Cinq raisons pour lesquelles les Russes sont fans de pêche

mihtiander/Getty Images
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L’étude du plan d’eau, de la météo, des habitudes des poissons, le choix du bon matériel et des appâts, l’attente, la tension, le succès ou l’échec: voilà toutes les raisons pour lesquelles les écrivains russes et leurs nombreux lecteurs aiment pêcher depuis des lustres.

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La beauté de la nature

mihtiander/Getty Images
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« La douce oseille nous fouettait la poitrine. La pulmonaire sentait si fort que la lumière du soleil qui inondait les champs de Riazan semblait être du miel liquide. Nous respirions l’air chaud des herbes, autour de nous bourdonnaient les bourdons et crissaient les sauterelles. Au-dessus de nos têtes, les feuilles des saules centenaires bruissaient d’un argent terne. De la Prorva émanait une odeur de lotus et d’eau claire et froide », écrivait Constantin Paoustovski dans son récit La Tanche d’or. Il n’aimait pas seulement la nature et la décrivait en détail. Il était également passionné de pêche, qu’il mentionne dans nombre de ses œuvres. Même si vous ne vous sentez pas capable de décrire ce que vous voyez comme Paoustovski, rien ne vous empêche de découvrir de nouveaux endroits, de les admirer pendant que vous pêchez et de prendre de belles photos.

La méditation

Andreï Mitrofanov/Getty Images
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« Quiconque passe ne serait-ce qu’une journée avec une canne à pêche au bord d’une rivière ou d’un lac, respire à pleins poumons le parfum des fleurs, entend le chant des oiseaux et le cri des grues, voit dans l’eau sombre le reflet bronze ou argenté d’un gros poisson, et enfin sentir sa course élastique sur la ligne la plus fine et la plus sonore, se souviendra longtemps de cette journée comme l’une des plus heureuses de sa vie », poursuit Paoustovski dans le même ouvrage.

En effet, la pêche n’est pas seulement l’art de choisir un bon endroit, d’étudier les habitudes des poissons et de préparer le bon appât, mais aussi, si l’on veut, une forme de méditation, une occasion de s’éloigner du bruit et de l’agitation. Le dramaturge Alexandre Ostrovski, par exemple, également passionné de pêche, imaginait les intrigues de ses pièces et élaborait les caractères de ses personnages pendant qu’il pêchait, les notant dans un petit carnet pour plus de sécurité.

L’emballement du hasard

Dmitri Feoktistov/TASS
Dmitri Feoktistov/TASS

Anton Tchekhov avouait : « Ne me donnez pas de pain, mais laissez-moi simplement m’asseoir avec une canne à pêche... et, mon Dieu, quel plaisir ! Quand tu attrapes une lotte ou un chevesne, c’est comme si tous les poissons avaient leur propre intelligence : tu attrapes l’un avec un appât vivant, l’autre avec un leurre, le troisième avec une grenouille ou une sauterelle. Il faut comprendre cela ! ». Et dans combien d’œuvres est-il décrit comment le pêcheur voit la touche, ferre, mais le poisson s’échappe. Ou bien le pêcheur essaie d’attraper un poisson presque pris, mais un coup de queue et la prise est perdue, avec l’hameçon et un morceau de ligne. D’ailleurs, les vantardises des pêcheurs ne diffèrent en rien des récits des chasseurs. Et ils mesurent leur prise avec autant de fierté.

La prise

kisstochka15/Getty Images
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« Je pêche toute la matinée. Je vérifie les lignes que j’ai posées en travers de la rivière depuis la veille au soir. Au début, les hameçons sont vides : les éperlans ont mangé tous les appâts. Mais voilà que la ligne se tend, fend l’eau, et un éclat argenté apparaît dans les profondeurs : c’est une brème plate qui est accrochée à l’hameçon. Derrière lui, on aperçoit une perche grasse et tenace, puis un brocheton aux yeux jaunes perçants. Le poisson sorti de l’eau semble glacé... ». Peu de gens peuvent rivaliser avec Paoustovski dans la description des charmes de la pêche. Seul Émile Zola, dans Le Ventre de Paris, décrit de manière aussi naturaliste les étals de poissons du marché municipal. Le poisson de rivière n’est peut-être pas le plus facile à cuisiner (il est plein d’arêtes et sent la vase), mais il est plus sucré que le poisson de mer et on l’a pêché soi-même.

Le pique-nique en bonne compagnie

Oleg_0/Getty Images
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Ce format n’est pas tant axé sur l’isolement et la pêche proprement dite que sur la fraternité masculine, la joie, la communication et les libations abondantes dans la nature, entouré de personnes agréables. Les pêcheurs russes choisissent souvent cette façon de pêcher, ce qui a même fait l’objet d’un film populaire intitulé Les Particularités de la pêche nationale.

Dans cet autre article, découvrez des moments de pêche sur les tableaux de peintres russes.

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