Chalaïka: en URSS, comment domestiqua-t-on le chacal?
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Le mot « chalaïka » résulte d’une contraction de « chacal » et « laïka ». Dans les années 1960, on eut l’idée au ministère soviétique de l’Intérieur de créer une nouvelle race de chiens renifleurs. Il fallait que ces quadrupèdes soient de taille moyenne pour pouvoir travailler dans des conditions diverses auxquelles ils devraient s’adapter rapidement, qu’ils aient une ouïe et un flair très fins. On décida alors de croiser un chien domestiqué, pour son attachement à l’homme, avec un chacal, dont les qualités étaient celles recherchées.
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On croisa d’abord un Nenets herding laïka à un fox-terrier pour obtenir un chien attaché à l’homme. On croisa ensuite cet hybride à un chacal doré. Ce processus de sélection fut mené par le biologiste et cynologue Klim Soulimov. C’est pourquoi ces (pour ne pas dire ses) chiens furent longtemps appelés « chiens de Soulimov ».
Les biologistes arrêtèrent leur travail de sélection après avoir obtenu un canidé qui a un quart de sang chacal et trois quarts de sang de chiens domestiqués. Le chalaïka est un chien qui fait quatre-cinq centimètres au plus au garrot, au pelage gris-roux et aux pattes claires. Il ressemble (mais n’est-ce pas ce qu’il était ?!) à un véritable petit bâtard. À la différence d’autres chiens renifleurs, il n’attire pas l’attention sur lui, ne prend pas beaucoup de place, accomplit son travail avec autant d’efficacité dans les soutes que dans les cabines des avions de ligne. C’est pourquoi les chalaïkas sont très appréciés pour assurer la protection des aéroports.
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Un autre trait caractéristique des chalaïkas est son comportement induit par la récompense. En d’autres termes, ils sont moins attachés à leurs maîtres qu’aux gratifications en nature qu’ils en reçoivent. Les maîtres-chiens qui les dressent ont depuis longtemps remarqué qu’ils sont indifférents aux caresses, aux compliments et autres formes immatérielles de récompenses. En revanche, ils ne refusent jamais une petite friandise lorsqu’ils ont bien travaillé. Cela en fait des employés des services de sécurité parfaits parce que cela signifie qu’ils remplissent aussi bien leur mission qu’ils soient accompagnés de leurs maîtres ou d’un autre maître-chien.
Les chalaïkas sont non seulement une réalisation unique de la biologie canine soviétique, mais aussi des garants infaillibles de la sécurité de l’aviation civile. Depuis 2018, ce ne sont plus des bâtards ! La Fédération cynologique Russe a officiellement enregistré les chalaïkas sur la liste des races canines.
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