Six figures de la scène artistique française issues de l’Empire russe
Outre sur Telegram, Fenêtre sur la Russie diffuse désormais du contenu sur sa page VK! Vidéos, publications dédiées à l’apprentissage du russe et plus encore dans notre communauté
Nathalie Sarraute
Cette femme de lettres française naît dans la ville d’Ivanovo-Voznessensk, au sein de l’Empire russe, dans la famille de l’écrivaine Pauline Chatounowski et de l’ingénieur Ilia Tcherniak. Les parents divorcent lorsque Nathalie n’a que 2 ans. D’abord confiée à sa mère, la future figure de proue du Nouveau Roman suit cette dernière à Genève, puis à Paris et à Saint-Pétersbourg.
Néanmoins, la cohabitation avec la nouvelle famille de Pauline s’avère difficile. Nathalie finit par rejoindre son père en France, où il s’est déjà installé. Dès lors, toute sa vie — personnelle, professionnelle et littéraire — sera profondément enracinée dans l’Hexagone.
Serge Lifar
La future étoile du ballet français du XXe siècle naît à Kiev, dans l’Empire russe, dans la famille d’un fonctionnaire. Dès son plus jeune âge, le garçon chante dans la chorale de l’église, suit des cours particuliers de violon et étudie le piano au conservatoire. À 17 ans, il rencontre Bronislava Nijinska, professeur de ballet et sœur du célèbre danseur et chorégraphe Vaslav Nijinski. Un an plus tard, il part pour Paris avec ses autres élèves.
Dans la capitale française, le jeune talent participe aux Saisons russes de Serge Diaghilev. Après la mort de l’impresario, il est admis à l’Opéra de Paris et est ensuite devenu son danseur étoile, puis son chorégraphe principal et son maître de ballet.
Lire aussi : Ces Français, lauréats du prix Lénine pour la Paix
Elsa Triolet
De son vrai nom Ella Kagan, cette lauréate du prix Goncourt naît à Moscou dans une famille intellectuelle : son père, Iouri Kagan, est avocat, sa mère, Elena Berman, professeur de musique. Sa sœur Lilya, connue sous le nom de Lili Brik, s’impose comme une figure majeure de l’avant-garde russe et muse du poète Vladimir Maïakovski. Toutes deux bénéficient d’une éducation brillante, maîtrisent plusieurs langues et nourrissent une passion commune pour la littérature.
Au cours de la guerre civile russe, Elsa rencontre l’officier français André Triolet, qu’elle épouse. Le couple quitte la Russie pour s’installer en France. Sept ans après leur divorce, Elsa rencontre Louis Aragon, dont elle devient l’épouse et la muse.
Joseph Kessel
Joseph Kessel naît en Argentine dans une famille d’émigrés de l’Empire russe : le médecin Samuel Kessel, originaire de Lituanie, et son épouse Raïssa Lesk. Ses proches du côté maternel étaient originaires d’Orenbourg. Étant enfant, Joseph passe plusieurs années de sa vie dans cette ville russe. Finalement, les Kessel s’installent en France à Nice, où Joseph obtient son baccalauréat. Il entre à la Sorbonne et s’engage dans le journalisme et la littérature.
En France, Kessel interagit beaucoup avec d’autres émigrés russes. Pendant la guerre civile russe, il participe à l’intervention des Forces alliées en Extrême-Orient russe. Après l’instauration du pouvoir soviétique, il se rend au pays de ses ancêtres en tant que journaliste étranger et rédige des reportages à son sujet.
Maurice Druon
Le véritable père de Maurice est Lazare Kessel, l’un des frères cadets de Joseph Kessel. Après le déménagement des Kessel en France, Lazare se consacre au théâtre, mais sa vie s’interrompt brutalement par un suicide. Maurice est son fils illégitime, né de Léonilla Samuel, qui épouse plus tard le notaire René Druon.
Bien que Lazare ne reconnaisse jamais son fils, Joseph entretient une relation étroite avec Maurice et exerce sur lui une influence profonde. Pendant la Seconde Guerre mondiale, aux côtés de son oncle et de l’émigrée russe Anna Marly (Betoulinskaïa), Maurice participe à la création du célèbre Chant des Partisans, qui devient l’hymne de la Résistance française.
Lire aussi : Pourquoi la noblesse russe parlait-elle français?
Nadejda Leger
Nadejda Leger, figure emblématique de l’avant-garde du XXe siècle, naît sous le nom d’Ermolaïeva dans un village de l’Empire russe, sur le territoire de l’actuelle Biélorussie, puis déménage à Smolensk. Sa famille, nombreuse et pauvre, vit modestement : son père gagne sa vie en vendant de la vodka.
Ceci n’empêche pas Nadejda, attirée dès son plus jeune âge par l’art, de devenir élève de Kasimir Malevitch. Elle poursuit ensuite ses études de peinture en Pologne puis en France. Lors de son séjour dans l’Hexagone, elle rencontre Fernand Léger. D’abord collaborateurs sur des projets créatifs, ils tombent bientôt amoureux et se marient. Après la mort de son époux, Nadejda devient la gardienne de son héritage artistique.
Dans cette autre publication, découvrez comment Léon Tolstoï a illustré (en amateur) l’un des romans de Jules Verne.