Pourquoi des villes russes ont si souvent changé de nom?

Pourquoi des villes russes ont si souvent changé de nom?
Russia Beyond (Photos : Pixabay)
Au cours d’un seul siècle, la ville de Saint-Pétersbourg est d’abord devenue Petrograd, puis Leningrad, pour finalement retrouver en 1991 son nom historique. Et ce n’est qu’un seul exemple parmi tant d’autres. Explication.

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La Grande Guerre s’est accompagnée d’une poussée d’anti-germanisme et les noms de plusieurs villes ont alors été modifiés, Saint-Pétersbourg devenant en août 1914 Petrograd (ville de Pierre) et Ekaterinenstadt (près de Saratov, sur la Volga) s’est vu rebaptiser en Ekaterinograd (ville de Catherine).

Ensuite, les toponymes ont été massivement changés pendant les années 1920-30, à l’issue de la révolution et de la guerre civile. Les appellations liées au régime tsariste ont alors été substituées par celles honorant les fondateurs du marxisme et les grandes personnalités soviétiques :

  • Ekaterinograd → Marxstadt (1920) → Marx (1942)
  • Ekaterinodar (don de Catherine) → Krasnodar (don rouge, 1920)
  • Iambourg → Kingissepp (en l’honneur d’un révolutionnaire estonien, 1922)
  • Ekaterinbourg → Sverdlovsk (d’après Iakov Sverdlov, 1924)
  • Simbirsk → Oulianovsk (du vrai nom de Lénine, né Oulianov, 1924)
  • Tsaritsyne (de la tsarine) → Stalingrad (1925)
  • Tver → Kalinine (d’après Mikhaïl Kalinine, 1931)
  • Novokouznetsk → Stalinsk (1932)
  • Nijni Novgorod Gorki (1932)

En 1945, à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, la Prusse orientale est rattachée à l’URSS et, sans surprise, ses toponymes ont été soviétisés.

  • Königsberg → Kaliningrad (1946)
  • Pillau → Baltiïsk
  • Tilsit → Sovetsk (du mot « soviet »)

En 1948, ont été modifiés les noms de l’isthme de Carélie, pour consolider les résultats des traités de paix avec la Finlande.

  • Atrea → Kamennogorsk (ville de pierres)
  • Käkisalmi → Priozersk (proche de lacs)
  • Koivisto → Primorsk (proche de la mer)
  • En 1956, suit la fin du culte de Staline et son nom disparaît des toponymes.
  • Stalingrad → Volgograd (1961)
  • Stalinsk → Novokouznetsk (la ville retrouve son nom!)

Le même sort est réservé aux villes appelées d’après ses proches.

  • Molotov (d’après le révolutionnaire et homme d’État Viatcheslav Molotov) → Perm (le nom a été restitué à la ville en 1957)
  • Vorochilov (honorant l’homme d’État Kliment Vorochilov) → Oussourisk
  • Tchkalov (Valeri Tchkalov, pilote d’essai) → Orenbourg
  • La ville de Gjatsk, non loin de laquelle est né le premier cosmonaute de l’histoire, a été rebaptisée en Gagarine en 1968, tout de suite après sa mort.  

Sous l’ère de la perestroïka (1985-1991), plusieurs villes ont enfin retrouvé leurs noms historiques :

D’ailleurs, contrairement aux villes homonymes, les régions de Leningrad et de Sverdlovsk ont préservé leur nom soviétique. Et, par exemple, la ville qui a porté sous l’URSS le nom d’Ordjonikidze (révolutionnaire bolchévique géorgien et homme politique soviétique), a reçu en 1990 deux appellations: Vladikavkaz en russe et Dzaoudjikaou en ossète.

Dans cette autre publication, découvrez comment le cœur du pays a changé à travers les âges.

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