Quels styles architecturaux sont représentés en Russie?

Culture.ru

10 déc 2025

Les styles architecturaux ne relèvent pas uniquement de l’histoire de l’art. Ils nous apprennent comment les gens vivaient et passaient leur temps, ce qui leur était indispensable et ce que la beauté était à leurs yeux. Ce qui est vrai pour les époques passées l’est aussi pour la nôtre.

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Certains diront que l’architecture explique en partie le baptême de la Russie en 988. Dans La Chronique des temps passés, la première chronique russe, on peut lire des propos attribués aux émissaires envoyés à Constantinople par le prince Vladimir de Kiev. Ils avaient assisté à un office à Sainte-Sophie : « Nous ne savions pas si nous étions au ciel ou sur Terre parce que nous ne connaissons rien sur Terre qui soit ainsi et d’une telle beauté ... ». Au Xe siècle, cette cathédrale byzantine, imposante, couronnée de coupoles, couverte de mosaïques étincelantes émerveillait ceux qui la voyaient et y pénétraient pour la première fois.

Architecture de la Grèce antique

Frontons, colonnades, cariatides et atlantes sont autant d’éléments de l’architecture de la Grèce ancienne. En Russie, on trouve des vestiges de monuments construits au Ve siècle avant J.-C..

On peut les admirer à Sébastopol, en Crimée, où ils sont sous la responsabilité du musée de Chersonèse en Tauride (Херсонес-Таврический, du nom de la colonie grecque fondée au Vie siècle avant J.-C.).

Architecture de la Rome antique

Les Romains ont enrichi l’héritage architectural grec d’innovations en matière de génie civil. Ils ont utilisé le béton et sont passés maîtres dans l’art de construire des arcs et des arcades.

En Russie, un monument très connu dans le style de la Rome antique est l’Arc de Triomphe de Narva, érigé à Saint-Pétersbourg pour commémorer la victoire de 1812 sur Napoléon Ier.

Architecture byzantine

Byzance a été l’une des héritières de la Rome antique. Les architectes de l’époque byzantine ont repris les inventions techniques des Romains, les ont adaptées et perfectionnées.

On leur doit le plan en croix des églises couvertes de coupoles qui s’est imposé dans la Russie ancienne. L’une des plus anciennes églises russes construites selon ce plan est la cathédrale Sainte-Sophie de Novgorod.

Style roman

Aux XIe et XIIe siècles, en Europe occidentale et centrale, on érigeait des églises aux murs porteurs massifs, avec peu de fenêtres étroites et de hautes tours. On peut admirer des bâtiments « romanisants » à Vladimir, Galitch ou Souzdal.

Par exemple, l’église en pierre blanche Saint-Boris-et-Gleb du XIIe siècle dans le village de Kidekcha, près de Souzdal, ou l’église Saint-Dmitri à Vladimir.

Style gothique

Le style gothique se reconnaît à ses arcs brisés, ses croisées d’ogives, ses tours, ses fenêtres hautes, ses vitraux multicolores, ses ornements et ses sculptures. En Russie, on trouve des bâtiments construits à l’époque où l’art gothique dominait à et autour de Kaliningrad, une région de l’ancienne Prusse orientale. Il s’agit de chapelles, de temples luthériens et de vestiges de forteresses. Les architectes russes se sont intéressés au gothique aux XVIIIe et XIXe siècle.

L’un des plus beaux exemples d’architecture néo-gothique en Russie est la chapelle gothique dans le parc Alexandria à Peterhof.

Architecture de la Russie médiévale

Au XIIe siècle, la division de la Russie en apanages (principautés plus ou moins grandes dirigées par les descendants du grand-prince Vladimir de Kiev – ndlr) a favorisé l’apparition d’écoles architecturales distinctes. À Novgorod, on préférait les petites églises à une coupole et sans décor extérieur aux grandes.

La plus ancienne qui nous est parvenue est l’église de l’Annonciation dans le village d’Arkaji érigée en 1179. À Pskov, on construisait des églises cubiques à un bulbe et, à côté d’elles, des clochers dont les cloches étaient souvent accrochées sur une même ligne horizontale. L’école architecturale de la région de Vladimir-Souzdal se distinguait par sa finesse, son élégance, pour ne pas dire son aristocratisme. C’est ce style que l’on appelle le roman russe.

Églises à toit pyramidal

Dans l’histoire de l’architecture russe, le XVIe siècle est un siècle de rupture. Un nouveau type d’églises est alors apparu : celles surmontées d’un haut toit pyramidal à arêtes marquées au sommet duquel est posé un petit bulbe.

On considère que les deux plus anciennes églises de ce type sont celles de l’Ascension à Kolomenskoïé (aujourd’hui dans Moscou) et de la Trinité (aujourd’hui de l’Intercession) à Alexandrov, dans la région de Vladimir.

Baroque

À Moscou, dans les années 1680, on a commencé à construire des églises de style baroque, qui contrastaient particulièrement avec l’architecture dominante. Les monuments les plus représentatifs du baroque russe datent du règne de l’impératrice Elisabeth, une des filles de Pierre le Grand.

Ce sont le palais d’Hiver à Saint-Pétersbourg, le grand palais à Peterhof et le palais Catherine à Tsarskoïé Sélo.

Rococo

Le style rococo s’est inscrit dans la continuité du baroque : les bâtiments ont été décorés d’entrelacs et de coquillages raffinés, d’angelots virevoltants. Plus léger et délicat que le baroque, le rococo est rapidement passé de mode.

