Comment un fils adoptif de Maxime Gorki devint légionnaire français et allié de De Gaulle

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Rencontre avec Gorki et passion pour le théâtre

Né Zalman Sverdlov, ce héros est venu au monde à Nijni Novgorod, dans la famille d’un graveur d’origine juive. C’est dans cette ville russe qu’avec son frère Iakov – futur chef des bolcheviks qui occupera le poste de président du Comité exécutif central panrusse – il a rencontré Alexeï Pechkov (le vrai nom de Maxime Gorki). Alors inconnu, celui qui deviendra le chantre du prolétariat était impliqué dans l’impression de tracts antigouvernementaux. Zinovi partageait l'idéalisme d'Alexeï et a même été un jour arrêté et envoyé en prison avec lui.

Néanmoins, le jeune homme n’avait pas l’intention de se frayer un chemin en politique. Passionné de théâtre, il était déjà apparu sur scène et rêvait de recevoir une éducation appropriée. Cependant, ses origines juives l’ont empêché d’entrer à la Philharmonie impériale de Moscou. Maxime Gorki lui a alors suggéré de se convertir à l’orthodoxie et de prendre son nom de famille. Bien que Zinovi ne soit jamais devenu acteur, il a vénéré Gorki jusqu’à la fin de ses jours et a même été enterré avec son portrait au chevet.

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La Grande Guerre dans la Légion française

Devenu un écrivain soviétique célèbre, Gorki a beaucoup voyagé à travers le monde et Zinovi, qui était un véritable polyglotte, a servi comme son secrétaire. En 1910, il a rencontré la fille d'un colonel cosaque, Lidia Bourago, qui travaillait comme dactylo chez l’écrivain Alexandre Amfiteatrov, et l’a épousée. Ses convictions politiques se sont peu à peu éloignées de celles de Gorki, même s’ils restaient proches.

Avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale, Zinovi a décidé de s’inscrire dans la Légion française. Grièvement blessé lors de la bataille de Carency, il a perdu son bras. Sa vie personnelle a également connu une période difficile : le caporal manchot a été quitté par sa femme. Cependant, Pechkov n’est pas tombé dans le désespoir. Il a suivi une rééducation, a obtenu sa réintégration dans le service militaire, puis a occupé le poste de diplomate en Chine, au Japon, en Géorgie et dans d’autres pays.

Courrier de l'Entente

En 1917, Zinovi Pechkov a été nommé représentant de la France auprès du gouvernement provisoire d’Alexandre Kerenski. Sa mission était de convaincre le nouveau pouvoir russe de poursuivre la guerre contre l’Empire allemand. On ne sait pas si Zinovi a maintenu le contact avec son frère Iakov, mais une chose est sûre : ils se sont retrouvés de part et d’autre des barricades. Tandis que l’un servait la Bannière rouge, l’autre travaillait comme courrier pour l’Entente chez les Gardes Blancs.

C’est Pechkov qui a remis au chef du mouvement blanc, l’amiral Alexandre Koltchak, l’acte de reconnaissance par la France de sa qualité de gouverneur suprême du pays. Puis, en 1920, lorsque le mouvement blanc a été définitivement vaincu, Zinovi a participé activement à l’évacuation de l’armée russe commandée par le général Piotr Wrangel de Crimée, opération connue plus tard sous le nom d’« Exode russe ». 

Après la fin de la guerre civile, Zinovi, dans le cadre d’une mission internationale, a collecté de l’aide humanitaire pour la population russe en proie à la famine. Une fois son travail humanitaire terminé, il est parti pour longtemps au Maroc afin de défendre les intérêts de la France en Afrique du Nord.

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Allié de Charles de Gaulle

Au début de la Seconde Guerre mondiale, Pechkov a quitté le Maroc pour le Grande-Bretagne et a rejoint la Résistance. Il est devenu le représentant officiel de la France libre dans diverses régions d’Afrique et s’est occupé notamment de l’approvisionnement en armes des soldats de De Gaulle. Pour ses nombreux services, Pechkov a été élevé au grade de général – une promotion inédite pour un émigré sans formation supérieure. 

Cinq ans après la fin de la guerre, Zinovi a pris sa retraite, mais a continué de servir la France en tant qu'ambassadeur extraordinaire en missions spéciales : en République dominicaine, en Australie et en Chine. Il est décédé en 1966 et a été inhumé au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois, près de Paris. Outre le portrait de son père adoptif bien-aimé, une croix et un chapelet ainsi que sa Légion d’honneur ont été placés dans son cercueil.

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