GW2RU
GW2RU

Quels pouvoirs ont les poêles à chauffer dans les contes russes?

Fenêtre sur la Russie (OpenAI)
Dans les contes populaires russes, les poêles sont bien plus que des fours destinés à chauffer les isbas et à cuire la nourriture. Ils remplacent les entrailles de la mère, sont un moyen de transport et un protecteur magique toujours prêt à aider les héros dans les situations difficiles.

Outre sur Telegram, Fenêtre sur la Russie diffuse désormais du contenu sur sa page VK! Vidéos, publications dédiées à l’apprentissage du russe et plus encore dans notre communauté 

Pour comprendre le rôle que les poêles tiennent dans les contes populaires russes, il faut garder à l’esprit celui qu’il avait dans la vie des paysans. Les fours occupaient une place considérable à l’intérieur des isbas, tant en volume qu’en importance. Ils étaient une source de chaleur, on y cuisait la nourriture, on dormait dessus. Un poêle correctement construit et allumé fournissait de la chaleur pendant plus d’une journée entière. On y faisait le pain, les tourtes, les gâteaux, les soupes et les bouillies. On y plaçait les nourrissons faibles et malades. On y lavait et faisait prendre des bains de vapeur aux enfants. On allongeait les vieillards dessus pour que la chaleur les soulage de leurs douleurs. De là, l’esprit de la maison, le domovoï (домовой), surveillait tout ce qui se passait dans l’isba.

Lire aussi : Le poêle, élément central du foyer traditionnel russe

Des multiples fonctions que les poêles remplissaient dans la vie des paysans dérivent les pouvoirs qu’ils ont dans les contes populaires.

1. Protection et conseil

Igor Boïko / Sputnik

Dans les contes russes, les fours sont souvent présentés comme des êtres bons et intelligents prêts à venir en aide au personnage principal. Les poêles parlent, donnent des conseils avisés, nourrissent, cachent le héros lorsqu’il est poursuivi. C’est notamment le cas dans le conte Les Oies Sauvages (Гуси-лебеди). Le four propose à la fillette partie à la recherche de son petit frère enlevé par des oies de manger un gâteau de seigle et de se cacher à l’intérieur de lui pour se protéger des oiseaux dangereux.

2. Épreuve et renaissance : rituel de la « recuisson »

Fine Art Images/Heritage Images / Getty Images

Baba Yaga essaie souvent de faire rôtir les gens dans son four. Ce motif effrayant trouve son origine dans le rituel de la « recuisson » des nourrissons malades. On posait les enfants affaiblis sur les pelles à pain et on les enfournait pour qu’ils soient au chaud. En les ressortant des poêles, on donnait aux enfants, désormais en bonne santé, une seconde naissance. Dans les contes, cette pratique s’est transformée en épreuve du feu que les héros doivent passer pour devenir plus forts.

3. Source de forces physiques et spirituelles

V. Kourdioumov/Éditions I.D. Sytine, 1913

Dans les contes, les simplets (Ivanouchka, Emélia) restent allongés sur les poêles des années durant. Ils ne travaillent pas et ne participent pas aux efforts des communautés auxquelles ils appartiennent parce qu’ils « ne sont pas de ce monde ». De leur séjour sur les poêles, ils finissent par retirer sagesse et liens avec les forces magiques. Dans le conte La Volonté du Brochet (По щучьему веленью), le poêle transporte Emélia le Simple à la cour du tsar. Un autre exemple connu des pouvoirs que donnent les poêles est celui du preux Ilia de Mourom : paralysé, il resta assis sur (ou à côté) d’un four trente-trois ans durant. Puis, il acquit une force physique exceptionnelle.

Les poêles sont donc des portails entre deux mondes : celui du réel et celui des esprits. Le feu qui brûle en eux nourrit, réchauffe, guérit, réconforte, protège et purifie.

Dans cet autre article, intéressons-nous à un autre objet traditionnel, le rouet russe, outil indispensable des femmes.