Bataille de Mir: comment les cosaques russes ont écrasé les soldats polonais de Napoléon
Suivez Russia Beyond sur Telegram ! Pour recevoir nos articles directement sur votre appareil mobile, abonnez-vous gratuitement sur https://t.me/russiabeyond_fr
Le 24 juin 1812, les troupes de Napoléon Bonaparte ont envahi l’Empire russe. Cherchant à éviter un choc frontal, les deux armées russes, dispersées, ont commencé à se retirer profondément dans le territoire, dans l’intention de se réunir par la suite. Leur retraite a été couverte par des détachements cosaques légèrement armés, mais extrêmement mobiles.
Le 8 juillet, le commandant de la 2e armée occidentale, le prince Piotr Bagration, qui talonnait les troupes du frère cadet de l’empereur, le roi de Westphalie Jérôme Bonaparte, a ordonné à l’ataman cosaque Matveï Platov de prendre position près de la ville de Mir (aujourd’hui dans le centre de la Biélorussie) et de retenir l’ennemi le plus longtemps possible, jusqu’à ce que les forces principales sèment les Français.
Le 9 juillet, dans la région de Mir, la cavalerie de Platov entame une bataille avec les uhlans (lanciers) polonais de la 4e division de cavalerie légère du général Aleksander Rozniecki, qui marchaient à l’avant-garde des troupes françaises. C’est ainsi qu’a commencé une bataille qui se terminerait par la première victoire de l’armée russe durant cette guerre.
L’embuscade
Les Polonais intégrés à la « Grande Armée » de Napoléon étaient parmi les soldats les plus dévoués à l’empereur : c’est sur ce dernier qu’ils comptaient pour restaurer leur État à l’intérieur des frontières historiques existantes jusqu’en 1772, date du premier partage de l’État Pologne-Lituanie (« République des deux nations »).
Les cosaques avaient une expérience de combat avec les uhlans. Le 23 juin, à la veille de l’invasion de l’Empire russe par les troupes françaises, trois cents Polonais avaient traversé le fleuve frontalier Niémen afin d’effectuer une reconnaissance de la région. Ils ont été immédiatement attaqués par une patrouille cosaque, qui s’est retirée après une courte escarmouche.
Cette fois, Platov a décidé d’utiliser sa tactique de prédilection. Ayant envoyé un petit détachement vers l’ennemi, il a dissimulé plusieurs centaines d’hommes dans un bosquet sur les bords de la route, tandis qu’il se cachait lui-même près de Mir avec les forces principales.
Apercevant l’ennemi, les cosaques, qui jouaient le rôle d’appâts, ne se sont pas engagés pas dans la bataille, mais ont commencé à battre en retraite vers la ville, entraînant avec eux les lanciers à leurs trousses. Là, les Polonais étaient attendus par les troupes de Platov, plusieurs fois supérieures en nombre. Le piège s’est refermé quand des centaines de cosaques tapis en embuscade sont passés à l’action. En conséquence, un millier de cavaliers polonais ont dû repousser l’assaut de trois mille cosaques.
La panique et la bousculade ont commencé parmi les uhlans assaillis de toutes parts. Leurs frères d’armes, qui se précipitaient vers le champ de bataille pour venir en aide aux troupes encerclées, étaient eux aussi malmenés par les cosaques. Ayant perdu plus de trois cents uhlans (tués et blessés), l’ennemi s’est retiré de Mir. Les pertes de Platov s’élevaient à plusieurs dizaines d’hommes.
« J’annonce la victoire, bien que de justesse, mais pas tant que ça, car elle n’est pas encore terminée, je poursuis et je frappe..., a rapporté l’ataman à Bagration. Il y a beaucoup de prisonniers, je n’ai pas eu le temps de les compter et de faire un rapport en raison de la vitesse. Grâce à Dieu, nous avons peu de pertes à cette heure, car il n’y a pas eu d’échange de tirs avec l’ennemi, tout le monde s’est précipité avec des javelots […] ne permettant pas un soutien par le feu ».
La déroute
Pendant la nuit, les deux camps ont reçu des renforts. Au matin, Platov avait l’intention de répéter sa méthode en attirant l’ennemi dans une embuscade, mais ce dernier, aguerri par son amère expérience, a été plus prudent. Rozniecki a occupé Mir, qui avait été abandonnée par les cosaques, et commencé à se déplacer prudemment en direction du sud-est vers la ville de Nesvij, vers laquelle la 2e armée occidentale de Bagration était partie.
Platov a continué à couvrir la retraite des forces principales. Il a attaqué le 7e régiment d’uhlans envoyé en reconnaissance, et bientôt la petite escarmouche s’est transformée en une bataille à grande échelle, dans laquelle les deux camps ont jeté les réserves qui approchaient. Outre les cosaques, les dragons de Kiev et les hussards Akhtyrski combattaient les uhlans polonais sur le champ de bataille.
« Les régiments étaient si mélangés sur ce champ labouré que cette motte de poussière ressemblait à un nuage solide qui serait tombé du ciel, s’est souvenu le wachtmeister (sergent) du 7e régiment d’uhlans Dmohovsky. Les adversaires ne pouvaient différencier leurs hommes de leurs ennemis. Tout le monde criait : "Hourra ! Hourra !". Enfin, certains ont crié "Napchoud" (Naprzód, "en avant" en polonais), d’autres "Vperiod" ("en avant" en russe) et ce n’est que de cette manière qu’ils comprenaient qui était qui. En rangs serrés, ils ne pouvaient ni tirer, ni donner de coups de sabre, mais, sans perdre de temps, ils se frappaient les flancs des poings à la manière paysanne, et le cou avec les paumes ».
L’issue du combat a été décidée par un coup porté au flanc ennemi par la brigade cosaque (3 500 sabres) du général Dmitri Kouteïnikov. Incapables de résister à l’assaut, les uhlans ont pris la fuite. Le crépuscule qui s’est ensuivi et l’approche des renforts les ont sauvés d’une défaite complète. Environ six cents cavaliers polonais sont restés sur le champ de bataille, les pertes de Platov étant estimées à cinquante morts et une centaine de blessés.
Les actions des cosaques ont retardé l’avancée des troupes françaises, ce qui a permis à la 2e armée de semer ses poursuivants et d’avancer pour rejoindre la 1ère armée occidentale de Barclay de Tolly. « Cet acte des plus brillants, qui a quelque peu refroidi l’ardeur de la cavalerie polonaise, a donné une liberté de mouvement accrue au prince Bagration », a noté le général Alexandre Benkendorf.
Convaincu qu’il allait vaincre les armées russes l’une après l’autre, Napoléon était furieux de la défaite de Mir. C’est notamment à cause de ce fiasco que le frère de l’empereur a rapidement perdu ses fonctions de commandement et est retourné en Westphalie. Au sein des troupes russes, le succès des cosaques a suscité un enthousiasme sans précédent et renforcé la confiance des soldats dans la victoire.
Dans cette autre publication, découvrez les cosaques russes en dix mots clés.
Chers lecteurs,
Notre site web et nos comptes sur les réseaux sociaux sont menacés de restriction ou d'interdiction, en raison des circonstances actuelles. Par conséquent, afin de rester informés de nos derniers contenus, il vous est possible de :
Vous abonner à notre canal Telegram
Vous abonner à notre newsletter hebdomadaire par courriel
Activer les notifications sur notre site web