À Oranienbaum, près de Saint-Pétersbourg, on peut toujours en admirer deux beaux exemples : le palais chinois et un pavillon étagé surmonté d’un bulbe en forme de cloche.

Classicisme

Ce style se caractérise par sa sévérité, l’économie de ses décors et l’importance de la symétrie. Il estparticulièrement bien représenté en Russie.

Le palais de Tauride à Saint-Pétersbourg ou la maison Pachkov à Moscou en sont de très beaux exemples.

Eclectisme et historicisme

Au XIXe siècle, les architectes russes ont cherché l’inspiration dans le passé. C’est ainsi que sont apparus les styles néo-classique, néo-roman, néo-gothique, néo-byzantin, pour ne citer qu’eux.

Les architectes ne s’interdisaient pas de les mêler, comme le prouve la résidence d’Arséni Marozov, autrement connue comme la « maison aux coquillages », à Moscou.

Art Nouveau

Le style Art Nouveau a été prisé à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Des innovations techniques dans le domaine de la construction (utilisation du béton armé, possibilité de vitrer de grandes surfaces) ont donné beaucoup de liberté aux architectes. La mode a un temps été aux lignes ondulées, aux ornements végétaux sur les mosaïques, les moulures, les façades, à l’asymétrie des volumes.

L’hôtel Métropole à Moscou illustre parfaitement cette tendance en architecture et dans les arts décoratifs.

Modernisme et avant-garde

Les années 1910 ont été une décennie charnière dans l’histoire des beaux-arts. De nombreux artistes ont rejeté l’héritage de leurs prédécesseurs et travaillé à imposer de nouvelles tendances.

L’une d’entre elles a été le refus catégorique de tout décor superflu et l’accent mis sur le fonctionnalisme.

En architecture, elle s’est exprimée dans la construction d’énormes immeubles en béton armé aux façades lisses sur lesquelles se déroulaient des bandes de fenêtres et aux toits plats facilement exploitables.

Constructivisme

Après la Révolution d’Octobre, l’architecture a écrit un nouveau chapitre de son histoire : celui du constructivisme soviétique. Les appartements dans les immeubles construits comme des manifestes du mode de vie soviétique n’étaient pas toujours confortables : les maisons-communes, les fabriques-cuisines, les maisons de la culture reflétaient l’air du temps.

Les bâtiments dans le style constructiviste les plus connus sont l’immeuble du Commissariat du Peuple aux Finances, la Maison de la Culture Zouïev, le Palais de la Culture des usines ZIL, la maison-commune rue Ordjonikidzé à Moscou, la fabrique-cuisine de l’usine Maslennikov à Samara, la boulangerie Kouchélevski à Saint-Pétersbourg.

Style « Triomphe » ou « Empire Stalinien » (classicisme monumental soviétique)

Durant la seconde partie de l’époque stalinienne, après la Grande Guerre patriotique, les architectes soviétiques se sont à nouveau intéressés au classicisme et l’ont en partie repensé. Les immeubles de cette époque sont imposants et majestueux. On y retrouve les éléments caractéristiques des ordres architecturaux grecs.

Les murs intérieurs sont couverts de fresques et décorés de symboles soviétiques. Le Théâtre académique central de l’armée russe (autrefois, Théâtre de l’armée soviétique) en forme d’étoile à cinq branches et le bâtiment central de l’Université d’Etat de Moscou sur le mont des Moineaux sont deux exemples caractéristiques du style « Triomphe ».

Architecture soviétique type de la 2^de moitié du XXe siècle

En 1955, Nikita Khroutchev a décidé qu’il fallait éliminer toute « fioriture » à l’étape de conception des projets architecturaux, ce qui a inauguré l’ère des bâtiments identiques les uns aux autres : les écoles se ressemblaient entre elles ; les cinémas, entre eux ; les hôpitaux également.

L’illustration peut être la plus frappante de cette unification est certainement l’immeuble d’habitation appelé « khrouchtchovka » en brique puis en préfabriqué. La construction en nombre de tels immeubles a permis aux familles soviétiques de quitter les appartements communautaires pour des privatifs.

Post-modernisme

Durant les deux dernières décennies du XXe siècle, les architectes se sont une nouvelle fois inspirés de la tradition et l’ont réinterprétée.

L’un des premiers exemples du post-modernisme soviétique fut le Musée Lénine à Gorki. Le théâtre de Marionnettes Шут (Bouffon) construit à Voronèje dans les années 1980 en est un autre.

Tendances contemporaines

Dans les années 1990-2000, les architectes se sont appliqués à développer de nouvelles tendances : high-tech où dominent le verre et le métal, déconstructivisme avec ses formes fragmentées et angulaires, actualisation des courants de l’avant-garde. Le quartier de Moscow City est caractéristique de ce mouvement.

L’immeuble de bureaux conçu par Zaha Hadid rue Charikopodchipnikovskaïa, dans l’est de Moscou, en est également un bel exemple.

Le parc Zariadié, non loin du Kremlin, prouve que l’on peut concevoir des espaces publics en prenant en considération l’écologie et le développement durable.

Une autre tendance qui s’exprime actuellement est la réhabilitation de bâtiments existants. Ainsi, en 2021, dans une ancienne centrale électrique de Moscou a ouvert la maison de la culture GES-2.

En 2024, à Samara, la fabrique-cuisine a été transformée au prix de longs travaux en une succursale de la Galerie Trétiakov et est devenue l’un des centres de la vie culturelle de la région.

Sucursal de la Galería Tretiakov en Samara

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