Non, Saint-Pétersbourg n’a pas été construite sur des marais!
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Ce n’est un secret pour personne, le premier empereur russe, Pierre le Grand, était obsédé par la navigation et rêvait de faire du pays l’une des puissances maritimes les plus influentes au monde. L’ancienne capitale, Moscou, n’était pas adaptée à ces objectifs ambitieux. Par conséquent, le tsar a décidé d’en construire une nouvelle dans le delta de la Neva. Ce fleuve de Russie occidentale relie le lac Ladoga - le deuxième plus grand de Russie - à la mer Baltique. Aux VIIIe-XIIIe siècles, la route commerciale « des Varègues aux Grecs » passait le long de la Neva, reliant la Scandinavie à l’empire byzantin.
En langue finnoise, « Neva » se traduit par « marais ». C’est peut-être la raison pour laquelle il est généralement admis que la « ville construite sur la Neva » est en fait bâtie sur des marais.
Néanmoins, ce territoire est habité depuis des temps immémoriaux et il est peu probable que des hommes se soient installés littéralement au milieu des marais. Au début, ces terres étaient habitées par des peuples finno-ougriens, puis elles ont été colonisées par les Slaves orientaux. Plus tard, cette région est passée « de main en main » - des Russes aux Suédois et vice versa. À l’issue de la Guerre du Nord (1700-1721), Pierre Ier a finalement intégré ces terres à son empire. Avant la construction de Saint-Pétersbourg, au confluent de la rivière Okhta avec la Neva, se dressaient la ville suédoise de Nyen et sa forteresse, Nyenskans (« Fort de la Neva »).
Après avoir conquis Nyenskans, Pierre a affecté les terres autour de l’Okhta afin d’y mener un chantier. De plus, le tsar a fondé ici, sur la petite île aux Lièvres, sa propre forteresse appelée Pierre-et-Paul. Cette fortification, située au point le plus large de l’embouchure de la Neva, permettait de contrôler les deux principaux bras du fleuve.
Les rives des bras de la Neva étaient en effet marécageuses, envahies de roseaux et de laîche. Pour dominer la nature, les constructeurs de Pierre le Grand ont dû ériger des remblais aussi hauts que possible, les renforcer avec des pieux et des étais, et les « habiller » de granit. Le lit de la Neva devait être nettoyé et redressé.
À cette époque, des zones marécageuses ont également été trouvées sur le territoire des îles du Saint-Pétersbourg moderne, par exemple sur les îles Vassilievski et Krestovski, ainsi que sur le site du Jardin d’été moderne et près de l’artère centrale de la ville, la perspective Nevski. Pour drainer le sol, les bâtisseurs ont creusé des canaux, comblant de petites rivières et ruisseaux. Soit dit en passant, l’un des endroits les plus secs était la place Vosstania (place de l’Insurrection) moderne : une forêt dense poussait à proximité.
Mais ce qui a causé le plus de problèmes à la nouvelle capitale du pays, ce sont les inondations. La ville a été construite dans une plaine (dans les basses terres) et ses zones centrales sont situées à seulement 1-5 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le vent d’ouest soufflant du golfe de Finlande entraîne chaque année une élévation des eaux de la Neva. Les inondations les plus dévastatrices se sont produites en 1824 (l’eau a atteint 421 cm) et en 1924 (380 cm). Le problème n’a été résolu qu’au XXIe siècle, lorsqu’un complexe de 11 barrages d’une longueur totale de 23,4 km a été mis en service. Sa construction a duré depuis plus de 30 ans, jusqu’en 2011.
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