Que montre Constantin Makovski sur son tableau Le Rituel du Baiser?
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Un sujet tiré d’un roman historique
Constantin Makovski (1839-1915) donna un sous-titre à son tableau : Festin chez le boyard Morozov. Cette toile est une illustration d’un passage du roman Le Prince d’Argent d’Alexis K. Tolstoï (1817-1875). On y voit la jeune épouse du maître de lieux richement vêtue et parée de ses plus beaux atours se présenter aux invités pour le rituel du baiser.
Dans son roman historique dont l’action se passe à l’époque d’Ivan IV le Terrible, Alexis Tolstoï raconte comment le boyard Droujina Morozov avait surpris une conversation entre sa jeune épouse Elena et un inconnu. Il avait alors compris qu’elle était amoureuse d’un autre. Pour découvrir de qui il s’agissait, il décida de lui faire passer le rituel du baiser lors d’un festin qu’il donna chez lui. Lorsque Nikita Sérébriany (littéralement « d’argent ») embrassa ses lèvres, Elena sentit ses forces l’abandonner et se trahit.
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Un rituel ancien
En Russie, le rituel du baiser serait apparu au XVIIe siècle. Il aurait une origine byzantine ou païenne. Jusqu’à l’époque pétrovienne, les femmes de la noblesse russe vivaient confinées et paraissaient rarement en public. À l’occasion d’un repas de fête, le maître de maison pouvait demander à son épouse de venir saluer ses convives. Il s’inclinait devant eux et les priait d’embrasser sa femme sur les deux joues. Après quoi, elle trempait ses lèvres dans un gobelet rempli de vin, s’inclinait devant chaque convive et lui donnait le vin à boire. Elle retournait ensuite dans le gynécée. Plus tard, les épouses des fils du maître de maison, ses filles mariées et les épouses de ses parents pouvaient se soumettre à ce rituel du baiser. Les femmes non mariées n’y prenaient pas part.
Ce rituel se tenait uniquement lorsque le chef de famille voulait montrer tout le respect qu’il éprouvait à l’égard de ses convives et lorsqu’il était prié de l’organiser. Les femmes revêtaient alors leurs plus beaux vêtements et pouvaient en changer durant la cérémonie.
Opulence russe
Constantin Makovski était passé maître dans l’illustration des scènes historiques. Ses tableaux qui présentent des scènes de la vie des boyards étaient très prisés en Russie et à l’étranger. Il était aussi un collectionneur invétéré : il achetait des objets anciens qu’il reproduisait sur ses toiles. Parmi eux, des coffrets et des vêtements.
Le Rituel du Baiser fut peint à Paris en 1895. L’année suivante, Constantin Makovski le présenta à l’Exposition russe de Nijni-Novgorod puis, en 1897, lors de la grande exposition personnelle qui lui fut consacrée à Saint-Pétersbourg. Cette toile fut acquise par le Musée russe d’Alexandre III où elle se trouve toujours.
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