Cinq faits sur le saïga, cette farouche antilope foulant les steppes de Russie
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L'ethnie russe des Kalmouks a une légende à propos de l’Ancien Blanc (aussi appelé Sagaan Ubgen), « le maître de la Terre », qui protège tous les êtres vivants. Il est souvent représenté avec son fidèle compagnon, un petit saïga, car c'est son animal préféré. Les saïgas ont un aspect très inhabituel : ce sont de petits ongulés avec une sorte de trompe sur le museau, tandis que les mâles possèdent également une paire de cornes.
Contemporains des mammouths
Toutes les espèces animales ayant vécu à la même époque que les mammouths ne peuvent se targuer d’avoir subsisté jusqu’à nos jours. Or, parmi ces chanceux, figure le timide et craintif saïga, qui pèse moins de 40 kilogrammes et se nourrit de plantes succulentes. Il est également appelé antilope des steppes, car il ne vit que dans cet écosystème.
Les tentatives de domestication du saïga ont échoué lamentablement – contrairement aux rennes et aux bisons, il a besoin d'être constamment en mouvement dans un espace ouvert.
Il y a encore 200 ans, on pouvait apercevoir des saïgas dans les zones de steppe allant des Carpates, dans l'ouest de l'Ukraine, jusqu'en Chine, mais lorsque l'homme a commencé à coloniser activement ces régions, les saïgas ont vu leur habitat se rétrécir.
Aujourd'hui, ils vivent non seulement en Russie (en République de Kalmoukie et dans la région d'Astrakhan), mais aussi dans certains pays d’Eurasie abritant des steppes. Les plus grandes populations se trouvent ainsi au Kazakhstan (800 000 spécimens), en Russie (14 000), en Mongolie (environ 10 000) et en Ukraine (5 000, mais ces chiffres pourraient être beaucoup plus bas).
Des saïgas sont venus s'abreuver aux côtés d'un chat des steppes. Et il n'y a pas si longtemps, il aurait pu s'agir d'un tigre de la Caspienne, qui a vécu dans cette région jusque dans les années 1950 :
Corne miraculeuse
Les saïgas ont souffert, en grande partie, à cause des braconniers les chassant pour leurs cornes. Dans la médecine orientale traditionnelle, les cornes de saïga sont en effet censées aider à traiter toute une série de maux, des migraines aux crampes. Cette denrée est notamment chère à l'achat en Chine, où ce médicament est encore très prisé.
Une lutte contre les braconniers a donc été entreprise pendant l'ère soviétique et perdure aujourd'hui. Dans les années 1920, les saïgas ont presque disparu, mais dans les années 1950, les scientifiques de l'URSS ont rétabli la population et l’on comptait plus d'un million de saïgas. Puis, à la chute de l’URSS, l'antilope des steppes a été à nouveau chassée, et les pays où l'on trouve cette espèce l'ont placée sous la protection de l'État.
Au Kazakhstan, par exemple, il n'y avait que 20 000 de ces animaux en 2003, tandis qu’en 2021, la population avait déjà atteint les 800 000 têtes.
En Russie, la réserve naturelle des Terres noires, en Kalmoukie, a été créée en 1990 pour protéger ces mammifères. C'est désormais le principal habitat du saïga dans le pays.
« Nous menons une lutte contre les braconniers avec les organisations chargées de l'application de la loi, commente Tatiana Kotorova, directrice adjointe de la réserve. Le saïga figure dans le Livre rouge des espèces menacées, et les braconniers encourent une peine véritable (de 2 à 8 ans d’emprisonnement et une amende de près de 24 000 euros) ».
Ces dernières années, le nombre de saïgas dans la réserve a augmenté de plusieurs fois, pour atteindre 14 000. Les responsables du site affirment qu'il y a maintenant tellement de saïgas en ces lieux que la population a commencé à se répandre d'elle-même plus au nord.
Toutefois, un nouveau problème est alors apparu. Les agriculteurs locaux utilisent activement des clôtures électriques pour empêcher leurs moutons de quitter leurs pâturages. Or, les saïgas sont incroyablement véloces, atteignant des vitesses allant jusqu'à 80 kilomètres par heure, et si un tel obstacle se trouve sur leur chemin de migration, ils ne sont pas en mesure de le repérer à temps et cela se termine souvent de manière tragique.
« Nous négocions avec les agriculteurs pour qu'ils n'installent pas de clôtures électriques. C'est tout de même la nature sauvage, les saïgas doivent pouvoir courir où ils veulent », insiste Tatiana.
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Un nez pour crier
La nature a fait en sorte que les saïgas se sentent bien dans les étendues steppiques. Ils soulèvent la poussière lorsqu'ils courent vite en troupeau, mais leur nez en trompe leur permet de respirer calmement malgré cela. Le fait est que leur organe olfactif est recouvert à l'intérieur de laine, qui filtre par conséquent l'air.
Les saïgas utilisent également leur trompe pour pousser des cris, presque comme les éléphants. Ceci est particulièrement visible pendant le rut – les saïgas peuvent étirer leur nez pour produire un son plus grave. Dans la nature, plus le son est grave, plus le spécimen est grand. C'est ainsi que les saïgas veulent montrer à leurs rivaux qu'ils sont plus massifs et puissants, et ce, bien que par nature ils soient très farouches. Mais que ne ferait-on pas pour trouver l’amour ? Qui plus est, ils doivent s’y prendre à plusieurs reprises car les saïgas mâles disposent de véritables harems.
C’est à cela que ressemble un combat de saïga durant le rut :
Ils se sacrifient pour les générations futures
La période de rut des saïgas se déroule en novembre et décembre. Bien qu'il y ait plus de femelles sur le territoire, les mâles se battent toujours entre eux pour les séduire. Si la lutte « vocale » précédemment évoquée n'a pas obligé le rival à battre en retraite, les mâles peuvent s’affronter à l’aide de leurs cornes. Le gagnant obtient alors un harem entier. Auparavant, chacun s’entourait de 15 à 20 femelles, mais à cause des braconniers, le nombre de mâles a diminué et maintenant un seul d’entre eux dispose de 30 « concubines ».
Pendant le rut, certains mâles sont si épuisés qu’ils ne prennent même plus la peine de se nourrir. Ils deviennent alors des proies faciles pour leur seul prédateur à l'état sauvage : le loup des steppes. « C'est comme s'il se sacrifiait en échange du fait que les loups ne touchent pas les femelles enceintes, afin que les nouvelles générations survivent », explique Tatiana.
D'ailleurs, les jeunes saïgas peuvent déjà courir quelques heures seulement après leur naissance.
Ils se tiennent à l’écart des hommes
Les saïgas sont des animaux craintifs ; ils ne s'approchent pas des hommes, se sentant menacés. Par conséquent, vous ne pouvez réellement les observer dans la réserve des Terres noires que depuis un abri spécial, camouflé. « Pour voir les saïgas, nous vous recommandons de venir par temps chaud, quand ils viennent à un plan d’eau pour s’abreuver, et que vous pouvez littéralement les voir à portée de main », précise Tatiana.
En hiver, les saïgas se font moins visibles car leur pelage devient noir et blanc, se confondant avec la couverture neigeuse.
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