Comment un blogueur retraité suisse s’essaie à la vie russe

Archives personnelles; aleks0649/Getty Images
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«Les Européens pensent que nous gelons et mourons de faim ici. Mais je leur montre la Journée de la récolte». Un tournant de vie de l’ancien pilote automobile Martin Josef Schönberger l’a conduit dans le Sud de la Russie.

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« Si on m’avait dit à 20 ans que je déménagerais en Russie à la retraite, je ne l’aurais jamais cru ! Mais au fil des ans, le monde a changé », explique Martin.

Aujourd’hui, il vit avec sa femme russe Galina à la périphérie de Rostov-sur-le-Don, dans une maison privée confortable et entourée de verdure.

La vie russe et une épouse russe

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Martin a rencontré sa future épouse sur Internet il y a 8 ans. Elle avait 49 ans, lui 63. Tous deux avaient une bonne situation : Martin vivait seul et travaillait comme directeur d’un centre commercial. Galina, ingénieure-concepteur de profession, dirigeait une entreprise à Stavropol.

« Galina est une femme magnifique. En général, les femmes russes sont très différentes des Européennes, elles ne sont pas égoïstes, elles sont attentionnées, intelligentes, cultivées », affirme Martin.

Avec Galina, il a senti pour la première fois qu’on l’aimait. Et il a été surpris lorsque sa femme lui a facilement fait sa valise avant les vacances, ce à quoi il n’était pas habitué.

Cependant, Martin a également su surprendre Galina : depuis le premier jour, il prépare le petit-déjeuner et fait volontiers les tâches ménagères, même lorsqu’il rentre fatigué du travail.

Au début, le couple vivait en Suisse, mais il a ensuite déménagé en Russie, dans la ville natale de Galina, Stavropol.

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Quand et pourquoi avoir décidé de déménager en Russie ?

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Martin est membre du parti de l’Union démocratique du centre, qui souhaite préserver la Suisse traditionnelle. En 1992, ils étaient les seuls opposants à l’adhésion de la Suisse à l’Union européenne. Aujourd’hui, l’UDC a toujours les mêmes opinions, mais le monde qui nous entoure change et toutes les tendances pénètrent dans le pays.

« Nous avons déménagé en 2022. La situation en Suisse se détériorait rapidement. J’ai compris que je ne voulais plus voir cela, qu’il fallait partir ».

Le parti de Martin prône l’amélioration des relations avec la Russie et la levée des sanctions. Martin continue de s’impliquer dans tout cela, il est désormais expert de la Russie.

Il a une chaîne sur TikTok, qui est certes régulièrement bloquée — on l’accuse de « propagande russe », mais Martin continue obstinément à la gérer. Il réalise des sessions en direct et répond à des questions sur la vie locale : combien coûte l’essence, combien coûte une visite chez le médecin, comment se déroulent les fêtes.

« Il y a beaucoup de mythes à notre sujet en Europe. Les principaux sont que nous mourons de faim et de froid ».

« Je dis toujours la vérité, les avantages comme les inconvénients. J’ai choisi la Russie parce qu’il y a plus d’avantages pour moi ici ».

Le Suisse a beaucoup aimé Stavropol : il y fait chaud, c’est verdoyant et les gens sont très accueillants. Il s’y est senti comme chez lui.

Puis, la fille de Galina issue d’un premier mariage s’est mariée à Rostov-sur-le-Don (Martin a lui aussi des enfants adultes en Suisse). Ils ont alors décidé de se rapprocher d’elle. En trois ans, Martin s’est bien installé à Rostov. Il a des vendeurs qu’il connaît dans les magasins, « son » coiffeur, « ses » agriculteurs au marché.

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Pilote automobile à la retraite

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Dans sa jeunesse, Martin avait son propre groupe de musique, qui occupe toujours une place importante dans sa vie

« Ce que j’aime le plus, c’est l’hymne russe. Il est magnifique, solennel, il me fait vibrer intérieurement, il me donne des frissons ! L’hymne est le principal symbole musical de la Russie. Il reflète le caractère russe ».

Toutefois, sur l’insistance de son père, Martin n’a pas lié sa vie à la musique, il a suivi une formation de mécanicien automobile, a travaillé dans un garage et s’est finalement tourné vers le sport automobile. En 1977, à l’âge de 22 ans, il a remporté la première place en Formule Renault.

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Cependant, peu après, Martin a été victime d’un grave accident et s’est retrouvé cloué dans un fauteuil roulant pendant trois ans, ne pouvant bouger que la tête. Les médecins disaient qu’il n’avait aucune chance, mais petit à petit, il s’est complètement rétabli.

« Martin atteint toujours ses objectifs », assure Galina avec admiration. Elle avoue que sur les routes de Rostov, où les chauffards sont légion, Martin, retraité, redevient parfois un pilote de course...

Ce qui lui a plu et surpris en Russie

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Avant de rencontrer Galina, Martin savait peu de choses sur la Russie : il avait vu quelques films et regardé la Formule 1 à Sotchi.

« Je connaissais aussi Poutine. Qui ne le connaît pas ? Le seul homme de la politique contemporaine. On nous disait également que les gens étaient aussi froids que l’hiver russe. Mais ce n’est pas vrai ».

Ce qui a vraiment surpris Martin en Russie, c’est la médecine : « Nulle part en Europe vous ne pouvez vous faire arracher une dent pour mille roubles [10 euros] ». Et puis, pour 50 000 roubles (500 euros), il a subi une opération qui aurait coûté près d’un million en Suisse (10 000 euros).

« J’aime aussi le fait qu’il n’y ait pas de taxe sur les animaux domestiques en Russie. Les prix des services publics sont bas, l’essence est beaucoup moins chère. Il y a un grand choix de produits fermiers. Il y a beaucoup d’endroits gratuits pour se détendre, pour pêcher. Il y a aussi des crèches gratuites et l’enseignement supérieur gratuit. En Suisse, vous devez même payer pour aller à la plage municipale ».

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Dans la cuisine russe, Martin apprécie particulièrement le bortsch. Il a toutefois eu du mal à s’habituer aux longs repas russes avec leurs nombreux plats.

« En Russie, je suis devenu plus ouvert, plus détendu. Si, par hasard, j’enfreins certaines règles, je dis : je suis déjà russe à 10%. Et puis, je suis devenu très blagueur. Les Russes sont tellement contents quand ils entendent une bonne blague ! ».

La version complète de l’interview est publiée en russe sur le site de la revue Nation.

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