Qu’est-ce que la Présentation dans la tradition orthodoxe et slave?
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La Présentation dans l’orthodoxie
Dans ce contexte, le mot « présentation » signifie en réalité « rencontre ». Qu’est-ce donc ?
Le quarantième jour après la naissance de Jésus, ses parents, Joseph et Marie, ont porté l’enfant au Temple de Jérusalem. Selon la loi, quarante jours après sa naissance, un enfant devait être consacré à Dieu (l’unique dieu juif) et un sacrifice devait être réalisé, c’est pourquoi Joseph a également apporté deux jeunes colombes.
Au temple, est alors survenue la rencontre entre Jésus et Siméon, un prêtre qui a reconnu le Christ en l’enfant. Selon la légende, Siméon était très âgé (il aurait vécu plus de 300 ans) et attendait l’apparition de Jésus depuis longtemps. Reconnaissant dans l’enfant le Messie à venir et le prenant dans ses bras, il a déclaré : « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël ». À la mère de Jésus, Marie, frappée par ces paroles, Siméon a ensuite expliqué que son enfant serait la cause de « la chute et de la rébellion de beaucoup en Israël » et que son apparition serait « un sujet de discorde ».
Cependant, la Présentation est avant tout un événement joyeux : selon la tradition orthodoxe, l’humanité (en la personne du vieillard Siméon) a rencontré Dieu ce jour-là. D’après les textes, une veuve de 84 ans, la prophétesse Anne, se trouvait également dans le temple à ce moment-là : elle aussi aurait reconnu le Christ et aurait commencé à annoncer sa venue à tout le monde à Jérusalem, dans la joie.
Selon les règles du service divin orthodoxe, lors de la Présentation, sont obligatoirement consacrées des bougies spéciales, symbole principal de la fête, symbole de la lumière divine que Jésus apporte au monde en y apparaissant. Les bougies avaient également une signification particulière pour la fête « populaire » de la Présentation.
La Présentation dans la tradition populaire
Comme beaucoup d’autres fêtes orthodoxes, chez les paysans russes, la Présentation était dotée de sa propre signification, basée sur le nom de cet événement et son sens de « rencontre ». Selon la conception populaire, ce jour est en effet la rencontre de l’hiver et de l’été.
Cela se reflétait dans le « régime de travail » de l’époque : le jour même de la Présentation, il était interdit de quitter son domicile et de travailler. En revanche, le lendemain, le 16 février, était respecté le jour des Potchinki (traduit du vieux russe par « commencement »). Alors, tôt le matin, les paysans se levaient et commençaient à se préparer pour la nouvelle année agricole, en vérifiant tout d’abord les outils de travail et en harnachant les chevaux, d’où la ritournelle : « à Potchinki, le grand-père se lève à l’aube – il répare le harnachement d’été et l’araire centenaire ».
Le jour de la Présentation symbolisait ce que serait l’année à venir, et plus le temps était chaud, plus il serait doux tout au long du printemps. Pour deviner le temps qu’il ferait, la veille de la Présentation, les enfants du village se réunissaient donc sur une colline et « demandaient » au Soleil d’apparaître derrière les nuages du couchant. Si les nuages s’écartaient vraiment, cela était considéré comme un bon présage et promettait une année chaude.
Les croyances populaires accordaient par ailleurs un pouvoir particulier à l’« eau de la Présentation », puisée dans un trou de glace la nuit précédant cet événement – elle était considérée comme presque aussi curative que l’eau du baptême. L’eau était ensuite aspergée sur les parents et le bétail malades, les enfants s’y baignaient et en buvaient.
Les cierges de la Présentation consacrés à l’église étaient également considérés comme une puissante amulette. Dans les croyances slaves occidentales, ces bougies étaient appelées « gromnitsa » – on pensait qu’elles chassaient les forces maléfiques et servaient à protéger la maison des orages et de la foudre (« grom » signifie en russe « tonnerre »). Les paysans russes conservaient ces bougies dans le coin rouge (nom de l’endroit où se trouvait l’autel domestique dans le foyer traditionnel), sur l’étagère derrière les icônes, et les allumaient lors des prières particulièrement importantes pour la famille.
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