Petite histoire d’une «Californie» russe clandestine en territoire chinois
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Des « États » entiers avec leur « président », des structures législatives et judiciaires, des forces de l’ordre et même des unités armées se sont des fois formés autour de ces mines. La « république de Jeltouga », fondée par des prospecteurs d’or russes et également connue comme la « Californie de l’Amour » ou « Jeltouga », en est l’un des plus vifs exemples.
Elle a vu le jour sur le territoire de la Mandchourie chinoise, où l’extraction de métal jaune non autorisée était punie de la peine de mort. Cependant, la grande colonie chinoise la plus proche, Aigun, était à des centaines de kilomètres et les autorités chinoises ignoraient tout simplement l’existence de « Jeltouga ».
Très vite, sa population est passée de quelques centaines à 9 000 personnes et aussi bien des Russes que des Chinois ont vécu sous le drapeau noir et jaune de « l’État » (renvoyant à l’unité de la terre et de l’or). Son « président » fut le natif d’Autriche-Hongrie Karl Johann Fassé.
Dans la république de Jeltouga, fonctionnaient un tribunal, des commerces, des banias (saunas russes), des bijouteries, des tavernes, des maisons de jeu, des hôtels, un théâtre, un atelier photo, une ménagerie et un cirque. Tous ces établissements payaient régulièrement des impôts pour subventionner les besoins publics.
Les autorités chinoises ont néanmoins fini par apprendre l’existence de « Jeltouga » et, en janvier 1886, un détachement fort de 1 500 hommes s’est approché de ses « frontières ». Les forces de l’ordre locales étaient trop peu nombreuses pour pouvoir y tenir tête.
Pour ne pas jeter une ombre sur les relations avec Saint-Pétersbourg, les Russes ont été autorisés à regagner leur patrie, quant aux habitants chinois de la République clandestine, ils ont été abattus sans pitié.
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