Témoignage d’un scientifique indien ayant fait de la Russie sa nouvelle patrie

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Le docteur en biologie Vishnu Rajput et son épouse vivent et travaillent à Rostov-sur-le-Don: à l’Université fédérale du Sud, ils s’occupent des questions liées à la dépollution des sols et des plans d’eau.

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Vishnu Rajput est originaire de l’Uttar Pradesh, une région agricole densément peuplée de l’Inde. Son père possédait des plantations de riz et de haricots, où il a passé toute son enfance. En observant le monde végétal, il a compris qu’il voulait consacrer sa vie à la biologie et s’est inscrit dans l’une des meilleures universités indiennes, l’Université d’agriculture et de technologie Chandra Shekhar Azad.

Après ses études, il est parti en Chine pour travailler sur sa thèse de doctorat. Il y a rencontré la professeure russe Tatiana Minkina, qui dirige le département de pédologie et d’évaluation des ressources du sol de l’Académie de biologie et de biotechnologie de l’Université fédérale du Sud (UFU) et dirige le laboratoire « Santé des sols ».

C’est elle qui a proposé à l’Indien un poste à Rostov. En 2016, il s’est donc installé en Russie et a commencé des travaux de recherche dans le domaine des nanomatériaux en agriculture.

Célèbre scientifique russe

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Aujourd’hui, Vishnu travaille sur les biocharbons (ou biochars). Il s’agit d’un matériau obtenu par la combustion de déchets agricoles à une température d’environ 600 degrés dans un environnement sans oxygène.

« J’ai eu l’idée de combiner les nanomatériaux et le biocharbon pour obtenir un matériau composite favorisant la restauration des sols. Ce projet en est à sa deuxième année dans le cadre du programme national de soutien aux universités de la Fédération de Russie "Priorité 2030". J’en suis le responsable ».

Il s’occupe également de questions écologiques importantes, notamment la lutte contre l’augmentation de la toxicité des sols due aux nanoplastiques qui se retrouvent dans les plantes et l’organisme humain.

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Le Dr Rajput, 43 ans, fait partie des 2% des scientifiques les plus cités au monde selon l’université de Stanford. Tout cela grâce à ses travaux scientifiques réalisés à l’Université fédérale du Sud.

« En Inde, je suis assez connu, j’interviens en tant que scientifique dans 17 organisations et universités. En Russie aussi, je suis très respecté lorsque je fais des exposés lors de conférences, à l’Université de Moscou, de Saint-Pétersbourg, de Tomsk et dans d’autres villes ».

Vishnu s’est également fait connaître en tant que vulgarisateur scientifique : sur ses réseaux sociaux, il explique des sujets complexes dans un langage simple et compte de nombreux abonnés à travers le monde.

Des enfants russes de parents indiens

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Il a rencontré sa femme Priya de manière traditionnelle : ses parents ont organisé un rendez-vous pour faire connaissance. Tout cela quelques jours avant son départ. « Belle, intelligente, bienveillante, elle parle plusieurs langues et est ingénieure de formation. J’ai tout de suite compris que c’était ma future femme », se souvient le scientifique.

Au début, Priya était retenue par son travail à New Delhi et ses perspectives de carrière, mais elle a décidé de prendre le risque de partir dans un nouveau pays, sans connaître la langue. Neuf ans plus tard, elle parle très bien russe et travaille à l’université avec son mari.

Le couple a deux enfants : leur fils aîné, Darsh, a sept ans, et leur fille, Drishni, n’en a pas encore un. Ils sont nés en Russie. Le garçon parle couramment le russe, l’hindi et l’anglais.

« Nous l’emmenons avec nous au marché et dans les magasins pour faire les courses, il nous sert d’interprète. D’ailleurs, il parle russe dans ses rêves », racontent ses parents.

Comment vit un scientifique indien en Russie ?

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« Enfant, je rêvais de voir Moscou. Je savais que c’était l’une des plus belles villes du monde. Je l’ai vue, et même plusieurs fois, comme beaucoup d’autres villes russes. Mais c’est Rostov que je préfère », affirme Vishnu.

Il aime son travail, et l’université aide beaucoup la famille du scientifique : elle lui a accordé un appartement qu’il paye à crédit et a inscrit son fils dans une bonne crèche.

« Au travail, nous avons toujours senti un soutien, nous avons là-bas, pour ainsi dire, une deuxième grande famille ».

Les Indiens ont l’habitude de tout manger avec des épices et, au début, la cuisine russe semblait donc fade à la famille Rajput. Cependant, leur fils s’est habitué à ce type d’alimentation à la crèche, et ses parents ont également dû s’y adapter en partie.

« Maintenant, la cuisine indienne se mélange à la cuisine russe dans notre famille. Au déjeuner, nous pouvons avoir du bortsch et du poulet au curry. J’adore les pirojkis [petits pains fourrés] aux pommes de terre et les crêpes », dit en riant le chef de famille.

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Au fil des années passées en Russie, l’Indien est devenu plus calme, moins explosif. Même sa mère lui dit qu’il « fait déjà beaucoup de choses comme un Russe ». Vishnu est d’accord : dix ans en Russie ne pouvaient pas passer sans laisser leur empreinte.

La version complète de l’interview est publiée en russe sur le site du magazine Nation.

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