Comment un traducteur anglais est devenu un blogueur populaire en Russie

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William Hackett-Jones a commencé à apprendre le russe à l’école et vit désormais depuis 20 ans à Saint-Pétersbourg, où il traduit des films hollywoodiens et anime une chaîne humoristique.

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Lorsque Will, alors élève anglais, a décidé d’apprendre le russe en Russie, ses proches ne l’ont pas compris : « Et que feras-tu ensuite avec cette langue ? ».

Or, les années ont passé et il a trouvé quoi faire : sa société Eclectic Translations a traduit en anglais les documents du Forum économique de Saint-Pétersbourg et les nouveautés cinématographiques russes. Aujourd’hui, William Hackett-Jones est un blogueur célèbre et écrit un roman sur la campagne russe.

Pourquoi le russe ?

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Will a grandi dans le comté anglais de Suffolk, dans un village, dans une ferme vieille de 500 ans. Sa mère y a ouvert une petite auberge, qui accueillait toujours de nombreux hôtes insolites.

Will apprenait déjà trois langues étrangères à l’époque, et il a commencé à apprendre le russe à l’âge de 14 ans — cette langue était enseignée dans la nouvelle école où il était inscrit. Cela n’a pas été facile, mais il n’a pas abandonné et parle désormais couramment. « Il est vrai que j’ai encore un accent. Et je fais souvent des fautes de grammaire », se plaint-il.

Will est arrivé en Russie presque par hasard. Au marché de Cambridge, sa mère a rencontré le physicien russe Andreï Gagarine. Elle lui a dit que son fils avait commencé à apprendre le russe, et le scientifique l’a immédiatement invité à venir lui rendre visite à Saint-Pétersbourg.

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« Quand je suis arrivé, Gagarine n’était pas en ville, je me suis installé chez ses amis dans un quartier résidentiel. Ce voyage en 1994 s’est avéré intéressant, mais parfois dangereux : un jour, j’ai été agressé par un homme ivre. La police est arrivée et l’a roué de coups sur place. Oui, ce fut une expérience triste, mais j’y suis retourné ».

Will a commencé à se rendre régulièrement en Russie, puis il est resté vivre à Saint-Pétersbourg.

Femme russe et enfant

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Ses amis lui ont présenté sa future femme. Alexandra enseigne l’anglais et la littérature à l’université. Aujourd’hui, ils élèvent leur fille Katia (diminutif d’Ekaterina).

« À la maison, nous essayons de parler anglais, car Katia maîtrise parfaitement le russe. Elle regarde des dessins animés dans les deux langues ».

La famille célèbre le Noël catholique et le Nouvel An russe. Will essaie de faire découvrir la cuisine anglaise à sa fille.

« L’Angleterre et la Russie ont beaucoup en commun : nous voulons que notre enfant fasse du sport, de la musique, qu’il passe l’été à la campagne, dans la nature ».

Les affaires en Russie

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« On m’invitait souvent à doubler des bandes-annonces et des dessins animés, et presque à chaque fois, le texte était mauvais. J’ai alors compris qu’il existait en Russie un créneau libre : la traduction de qualité vers l’anglais. C’est ainsi qu’est née ma société de traduction Eclectic Translations ».

Will et ses collègues ont réalisé les sous-titres anglais de films tels que Stalingrad de Bondartchouk, Léviathan et Faute d’amour de Zviaguintsev. Ils ont également travaillé sur des classiques soviétiques restaurés, de Guerre et Paix à Requiem pour un massacre.

Le Britannique a également sa propre chaîne YouTube, Шекспир плачет (Shakespeare pleure).

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« C’est une de mes collègues qui en a eu l’idée. Nos premières vidéos étaient consacrées aux mauvaises traductions de films en russe. Et il y en a beaucoup. Par exemple, Very Bad Trip, Mourir peut attendre, Joker, Tenet : c’est à la fois horrible et ridicule. C’est pourquoi Shakespeare pleure sur ce qu’on a fait à sa langue ».

Au fil du temps, Will a commencé à réaliser une série d’entretiens avec des étrangers qui vivent en Russie et parlent russe.

« On m’a demandé d’innombrables fois : pourquoi vivez-vous en Russie ? Je n’avais pas de réponse précise, j’ai décidé de la trouver en discutant avec d’autres personnes ».

Un roman sur la campagne russe

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En été, la famille vit dans un village près de Saint-Pétersbourg. Ce qu’il y a vu l’a inspiré pour écrire tout un roman sur la renaissance d’un village russe grâce à un club nautique.

« Le roman que j’écris aujourd’hui m’est venu à l’esprit en russe. Il parle de la Russie contemporaine et s’adresse aux Russes. Je n’avais pas l’intention de traduire ce livre. Cependant, mes amis américains m’ont dit qu’ils étaient eux aussi très intéressés par sa lecture. Je leur ai répondu : non, il parle des Russes, vous ne le comprendrez probablement pas. Mais ils veulent le lire... ».

Comment 20 ans de vie en Russie l’ont changé

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« Je pense que je suis devenu plus facile à vivre. En Angleterre, tout le monde planifie six mois à l’avance. Ici, la vie n’est pas très prévisible, et il ne vaut pas la peine de faire des plans au-delà d’une semaine ».

De plus, Will a appris des Russes à s’entraider, il est devenu plus gentil et plus réceptif. Il y a treize ans, on lui a diagnostiqué un cancer. Ses amis russes ont immédiatement commencé à lui proposer leur aide concrète : collecte de fonds, recherche de médecins, etc. Heureusement, tout s’est bien terminé.

« Et puis, j’étais auparavant un athée convaincu, mais je comprends maintenant qu’il existe dans le monde quelque chose que nous ne pouvons pas expliquer. Et sur lequel nous n’avons aucune influence — d’où la conception russe du destin. J’ai commencé à lui faire confiance ».

La version complète de cette interview est publiée en russe sur le site web de la revue Nation.

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