
Pourquoi Kirill Meretskov fut-il surnommé «le maréchal du Nord»?

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« En voyant sur le champ de bataille du bon et du mauvais, il analysait minutieusement les raisons de l’un et de l’autre. Il utilisait avec audace tout ce qui était nouveau et utile pour l’apprentissage de ses hommes et pour les combats à venir. Les soldats et les officiers aimaient leur commandant [...] pour son humanité [...] pour la fermeté avec laquelle il appliquait les décisions prises ». C’est en ces termes que le maréchal Alexandre Vassilievski se souvenait du maréchal Kirill Meretskov.
Kirill Meretskov passa presque toute la Grande Guerre patriotique à combattre dans la région de Leningrad, en Carélie, dans le nord de la Finlande et de la Norvège. Ce qui lui valut d’être surnommé « le maréchal du Nord ».

Il rejoignit les bolcheviks immédiatement après la Révolution de Février. Durant la guerre civile, il combattit les Blancs dans l’est et le sud du pays, il prit part à des opérations militaires contre les troupes polonaises et fut nommé à la tête du quartier général d’une division de cavalerie.

En 1936, le commandant de division Meretskov fut envoyé comme conseiller militaire en Espagne, alors en proie à la guerre civile. Rattaché à l’état-major de l’Armée républicaine, il l’aida à repousser l’offensive des Franquistes sur Madrid et à défaire le corps expéditionnaire italien près de Guadalajara.

Durant la Guerre soviéto-finlandaise, Kirill Meretskov commanda la 7e armée qui, au prix de durs combats, enfonça la ligne Mannerheim en février 1940. Pour ces faits d’armes, il fut élevé au rang de Héros de l’Union soviétique. En août de la même année, il fut nommé à la tête du quartier général, poste qu’il occupa six mois.

Le 23 juin 1941, au deuxième jour de l’invasion allemande de l’URSS, le général d’armée Meretskov fut arrêté sur la foi d’une dénonciation mensongère et accusé de « participation à un complot militaire ». Bien des années après la Grande Guerre patriotique, à la question de Nikolaï Orlov, historien de la région de Novgorod, qui lui demandait comment s’étaient déroulés les interrogatoires, le maréchal répondit en pleurant : « Si vous saviez combien ils m’ont battu ».
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Kirill Meretskov fut libéré en septembre 1941 et affecté à Leningrad. À la tête de la 7e armée autonome, il arrêta l’avancée ennemie sur la rivière Svir. À la tête de la 4e armée, il infligea une défaite aux Allemands près de Tikhvine.

Le 11 décembre 1941, Kirill Meretskov prit le commandement du front du Volkhov. Durant l’année 1942, il fit plusieurs tentatives pour briser le blocus de Leningrad. Elles se révélèrent toutes vaines. Il ne put réaliser son plan que lors de l’opération Étincelle en janvier 1943.
Vladimir, le fils unique de Kirill Meretskov, servit comme commandant d’un peloton de chars dans les armées du front du Volkhov. Il fut décoré de l’ordre de l’Étoile rouge pour sa bravoure au combat.

L’année suivante, les armées commandées par Kirill Meretskov prirent part à l’offensive Leningrad-Novgorod à l’issue de laquelle le blocus de Leningrad fut complètement levé et les armées de la Wehrmacht repoussées sur la ligne de défense Panthère à la frontière estonienne.
Kirill Meretskov sollicita alors de la Stavka du commandement suprême une affectation sur le théâtre principal des opérations militaires. Mais, ce grand spécialiste des manœuvres sur des terrains couverts de forêts et de marécages, fut envoyé en Carélie. Il y commanda l’offensive Vyborg-Petrozavodsk qui permit de repousser les armées finlandaises hors d’URSS.

La dernière opération de la guerre à laquelle le général d’armée Meretskov prit part sur le théâtre européen fut celle qui s’acheva sur la défaite de armées allemandes dans le nord de la Finlande et de la Norvège. « Le 25 octobre, à 9 heures du matin, nos unités qui étaient en première ligne entrèrent dans Kirkenes. Lorsque les armes se turent et que le silence se fit, les habitants de la ville commencèrent à sortir des grottes où ils avaient été contraints de se cacher des nazis. Ils accueillirent chaleureusement les soldats soviétiques. Il était touchant de voir comme des gens du Nord, habituellement tout en retenue, avaient les larmes aux yeux et serraient leurs libérateurs dans leurs bras », se souvenait Kirill Meretskov.
Le lendemain, il fut fait maréchal de l’Union soviétique.

Au printemps 1945, le maréchal Meretskov fut envoyé en Extrême-Orient où la guerre contre le Japon n’était pas encore terminée. En août, les armées du 1er front de l’Extrême-Orient placées sous son commandement menèrent avec succès l’offensive Karbine-Kirine : elles enfoncèrent les défenses ennemies en Mandchourie sur 300 kilomètres puis libérèrent le nord de la péninsule de Corée.

De la fin de la guerre à sa mort en 1968 à l’âge de soixante et onze ans, le maréchal Meretskov commanda plusieurs districts militaires puis occupa différentes fonctions au ministère de la Défense.

Il fut décoré de l’ordre de la Victoire, l’ordre militaire le plus prestigieux ; à sept reprises, de l’ordre de Lénine ; à quatre, de l’ordre du Drapeau rouge. La Mongolie, la Corée du Nord, la Chine, la Norvège et les États-Unis le distinguèrent également.
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