Comment se déroulaient les fêtes du Nouvel An pour enfants à l’époque soviétique?

Mikhaïl Ozerski / Sputnik
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Eлки (iolki)/les sapins, c’est ainsi que l’on appelle depuis le milieu des années 1930 les fêtes organisées pour les enfants à l’occasion du Nouvel An. Pendant une trentaine d’années après leur création, ces représentations scénarisées servaient non seulement à divertir les enfants, mais aussi à leur raconter certains épisodes de l’histoire soviétique.

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« Et si nous organisions une belle fête pour les enfants autour d’un sapin au Nouvel An ? » La tradition des représentations festives pour les plus petits des Soviétiques à l’occasion du passage à la nouvelle année remonte à cette idée de Pavel Postychev, membre suppléant du Politburo du Comité central du Parti communiste. En 1935, le quotidien Pravda publia l’article dans lequel il motivait cette proposition dont il disait qu’elle n’avait rien à voir avec des vestiges de l’ordre bourgeois. Elle fut acceptée et, quelques jours plus tard, l’organisation de ёлки commençait dans tout le pays. 

Fêtes animées par des soldats de l’Armée rouge

E.N. Evzerikhine/Musée de Moscou
E.N. Evzerikhine/Musée de Moscou

Un an plus tard se tint la première fête du Nouvel An pour enfants dite du Kremlin (кремлёвская ёлка), même si elle eut lieu à quelques centaines de mètres de là, à la Maison des Soviets. Les invités en étaient les écoliers les plus brillants. Lorsqu’ils entrèrent dans la salle des festivités, ils virent un sapin aux branches duquel étaient accrochés des cadeaux en forme de dirigeables, de voitures, de pionniers. Au sommet de l’arbre scintillait une étoile de verre rouge. Ce ne fut pas saint Nicolas qui leur souhaita la bonne année mais le Père Gel, le magicien de l’hiver.

Ivan Chaguine/Collection de S. Chaguina
Ivan Chaguine/Collection de S. Chaguina

Année après année, le succès de ces spectacles ne se démentit pas, même si leurs scénarios étaient beaucoup plus sérieux que ceux d’aujourd’hui. Ils incluaient obligatoirement des récits sur la prise du palais d’Hiver en octobre 1917, la guerre civile, les expéditions soviétiques dans l’Arctique, le tout agrémenté de citations de grandes figures du mouvement communiste. La traditionnelle phrase « раз-два-три, елочка, гори ! » (1, 2, 3, sapin, allume-toi !) était dite au son d’une salve tirée par une maquette du croiseur Aurore.

Anatoli Garanine / Sputnik
Anatoli Garanine / Sputnik

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Le spectacle ne se limitait pas à ces récits historiques. Par exemple, en 1945, les enfants assistèrent à un concert donné par des lièvres qui jouaient de carottes. Ils purent faire des tours de manège et de grand roue. 

De la Maison des Soviets au Kremlin

Les spectacles du Nouvel An pour enfants sont organisés dans les murs du Kremlin depuis 1954, l’année qui suivit celle de la mort de Joseph Staline. L’écriture du scénario fut alors confiée aux écrivains Sergueï Mikhalkov (l’auteur des paroles de l’hymne soviétique) et Lev Kassil. Les héros de contes de fée partageaient la scène avec d’autres personnages : des soldats de l’Armée rouge et des ouvriers récompensés pour leurs résultats.

Dmitri Tchernov / Sputnik
Dmitri Tchernov / Sputnik

Les représentations commençaient dans la Grande Salle du Kremlin. Les enfants étaient ensuite invités à passer dans la salle Saint-Georges où se trouvait le sapin richement décoré. Des artistes de l’ensemble d’Igor Moïsseïev se produisaient avant que le Père Gel ne vienne souhaiter une bonne année aux enfants. Ils pouvaient ensuite jouer, participer à des concours et assister à des numéros de cirque. Les parents avaient aussi droit à leur programme : on leur proposait de visiter les églises du Kremlin et le Palais des Armures. Les festivités se terminaient par la distribution de confiseries. 

David Cholomovitch / Sputnik
David Cholomovitch / Sputnik

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Véritable esprit du Nouvel An

À partir du milieu des années 1960, on cessa de raconter l’histoire et les réalisations soviétiques. L’écrivain Edouard Ouspenski, qui à cette époque travaillait sur le scénario d’une de ces séries de spectacles, se souvenait que son co-auteur et lui avaient été sermonnés pour leur manque de sérieux. L’amour des contes fut plus fort que l’intérêt pour les avancées en chimie et en botanique, par exemple. Depuis maintenant une cinquantaine d’années, la magie du Nouvel An règne seule en maître pour les enfants lors des кремлёвские ёлки !

David Cholomovitch / Sputnik
David Cholomovitch / Sputnik

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