas obliques (génitif, datif, instrumental et locatif), il n’existe qu’une seule forme pour les trois genres et les quatre cas : полутора. Les formes du génitif (le cas exigé dans les constructions à la forme négative), datif, instrumental et locatif du numéral régissent respectivement le génitif, datif, instrumental et locatif pluriel : Мне не хватило полутора минут/Il m’a manqué une minute et demie

Genre de certains substantifs

L’un des exemples les plus connus est кофе / café (boisson). Selon la norme littéraire, ce substantif est masculin. Il a été emprunté à l’anglais coffee ou au flamand koffie sous la forme кофей (кофий). Comme tous les noms communs se terminant au nominatif singulier par la semi-consonne -й, il est masculin. Avec le temps, il a perdu cette semi-consonne mais est resté masculin. Dans les milieux populaires, sa terminaison en -e l’a rapidement fait passer pour un substantif neutre, forme qui est aujourd’hui officiellement admise. Mikhail Chtoudiner estime que, tôt ou tard, кофе ne sera plus que neutre. C’est un sort qu’ont déjà connu et connaîtront de nombreux substantifs désignant des êtres inanimés.

« Il est intéressant de constater qu’au début du XXe siècle on hésitait sur le genre du mot такси / taxi. Il est employé au masculin (такси приeхал) ou au féminin (моя такси). Comme nous le savons, ce substantif est aujourd’hui neutre ».

Accords

Lorsqu’un adjectif épithète qualifie plusieurs substantifs de genre et, éventuellement, de nombre différent, la norme littéraire admet qu’on accorde l’adjectif en genre et en nombre uniquement avec le nom commun qu’il le suit immédiatement.

« Un jour, à l’époque de l’URSS, l’adjoint d’un ministre de la Culture nous a appelés et nous a demandé : "Il y a un magazine qui s’appelle Совeтская эстрaда и цирк. Tout le monde dit qu’il y a une faute dans le titre. C’est vrai ?" »

En fait, l’adjoint du ministre pensait que seule эстрáда (la scène musicale) était soviétique et pas le цирк (cirque). Il voulait accorder l’adjectif совeтский au pluriel : совeтские.

Mikhail Chtoudiner a rassuré le fonctionnaire en lui disant que le cirque aussi était soviétique et lui a cité Ivan Tourguéniev : Дикий гусь и утка прилетели первыми. / Une oie et un canard sauvages sont arrivés les premiers.

Dans cette autre publication, découvrez les cinq principales difficultés de la langue russe selon les étrangers.

 
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