Cinq choses à savoir sur les bottes de feutre russes

Cinq choses à savoir sur les bottes de feutre russes
Donat Sorokine / TASS
Les valenki comptent parmi les symboles de la Russie, au même titre que la balalaïka, les poupées russes matriochkas et le samovar. Ces bottes de feutre, qui protègent si efficacement du froid, pouvaient servir plusieurs dizaines d’années.

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Leur nom vient du verbe valiat’ (валять fouler)

Cinq choses à savoir sur les bottes de feutre russes
Egor Eremov / Sputnik

Les valenki sont des bottes de feutre. En Russie centrale, on fabriquait habituellement ce textile avec de la laine de mouton, même si celle d’autres animaux pouvait également convenir. En Asie Centrale, on faisait traditionnellement le feutre avec de la laine de chameau.

Le processus de fabrication du feutre est assez complexe et long. Il faut d’abord carder la laine, c’est-à-dire la peigner pour la nettoyer et l’aérer. On la lave ensuite dans un mélange d’eau et de savon et puis on défait les boules qui se sont formées bandelettes par bandelettes qu’on étale à plat. On roule ensuite la couche de laine ainsi obtenue sur elle-même puis on la foule au sens propre du terme.

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Il faut régulièrement humidifier le rouleau et continuer à le fouler jusqu’à ce que les fibres de laine se soient agrégées. Puis on déroule le rouleau et on fait sécher le feutre.

Les valenki n’ont aucune couture parce que les morceaux de feutre qui sont nécessaires à leur fabrication sont enroulés sur des formes qui sont elles-même roulées. Les bottes sont ensuite séchées.

Textile hérité de la Horde d’Or

Cinq choses à savoir sur les bottes de feutre russes
Bibliothèque nationale de France

La Russie ancienne découvrit le feutre grâce aux Mongols. Ce n’est d’ailleurs pas la seule chose qu’ils apportèrent dans les terres russes (voir ici).

Les Mongols ne portaient pas de bottes de feutre. Mais ces nomades savaient comment transformer la laine en feutre. Ils utilisaient ce textile pour se faire des bas, pour la confection de tapis et la construction de leurs yourtes.

Des bottes d’abord réservées aux riches

Cinq choses à savoir sur les bottes de feutre russes Famille, par Sergueï Ivanov, 1907
Galerie Tretiakov

Longtemps, seules les personnes aisées purent s’acheter des bottes de feutre. En effet, il fallait entre 4 et 7 kilogrammes de laine pour les fabriquer. Elles étaient confectionnées à la main et peu d’artisans en maîtrisaient la technique.

Il fallut attendre leur fabrication industrielle au début du XIXe siècle pour qu’elles deviennent accessibles à un plus grand nombre. Elles doivent également leur succès au développement de l’élevage ovin en Russie et à la sélection d’une race de moutons : la Romanov. Sa laine épaisse est idéale pour la fabrication du feutre.

À porter uniquement par temps sec

Cinq choses à savoir sur les bottes de feutre russes
Vladimir Smirnov / TASS

Aussi chaudes soient-elles, les bottes de feutre sont fragiles. Leurs semelles prennent facilement l’eau et s’usent rapidement. C’est pourquoi on ne peut les porter que lorsque les hivers sont secs.

Le développement de l’industrie du caoutchouc à la fin du XIXe siècle permit d’améliorer ces bottes : soit on les fabriquait avec des semelles en caoutchouc, soit on les glissait dans des chaussons de cette même matière : les galochi ou kalochi.

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La jeune fille de la chanson célèbre qui est consacrée aux valenki regrette qu’elles ne soient pas cousues et qu’elles soient vieilles. Elle demande à son bien-aimé de lui coudre des bottes de feutre plutôt que de lui offrir des cadeaux. Comment ne pas être d’accord avec elle !

De nouveau à la mode

Cinq choses à savoir sur les bottes de feutre russes
Sergueï Fadeïtchev / TASS

Aux temps de l’URSS, les bottes de feutre faisaient partie de l’uniforme d’hiver des soldats et des miliciens (les policiers de l’époque). Les habitants des campagnes en avaient eux aussi, qui leur servaient des dizaines d’années.

La mode étant un éternel recommencement, elle finit par se réintéresser à ces bottes. Au début du XXIe siècle, elles sont devenues des souvenirs que beaucoup achetaient par nostalgie et même pour les porter. Ce ne sont plus des bottes grises et peu élégantes. Ce sont aujourd’hui des accessoires blancs ou de couleurs ornés de perles ou de broderies dans le style russe.

Les couturiers russes s’en inspirent régulièrement. Si une paire avec ses kalochi coûte environ 2 000 roubles (20 euros), les bottes de feutre de couturiers sont bien plus chères. Des maisons de couture occidentales, comme Gianfranco Ferre, ont aussi donné leur interprétation des valenki.

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