
Сinq métiers curieux exercés dans la Russie d’Ancien Régime
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Cracheur de graines

En russe moderne, « cracher au plafond » ou même simplement « cracher » ont le sens de négliger son travail ou de rester oisif. Dans le passé, savoir cracher correctement était un métier respecté et bien rémunéré. Avant l'essor de la culture de la pomme de terre en Russie, au milieu du XIXe siècle, le légume le plus répandu était le chou-rave. Le goût de cette brassicacée rappelle de loin celui de la pomme de terre. Pour la faire pousser, il faut d’abord semer ses petites graines. Les semer à la main est une tâche qui exige labeur et méticulosité. Un jour, il est venu à l'idée d'un paysan de semer les graines de chou-rave en les crachant dans les sillons. C'est une méthode plus rapide et efficace à condition de bien calculer la distance du crachat.
Ramasseur de sangsues

Avant la Révolution d'Octobre, la Russie était une grande exportatrice de... sangsues. Elle en expédiait jusqu’à 120 millions par an en Europe. Ce commerce rapportait au Trésor 6 millions de roubles argent, ce qui était comparable aux revenus générés par l’exportation de blé. Tous les moyens étaient bons pour attraper ces vers. Par exemple, les ramasseurs entraient dans l’eau en imitant un troupeau de vaches. La méthode la plus simple et la plus efficace était de rester debout, de l’eau jusqu’au-dessus du genou, et d’attendre que les sangsues viennent mordre. Il était strictement interdit de ramasser des sangsues durant la période de leur reproduction, de mai à juillet.
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Tueurs de chats et de chiens

En ville comme à la campagne, ces tueurs échangeaient des marchandises de petite valeur contre des chats et des chiens. Ces animaux domestiques étaient recherchés pour leur fourrure. Celle des chats, avec laquelle on faisait des porte-monnaie, s’appelait « kalatkovy » (du verbe колотить / battre, frapper) ; et celle des chiens, qui servait à faire des manteaux et des chapeaux, « storochkovy » (du verbe сторожить / garder). Ce métier, peu honorable et peu considéré, était généralement exercé par les plus pauvres. Pour améliorer leurs maigres revenus, ils n’hésitaient pas à voler des animaux. On peut avoir l’impression que, dans la Russie d’Ancien Régime, on accordait plus d’attention aux sangsues qu’aux chats et aux chiens. Après la Révolution d’Octobre, cette profession disparut progressivement.
Colporteur

Ce métier est attesté en Russie depuis le début du XVIIIe siècle. On ne trouve plus guère la racine du mot « офеня » (afenia) que dans l’expression « ботать по фене » (botat’ pa fenié) qui signifie parler la langue des voleurs. Les colporteurs vendaient des livres, des images et de petits objets. Ils allaient de village en village, proposaient leurs marchandises en criant. Ils colportaient aussi les nouvelles et les rumeurs. Ils parlaient entre eux une langue qu’ils étaient les seuls à connaître.
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Fabricants de queues de loup

Fabriquer de fausses queues de loups avec de la vraie fourrure de loup n’était pas à proprement parler un métier. Il s’agissait plutôt d’une activité occasionnelle très lucrative. Dans la description qu’il donna en 1859 de son voyage dans le Caucase, Alexandre Dumas la mentionne : « La quantité de loups qui désolaient certains districts de Russie avait fait accorder une prime de cinq roubles par chaque loup tué. La prime se payait sur la présentation de la queue. Au recensement de l’année 1857, on s’aperçut que l’on avait payé plus de cent vingt-cinq mille roubles en prime. Cela faisait cinq cent mille francs. On trouva que c’était beaucoup de loups. On fit une enquête, et l’on reconnut qu’il y avait à Moscou une fabrique de fausses queues de loups, imitant si bien les véritables, que les gens chargés du payement s’y étaient trompés. Aujourd’hui la prime est abaissée à trois roubles, et l’on exige la tête tout entière ».
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