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Comment un ancien officier de la Royal Navy s’est-il installé dans la campagne russe?

Graham Fraser entouré de ses fils à leur datcha
Archives personnelles
«En Angleterre, les gens restent des enfants jusqu’à la vieillesse. En Russie, ils deviennent adultes», affirme Graham Fraser.

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Après avoir définitivement jeté l’ancre, cet ancien officier de la marine de guerre du Royaume-Uni a choisi de s’installer à Stavropol, dans le sud de la Russie. Il ne le regrette absolument pas. Il y a trouvé un bon travail, fondé une famille et acquis une datcha où il élève de la volaille et des lapins. De toute évidence, il vit dans la sérénité.

Premiers contacts avec la Russie

Graham Fraser est né à Glasgow et s’est engagé dans la Royal Navy parce qu’il voulait voyager. Il lui a été donné de voir du pays, dont le port russe de Novorossiïsk.

« C’était en 2001. Nous étions à quai lorsqu’une enseignante du supérieur nous a invités à converser avec des étudiants qui apprenaient l’anglais. Nous avons accepté et été très surpris ! Les gens étaient cultivés, hospitaliers, tranquilles... »

L’officier britannique ne savait presque rien de la Russie. « On nous avait dit que la Russie était un pays pauvre, où les grand-mères vendaient du lait dans la rue. Quand nous sommes arrivés dans le centre de Novorossiïsk, nous avons vu la pauvreté mais les gens étaient très agréables ».

Le lieutenant de la Royal Navy Graham Fraser (à gauche), 2003
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Graham Fraser a quitté la marine après 7 ans de service. Mais, il ne savait pas dans quel domaine se reconvertir. Il a décidé de devenir enseignant d’anglais. Il a suivi une formation et s’est installé en Russie.

Pourquoi Stavropol?

Graham Fraser avoue s’être établi dans la région de Stavropol par hasard. En 2004, année où il a trouvé un emploi de professeur dans une école internationale de langues, on lui a demandé dans quelle ville de Russie il voulait aller travailler. Tout ce qu’il savait était qu’il ne voulait pas Moscou. On lui a alors proposé Stavropol.

« Les gens pensent souvent à tort que Stavropol, c’est vraiment la province. Dans certains quartiers, c’est un Las Vegas russe. Tout y est beau et à la mode. Le centre est très vert. Il y a de nombreux nouveaux quartiers où tout est plutôt bien pensé pour la vie, surtout comparé au Royaume-Uni d’aujourd’hui. J’y étais justement récemment en vacances. J’ai pu comparer et me suis persuadé une nouvelle fois que c’est mieux ici », nous dit Graham Fraser.

Dans les grands espaces de la région de Stavropol
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Le plus surprenant en Russie?

« Ici, la société n’est pas aussi stratifiée qu’au Royaume-Uni. Un alcoolique peut vivre dans le même immeuble qu’un homme d’affaires. Au Royaume-Uni, chacun veut grimper dans la hiérarchie sociale et méprise les autres. Même dans les transports en commun, on voit combien la société est divisée : on voit qui est qui ».

L’enseignant britannique nous dit que la Russie a beaucoup changé depuis qu’il y vit. « Je le vois ne serait-ce qu’à Stavropol. Je vis sur une place dans le centre de la ville. Avant tout y était en mauvais état. Aujourd’hui, les trottoirs ont été refaits, l’éclairage public fonctionne, des jardinières embellissent la place. Les services publics sont aussi plus efficaces : le fisc, le cadastre, les services administratifs rendus au guichet unique. Tout est beaucoup plus simple qu’avant et on peut faire toutes les démarches par internet  ».

Une femme russe et une vie russe

Graham Fraser a rencontré sa femme Irina à l’école de langues où ils travaillaient tous les deux. Elle lui a immédiatement plu, mais elle était très occupée. À l'époque, il parlait très mal russe et il ne savait pas comment engager la conversation. Un jour, il lui a demandé de l’accompagner s’acheter de nouveaux vêtements parce que la compagnie aérienne avait perdu sa valise. Elle a accepté ...

Lune de miel à Bangkok, 2009
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Ils se sont mariés en 2009 et ont deux enfants. Graham Fraser et ses fils fabriquent eux-mêmes leurs meubles et s’occupent de leur datcha où ils élèvent lapins, poules et canards.

« En Angleterre, je n’aurais pas cette vie-là. Là-bas, l’équivalent des datchas, c’est une parcelle de terre qui fait deux ares tout au plus, que l’on prend en location et sur laquelle on peut, au mieux, construire une remise. Ici, on a de l’espace ».

Graham Fraser avec son fils Mark et l’oncle de sa femme, « pêcheur expérimenté, vigneron et gentleman farmer», 2012
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Graham Fraser reconnaît que 20 ans de vie en Russie l’ont beaucoup changé. « Je ressemble toujours à un anglais et cela s’entend à mon accent. Mais, j’ai un peu mûri comme les Russes de mon âge : je tiens ma petite exploitation, je suis père de famille. Pour moi, c’est très important. La datcha, l’appartement, ce que je fais de mes mains. C’est comme si j’avais ma planète où je suis le chef ».

La version complète de cette interview a été publiée dans le journal Nation Magazine.

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