Cet informaticien suisse a ouvert une ferme d’autruches en Crimée

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Le Suisse Sandro Fontana vit dans un village de montagne isolé. Il a une femme, deux fils et une ferme. Qu’y a-t-il d’inhabituel dans cette histoire? Ce fermier, ancien programmeur, élève des autruches et vit non pas dans les Alpes, mais en Crimée.

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La famille Fontana s’est installée dans la vallée de Baïdar, près de Sébastopol, il y a cinq ans. Cet endroit pittoresque et isolé est souvent surnommé la « Suisse de Crimée ». Sandro l’a appris une fois sur place et en a ri : tout le monde n’a pas la chance de déménager de Suisse en Suisse.

Une épouse russe

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Il a rencontré Aliona sur Internet. Elle avait 28 ans, lui 40. Elle travaillait à Moscou dans le secteur du tourisme, tandis qu’il était programmeur et vivait dans la banlieue de Coire, la capitale du canton des Grisons.

« Pendant trois mois, nous avons discuté des heures d’affilée ! Je ne me souviens même pas avoir autant parlé avec quelqu’un. Puis, je suis venu passer un week-end à Moscou, nous avons visité des musées, nous sommes allés au parc Gorki, et j’ai finalement compris qu’Aliona était la femme de ma vie », raconte Sandro. 

Avant de la rencontrer, le Suisse ne pensait pas à fonder une famille : il étudiait et travaillait beaucoup. Les femmes qu’il voyait autour de lui étaient également axées sur leur carrière.

« Mais Aliona était complètement différente. Elle arrivait à concilier travail et vie. Elle est très facile à vivre, sensible. C’est pourquoi, dès notre première rencontre à Moscou, j’ai décidé de l’épouser », explique Sandro.

Partir en Russie était une idée du Suisse

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Aliona a d’abord déménagé en Suisse. Le couple y a vécu sept ans et a eu deux enfants.

Tout allait bien pour cette famille internationale. Aliona avait trouvé un travail intéressant : elle enseignait la danse et fréquentait la communauté russophone. Leur fils allait dans un groupe de jeux russe. Il n’y avait apparemment aucune raison sérieuse de déménager... Cependant, Sandro en a décidé autrement.

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« J’ai toujours voulu être fermier, travailler la terre. Mais en Suisse, c’est très cher, alors j’ai étudié les possibilités en Russie et j’ai compris : c’est ici qu’il fallait construire une ferme et commencer une nouvelle vie ».

Les parents d’Aliona vivent en Crimée. C’est son père qui a suggéré de créer une ferme d’autruches, car ce créneau n’était pas encore exploité. Sandro a élaboré un business plan et a accepté.

Un business d’autruches

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Le couple a ouvert la ferme « Swiss Yard » il y a trois ans. En raison de la bureaucratie, cela n’a pas été facile, mais l’État a soutenu les agriculteurs débutants en leur accordant une subvention d’un million et demi de roubles (16 850 euros environ) : ils ont acheté du nouveau matériel et ont fait venir huit autruches d’un élevage.

Aujourd’hui, Aliona et Sandro vendent des œufs d’autruche et élèvent des poussins pour les vendre. Les autruches ne sont pas des poules : leur saison de ponte dure de mars à septembre, période pendant laquelle une femelle peut pondre environ 30 œufs. Un œuf pèse environ 1,5 kg et coûte 3 000 roubles (33,70 euros). Or, à la ferme, ils ne restent pas longtemps en stock.

Pendant la saison de ponte, les agriculteurs offrent à leurs invités une omelette maison au parmesan. Un œuf permet de préparer huit portions !

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« L’autruche fournit également une viande savoureuse et nutritive. Sa peau, très résistante, sert à confectionner des chaussures, des sacs et des accessoires. Les griffes d’autruche sont réduites en poudre et utilisées pour polir les diamants. Sans oublier les plumes... ».

Les agriculteurs ont également construit plusieurs maisons d’hôtes avec des fenêtres panoramiques, où il est possible de séjourner et de profiter de la nature. À terme, ils souhaitent construire un terrain de minigolf et aménager un espace de restauration afin d’organiser des excursions gastronomiques et des ateliers.

« Nous voulons que cet endroit magnifique soit aménagé et que nous puissions enfin gagner notre vie. Pour l’instant, je dois encore mener des projets informatiques », avoue Sandro.

En quoi le Suisse s’est-il russifié en cinq ans en Russie ?

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Il y a des choses qui surprennent encore Sandro chez les Russes : « Oh, vos superstitions, vos dictons, vos excuses... Bien sûr, je peux désormais vivre avec. Mais expliquez-moi pourquoi je ne peux pas serrer la main d’une personne au-dessus du seuil de la porte, siffler à la maison, laisser une bouteille vide sur la table, offrir six ou huit fleurs à ma femme ? Pourquoi les gens croient-ils à cela ? ».

Aliona assure que la Russie a changé son mari. Maintenant, il peut dire certaines choses honnêtement et ouvertement, sans les masquer sous des formes polies.

Chaque hiver, la famille se rend en Suisse. Et si sa femme demande à Sandro s’il regrette d’avoir déménagé en Russie, il répond : « Non. La Russie est un pays qui, quoi qu’il arrive dans le monde, peut vivre de manière autonome. Elle dispose de ses propres ressources en eau, en gaz et en pétrole. Je veux que nos enfants aient un bel avenir, et ici, c’est possible ».

La version complète de l’interview est publiée en russe sur le site web de la revue Nation.

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