Trois anciennes professions de Russie qui n’existent plus
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Cracheur
Avant l’apparition de la pomme de terre en Russie, le légume-racine le plus populaire était le navet, facile à cultiver, à récolter et à cuisiner. Le seul hic était la plantation. Les graines de navet sont petites, plus d’un million par kilo, et il faut en planter une à la fois – le navet en forte densité pousse mal. Il fallait donc planter des hectares entiers de navets ! C’est pourquoi il existait un métier, celui de « cracheur ». Il marchait le long du sillon et crachait les graines dans le sol. Cela demandait beaucoup d’habileté : calculer la force et la distance du crachat, une distance régulière entre les graines – tout cela s’obtenait après des années d’entraînement. Les cracheurs ont été relégués au passé au XVIIIe siècle, lorsque la planteuse de navets a été inventée.
Raïochnik
Un raïok était une boîte en bois avec deux lentilles grossissantes sur le devant et à l’intérieur de laquelle des images étaient feuilletées ou tournées sur deux rouleaux. Les raïoks étaient apportés dans les foires, les festivités et auprès de toutes les foules désireuses de s’amuser un peu pour une petite somme d’argent. Le raïochnik, c’est-à-dire l’« opérateur » de ce dispositif, tournait une manivelle, ce qui faisait bouger les images, et racontait des blagues rimées et des boutades sur chaque histoire.
Les premiers raïoks reprenaient généralement des histoires bibliques, comme l’expulsion d’Adam et Ève du jardin d’Éden, d’où leur nom, tiré du mot « raï » (рай, paradis). Cependant, aux XVIIe et XVIIIe siècles, les images se sont multipliées. Villes lointaines, portraits de peuples indigènes et de monstres, contes de fées pour enfants et enfin images obscènes pour adultes se sont retrouvées dans les raïoks qui, avec l’avènement de la photographie et du cinéma, ont ensuite cessé d’être des divertissements populaires.
Pleureuse
Les pleureuses « travaillaient » avant tout lors des funérailles – depuis des temps anciens, en Russie, l’on pensait qu’il était non seulement honteux, mais aussi dangereux de ne pas pleurer un défunt comme il se doit. Les pleureuses avaient nécessairement les cheveux dévoilés et hirsutes – ce qui, dans la vie ordinaire, n’était pas permis aux femmes. Elles ne se contentaient pas de pleurer de manière habituelle, mais de façon mélodieuse, comme une chanson. Cet apprentissage se faisait dès le plus jeune âge, le métier de pleureuse étant assez lucratif et se transmettant de mère en fille. Les pleureuses étaient nécessaires aussi en-dehors des funérailles ! Lors de la cérémonie d’adieu à la mariée, lorsque la jeune fille quittait son foyer pour rejoindre celui de son mari, il arrivait que la mariée elle-même ne verse pas une seule larme, car pour la plupart des gens, cet événement était très joyeux. Les pleureuses étaient donc indispensables. Elles n’ont disparu des villages russes qu’à la fin du XIXe siècle.
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