Comment des pilotes soviétiques ont sauvé le futur dirigeant de la Yougoslavie
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Tout au long de la Seconde Guerre mondiale, les Balkans ont été une source de problèmes incessants pour le Troisième Reich. Après la défaite de la Yougoslavie face à la Wehrmacht en avril 1941, diverses forces opposées au nazisme se sont immédiatement manifestées sur ses ruines, et ont entamé une lutte acharnée contre les envahisseurs.
La plus puissante de ces forces était l’Armée populaire de libération de la Yougoslavie (APLY), subordonnée au Parti communiste du pays. S'il s'agissait initialement de petits détachements de partisans, au printemps 1944, elle comprenait de grandes divisions et des corps d'armée avec des effectifs totaux d'environ 300 000 personnes.
Véritable caillou dans le pied du commandement allemand, l’APLY a « enchaîné » dans les Balkans plus de trente divisions Wehrmacht et SS qui auraient été très utiles sur le front de l'Est. Les nazis ont tenté à plusieurs reprises de venir à bout de la guérilla et de son commandant, le maréchal Josip Broz Tito, mais en vain.
En mai 1944, ils entament une nouvelle tentative et sont plus proches que jamais de leur but. C'est alors que l'Armée rouge est venue à la rescousse du maréchal.
« Mouvement du cheval »
Le 25 mai à 5 heures du matin, des bombardiers allemands sont apparus au-dessus de la ville de Drvar, dans l'ouest de la Bosnie-Herzégovine, où se trouvait le quartier général de l’APLY. Après un raid aérien massif dans les environs de la ville, des planeurs drainés par des avions de transport ont commencé à atterrir. Des soldats du 500e bataillon de parachutistes SS en sont immédiatement descendus.
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Pour l'opération Mouvement du cheval, dont le but principal était la capture ou l'élimination du maréchal Tito, les Allemands ont impliqué plus de 17 000 personnes. Outre les parachutistes, des régiments de fusiliers motorisés, des bataillons de reconnaissance, de chars et du génie, un régiment de la division de forces spéciales Brandebourg, ainsi que des unités croates ont été rassemblés dans la zone de combat.
Ils faisaient face à des unités des 1er et 6e corps prolétariens de l’APLY, au bataillon de sécurité du maréchal et aux cadets de l'école d'officiers, ce qui représentait au total de 12 000 personnes. Malgré leur résistance acharnée, l'ennemi occupa bientôt la ville.
« Les Allemands étaient à mes trousses, se souvient Tito : À cette époque, un tailleur de Drvar m'avait confectionné un uniforme de maréchal. Les parachutistes n'ont mis la main sur rien d'autre que cet uniforme, déchiré par des fragments de bombes... Tous les habitants de Drvar savaient où j'étais. Et chaque parachutiste avait ma photo. Ils se sont approchés de chaque habitant de la ville, brandissant une photo, et demandaient : « Tito, Tito, où est Tito ? Mais personne ne leur a rien dit. Même les enfants… »
Le maréchal, son quartier général et les employés de la mission militaire soviétique, se trouvaient à ce moment-là dans une maison proche de la ville. Lorsque l'ennemi l'a atteinte, ils se sont retirés dans les Alpes dinariques couvert par leurs troupes.
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Une tâche ardue
Les Allemands n'ont pas arrêté une seconde la traque, resserrant l’étau autour de Tito et de ses partisans. Le général soviétique Nikolaï Korneïev, qui faisait partie du groupe, a vivement conseillé au maréchal d'évacuer vers la base aérienne alliée de Bari, dans le sud de l'Italie. Ce dernier refusa longtemps, insistant sur le fait qu'il devait rester sur le territoire yougoslave. Il n'a accepté que l'option selon laquelle il serait immédiatement transféré de Bari sur l'île de Vis, dans la mer Adriatique, au large de la côte croate.
En plus de l'aviation britannique et américaine, des escadrons de l'armée de l'air de l’URSS étaient stationnés à Bari : 12 C-47 de transport et 12 chasseurs d'escorte Yak-9DD à longue portée. Quand la situation relative à Tito lui a été rapportée, Staline a ordonné à ses pilotes de participer activement au sauvetage du commandant.
Malgré une liaison instable, l’état-major de l’APLY a réussi à signaler qu'il attendait l'évacuation sur une tête de pont située sur la montagne près de la ville de Kupres. Les Alliés occidentaux retardaient la mission de sauvetage en raison de la météo, mais le major soviétique Alexandre Chornikov estimait que le temps était précieux et qu'il fallait agir.
Dans la nuit du 4 juin, un C-47 soviétique décolle et met le cap sur la Yougoslavie. Les coordonnées ont été fournies par le navigateur Pavel Yakimov, un membre de l'équipage de Chornikov qui était à l'époque avec le maréchal.
Le major était déjà un pilote expérimenté, qui avait passé du temps dans les Balkans et avait étudié les routes aériennes locales. Cependant, cette tâche était extrêmement difficile pour lui.
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« Dans des conditions météo d'activité orageuse et de pluie, il a fallu traverser la mer Adriatique à basse altitude, d'une part, pour ne pas dévier de l'itinéraire tracé, et d'autre part, pour ne pas entrer dans les nuages orageux, a déclaré le maréchal en chef de l'air Alexandre Golovanov. Il a rappelé : Ayant atteint l'île de Korcula et contourné Split, où se trouvait une base navale allemande protégée par des systèmes antiaérienne en grand nombre, l'équipage a commencé à prendre de l'altitude en direction de Kupres, dans la région de laquelle se trouvait une haute montagne qui a servi de point d’orientation fiable. Ayant atteint cette montagne et déterminé leur emplacement, ils ont commencé à rechercher des feux et des signaux conditionnels. Les nuages n'ont pas permis de bien voir la région. Pendant plus d'une demi-heure, l'équipage a survolé un terrain inconnu jusqu'à ce qu'il trouve les feux de code ».
La minuscule plateforme préparée par les partisans dans les montagnes était entièrement jonchée de pierres et traversée par des ruisseaux. Il fallait atterrir dessus du premier coup et sans faute. Chornikov a réussi cette tâche : il a posé son C-47 près du dernier feu, derrière lequel une falaise abrupte se trouvait.
L'équipage de l'avion soviétique a dû répéter la manœuvre difficile une fois de plus. Après que le maréchal et les officiers d'état-major ont été transférés à Bari, les pilotes sont revenus chercher les autres. Les alliés occidentaux, ayant appris le vol de Chornikov, ont également effectué plusieurs vols vers les montagnes.
Après l'évacuation des dirigeants, les détachements yougoslaves qui le gardaient ont tenté une percée réussie pour sortir de l'encerclement et le matin, des troupes allemandes sont apparues sur la tête de pont de la montagne.
Pour l'exploit accompli, Alexandre Chornikov, son copilote Boris Kalinkine et le navigateur Pavel Yakimov ont reçu le titre de Héros de l'Union soviétique. La Yougoslavie, à son tour, a également décerné à chacun d'eux sa plus haute distinction militaire - l'Ordre du héros du peuple.
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