Que rapportèrent les témoins de la chute de la mystérieuse météorite de Toungouska?
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Durant l’été 1908, au fin fond de la taïga sibérienne, dans la région de la rivière Podkamennaïa Toungouska s’écrasa un objet céleste dont la nature reste aujourd’hui encore mal établie. L’explosion qui se produisit fut telle que la forêt fut soufflée dans un rayon de quarante kilomètres autour du point d’impact. L’onde de choc se propagea à plusieurs centaines de kilomètres, brisant les objets en verre dans les maisons qui se trouvaient sur son passage. Elle fut enregistrée par les sismographes installés à Irkoutsk, Tachkent, Tbilissi et même en Thuringe.
Après cette collision, on observa dans tout l’hémisphère nord des tempêtes magnétiques, des éclairs, des nuages argentés et des « nuits claires », là où l’on n’en avait jamais connu.
À ce jour, les scientifiques n’ont pas encore établi avec certitude ce qui provoqua cette explosion : une météorite, une comète ou un accident technologique.
Premiers témoignages
La météorite tomba dans une région inhabitée et ne fit donc heureusement pas de victimes humaines. Les journaux locaux recueillirent immédiatement des témoignages de personnes qui se trouvaient loin du point d’impact.
Ainsi, dans son édition du 2 juillet (ancien style) 1908, le journal Sibérie (Сибирь – Sibir’) apprenait à ses lecteurs que, dans le nord du gouvernement d’Irkoutsk, des paysans avaient vu « un corps d’où émanait une lumière bleuâtre se déplacer de haut en bas pendant une dizaine de minutes ».
« Pris de panique, tous les habitants du village se ruèrent dehors, les femmes pleuraient et tous crurent que la fin du monde était arrivée », écrivait l’auteur de l’article. Lui-même se trouvait non loin du chef-lieu de Kirensk et avait entendu « comme des tirs de canon » qui se répétèrent avec intermittence (pas moins de) quinze fois pendant un quart d’heure. À Kirensk, les fenêtres exposées au nord-ouest de plusieurs maisons se brisèrent. Des témoins dans cette même région rapportèrent avoir vu une « boule de feu ».
« Ce phénomène suscita de très nombreux commentaires. Les uns disaient qu’il s’agissait d’une gigantesque météorite, d’autres, d’un éclair sphérique », poursuivait le journaliste.
Deux semaines plus tard, le journal L’Habitant de Krasnoïarsk (Красноярец – Krasnoïariets) fit état d’un « phénomène atmosphérique inhabituel ». Des secousses souterraines avaient également été ressenties et un nuage de cendres avait été vu se déplaçant dans le ciel. Mais « la plupart des témoins avaient conclu que ces coups avaient été provoqués par des tirs d’artillerie contre les Japonais ». Rappelons que la guerre russo-japonaise s’était terminée en 1905.
Le journal La Voix de Tomsk (Голос Томска – Golosse Tomska) décrivit un tremblement de terre et une secousse souterraine ressentis dans la ville de Kansk, située à environ six cents kilomètres du point d’impact du corps céleste. « Les portes, les fenêtres, les lampes devant les icônes, tout a tremblé. On entendit un grondement, comme le tir d’un canon au loin. » !
Une «gerbe de feu» et trois explosions
On ne commença à étudier le phénomène de Toungouska que dans les années 1920. Le géologue Léonide Koulik conduisit sept expéditions sur le lieu de l’explosion. Les recherches continuèrent après la Seconde Guerre mondiale. Durant le siècle qui suivit la survenue de cette catastrophe, les récits de centaines de témoins furent recueillis.
Léonide Koulik explora la « forêt morte » avec un guide local. Celui-ci lui raconta qu’après l’explosion du corps céleste, les éleveurs découvrirent les cadavres de leurs rênes et leurs abris dans la taïga brûlés.
Des habitants de Sibérie cherchèrent eux aussi à percer le mystère de la météorite. En 1962, Victor Koniékine, professeur de mathématiques à Varnavara, dans le nord de la région d’Irkoutsk, demanda aux habitants des villages alentour de se souvenir du jour où elle était tombée. Les récits qu’il recueillit furent publiés par les éditions de l’Université de Tomsk en 1967. Presque tous les témoins se souvenaient d’une « gerbe de feu » et d’explosions.
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« J’entendis un fracas et regardai vers le sud d’Erbogatchène [un village au nord de la région d’Irkoustk]. Je vis une gerbe de feu voler dans le ciel », décrivit Féofane Farkov, né en 1897. « Elle se déplaçait vite mais je pus distinguer qu’elle avait une fome allongée, la tête était plus sombre [que le reste]. Derrière venaient une flamme puis des étincelles ... Les vitres tremblèrent. Tout le monde fut effrayé et dit : "c’est la fin du monde !" ».
« Je vis distinctement qu’au sud une boule rouge volait de gauche à droite. Après j’entendis des tirs. Tous prirent peur, les plus âgés des Evenks mirent leurs plus beaux habits pour attendre la mort, mais elle ne vint pas », racontait Elena Safiannikova, née en 1898.
« Lorsque la gerbe de feu disparut derrière l’horizon, une langue de feu en jaillit puis de la fumée s’éleva. Elle resta longtemps dans le ciel. Environ trois à quatre minutes après, j’entendis trois "tirs". Les deux premiers étaient de faible intensité et le troisième fut très fort », se rappelait Stépane Permiakov, né en 1891.
« Un matin de l’été 1908, j’étais sortie sur le perron de cette maison (de là, on voit bien l’horizon au nord-ouest, nord et nord-est). Je vis qu’une énorme gerbe de feu tombait derrière la forêt. Le feu était rond et derrière il y avait des étincelles, relatait Nadejda Konenkina du village de Préobrajenska, née en 1890. Rapidement, la terre se mit à trembler et j’entendis un fracas d’une énorme intensité ». Elle se souvenait aussi que d’autres habitants du même village disaient qu’une « planète était tombée ».
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