Bonne nuit les petits! Cinq faits sur la plus vieille émission russe pour enfants
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Chaque pays a sa propre émission pour enfants, avec des créatures fictives qui racontent des histoires amusantes et mignonnes et aident les enfants à se développer et naviguer dans l’étrange monde qui nous entoure. La Russie a hérité de l’Union soviétique Spokoïnoï notchi malychi!, dont le nom peut être traduit en français comme Bonne nuit les petits !, mais qui a très peu en commun avec l’émission homonyme sortie jadis en France. Des générations entières de Russes y voient une œuvre absolument exceptionnelle. Voici pourquoi.
Inspirée de légendes allemandes
L’émission utilise une structure ne s’avérant pas particulièrement originale. Des marionnettes d’animaux, aux côtés d’un animateur humain, rencontrent certaines difficultés, et à l’aide de blagues trouvent des solutions, que ce soit pour partager un gâteau ou pardonner le comportement de leurs amis. Finalement, ils regardent un petit dessin animé. Chaque épisode, qui ne dure que 10 minutes, est diffusé à 20h50 juste avant le journal du soir. Après cela, il est temps pour les enfants d’aller au lit, et les animaux et l’animateur leurs souhaitent bonne nuit.
Ayant démarré sa diffusion en 1964, c’est l’un des plus vieux programmes de la télévision russe. À la base, il était inspiré par l’allemand Sandmännchen (Marchand de sable) – l’histoire d’un marchand de sable, personnage du folklore européen, qui aide les enfants à s’endormir en leur saupoudrant de la magie dans les yeux. Les Russes n‘étaient pas familiers avec le marchand de sable, mais la télévision soviétique l’a remplacé par des animaux mignons : probablement pour ne pas faire peur aux enfants.
Survivants de répressions
Bonne nuit les petits ! consistait d’abord d’images statiques avec un texte lu en voix-off. Puis, des courts sketchs de marionnettes et d’humains sont apparus. En 1968, le casting classique a fait son apparition : Khrioucha le cochon, Stepachka le lièvre et Karkoucha le corbeau. Cependant, au cours des décennies, l’émission a un peu changé. Par exemple, le 11 novembre 1982, pour la toute première fois, Bonne nuit les petits ! n’a pas été diffusée. Le leader soviétique Léonid Brejnev venait de décéder et le pays était en deuil – apparemment, les marionnettes d’animaux incluses.
Puis, pendant 3 ans, les animaux ont disparu de l’émission, et seuls des animateurs humains y sont restés. Pourquoi ? Andreï Menchikov, qui était à la tête du studio de télévision pour enfants s’en est rappelé : « Le Parti a interdit Khrioucha le cochon parce que les leaders des républiques soviétiques musulmanes trouvaient qu’un cochon ne devait pas souhaiter bonne nuit aux enfants musulmans ». Seulement après la perestroïka, le nouveau chef de l’URSS, Mikhaïl Gorbatchev, a permis à Khrioucha de revenir, ainsi qu’aux autres.
A aidé à abattre le rideau de fer
Gorbatchev avait ses raisons de sympathiser avec Khrioucha : le cochon a permis de réduire les tensions entre l’URSS et les États-Unis (en réalité, ce sont les producteurs Menchikov et son collègue américain Christopher Serf). Dans l’émission spéciale de 1988 Libre d’être… une famille, Khrioucha a retrouvé Kermit la grenouille du Muppet show, pour reproduire le rendez-vous diplomatique de Gorbatchev et Reagan en discutant de choses sérieuses en même temps.
D’adorables personnages (mais certains… étranges)
Comme en a témoigné Menchikov, les enfants soviétiques suppliaient de faire revenir Khrioucha dans l’émission, et cela a marché. Lui et d’autres personnages classiques de Bonne nuit les petits ! sont toujours aimés des enfants. À part les quatre « Beatles » (Khrioucha, Filia, Stepachka et Karkoucha), d’autres animaux sont apparus ensuite. Dans les années 1960, ils ont été rejoints par Bouratino (Pinocchio russe), et dans les années 2000, par Michoutka l’ours : comment une émission russe pourrait se passer d’un ours !? Le dernier personnage en date est Aïticha, apparue en 2021, qui apprend aux enfants des notions informatiques.
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Respecter les traditions
Les animateurs humains changent également – en ce moment, il s’agit de Dmitri Poletaïev (écrivain et journaliste), Tatiana Vedeneïeva (actrice) et Angelina Vovk (animatrice radio). Il n’y a cependant pas eu de « mise à niveau » concernant les marionnettes, qui ne sont pas devenues des modèles 3D. Khrioucha, Stepacha et les autres sont encore joués par des personnes qui se cachent sous la table. Quelques années auparavant, Grigori Toltchinski, la première voix de Filia, plaisantait : « Quand je partirai à la retraite, j‘écrirai mes mémoires : 20 ans sous la jupe de tatie Valia (l’animatrice) ».
« Un cochon arrogant, un lièvre timide, un corbeau bavard et un chien flegmatique – chacun peut se retrouver dans ces personnages, peu importe que vous soyez enfant ou adulte », telle a été la description de l’émission par le programme Outro Rossii (Matin de la Russie). L’émission restera pour sûr diffusée pendant de longues années encore, et beaucoup de générations d’enfants continueront à la regarder.
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