Les six contes russes les plus étranges
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La Poule Noire ou le Monde Souterrain d’Antoni Pogorelski (1829)
Il est d’usage de considérer que, jusqu’en 1829, tous les contes russes étaient à attribuer à la tradition populaire. Ce fut cette année-là que l’écrivain Antoni Pogorelski publia sa Poule Noire, une histoire à la fois réaliste et terrifiante qui se lit d’une traite.
Le garçonnet Aliocha sauve de la casserole une poule et apprend bientôt que Noiraude est en réalité ministre d’un royaume souterrain où vivent de petits êtres humains. Pour le remercier, Noiraude lui offre une graine magique qui permet de répondre à toutes les questions et de ne rien apprendre. Mais Aliocha ne sait pas tenir sa langue au sujet de l’existence du monde souterrain. Ses habitants sont donc contraints de quitter leur royaume. Lorsque Aliocha voit Noiraude, sous sa forme humaine, enchaînée, il ne peut retenir ses larmes.
Il y a beaucoup de mysticisme dans ce conte : par moment, on ne comprend pas si Aliocha voit les habitants du souterrain en rêve ou dans son délire. Ce conte est surtout l’histoire d’un enfant qui mûrit : Aliocha prend conscience de sa faute et s’en repent sincèrement.
La Ville dans la Tabatière de Vladimir Odoïevski (1834)
La ville de Ding-Ding n’est desservie ni par le chemin de fer, ni par la poste. On ne peut y arriver qu’en soulevant le couvercle d’une boîte à musique. C’est là que vit la Reine ressort, le Gardien cylindre et de vilains petits marteaux. Il leur suffit de frapper les habitants de la ville, des clochettes de taille différentes, pour qu’ils se mettent à sonner. C’est pour cette raison qu’il y a toujours de la musique dans cette ville merveilleuse. La boîte à musique fonctionne parfaitement. À condition qu’on en prenne soin.
Ce conte est un voyage dans un monde miniature, une histoire fantastique. Il décrit aussi précisément le mécanisme d’une boîte à musique, ce qui est intéressant et instructif pour les enfants.
Attaleia Princeps de Vsevolod Garchine (1880)
Le héros de ce conte n’est ni un être merveilleux, ni un être humain. Attaleia Princeps est un palmier qui rêve de quitter l’orangerie où il pousse. Les autres plantes se disputent tout le temps pour savoir laquelle d’entre elles boit le plus d’eau. En d’autres termes, elles se comportent comme les membres querelleurs d’une même famille. Attaleia, lui, n’alimente pas ces petits scandales mesquins. Au contraire même, il conseille même aux autres arbres de grandir et de prendre des forces. C’est ainsi qu’ils pourront briser les verrières de leur prison et conquérir leur liberté. Hélas, ce n’est là qu’un rêve...
Attaleia Princeps est une fable triste sur le choix que les hommes ont : soit accepter leur destin, soit se battre pour leurs idées, même quand ils sont seuls à les défendre.
Les Trois Gros de Iouri Olecha (1924)
Ce conte soviétique narre l’histoire d’un soulèvement dans un pays où le pouvoir avait été usurpé par trois gros bonshommes. Ils exerçaient la régence du dauphin Toutti et tenaient dans leurs mains la culture du blé et la production de fer et de charbon. Dans cette histoire de révolution, on croise d’incroyables personnages : des jumeaux séparés, un révolutionnaire gymnaste, une poupée qui ressemble comme deux gouttes d’eau à une petite fille, un savant fou qui a passé sa vie dans une ménagerie et s’est presque transformé en loup.
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Iouri Olecha a inventé une histoire effrayante où un cœur de fer doit être transplanté à Toutti pour qu’il ne ressente plus la pitié et où un enfant est condamné à mort. Ce conte est toutefois ensorcelant. Ce n’est pas un hasard s’il a été traduit en dix-sept langues.
Le Coffret de Malachite de Pavel Bajov (1936-1945)
Dans ces contes ou récits de l’Oural hauts en couleur, de simples mineurs font la rencontre de plusieurs esprits : la gardienne de la montagne de Cuivre, Flammèche et Feu Follet. Ils sont sévères mais justes : ils viennent en aide à ceux qui non seulement veulent extraire des minerais de la terre mais aussi en faire des objets uniques. En un sens, on peut dire que ces esprits sont les protecteurs des artisans de l’Oural. À la fin des années 1930, il n’est pas étonnant que les contes de Pavel Bajov furent rattachés au folklore.
Les Sept Rois des Souterrains d’Alexandre Volkov (1964)
Alexandre Volkov adapta pour les enfants soviétiques l’histoire du Magicien d’Oz et de la fillette Dorothy inventée par Lyman Frank Baum et l’enrichit de nouveaux épisodes. Le Magicien de la Ville d’Emeraude eut un tel succès qu’Alexandre Volkоv en écrivit une suite. Il y est question de sept rois qui vivent dans un pays souterrain. Ils le gouvernent à tour de rôle pendant six mois. Pendant ce temps-là, les six autres et les membres de leur cour dorment grâce aux vertus soporifiques de l’eau d’une source magique. Mais dès que cette source se tarit, le royaume est en proie à l’anarchie.
Après qu’ils se sont réveillés, personne ne s’empresse de rappeler aux rois qu’ils le sont. Au contraire, on leur dit qu’ils sont ouvriers. Bien que naïf, ce conte reste aujourd’hui encore magique.
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