Ces étonnantes figurines d’animaux préhistoriques d’un paléo-sculpteur russe
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Avez-vous entendu parler du lystrosaure, par exemple ? Cet adorable petit herbivore est l’une des rares créatures à avoir survécu à l’extinction mondiale survenue il y a 250 millions d’années.
Faites aussi connaissance avec le prédateur inostrancevia, aux crocs acérés ! Il a terrorisé la faune préhistorique de l’Oural jusqu’à son extinction.
Voici encore à quoi ressemblait un habitant de la région de Perm il y a 300 millions d’années. Il s’agit d’un édaphosauridé. Savez-vous pourquoi il a l’air surpris ? Parce que ni lui ni le lystrosaure, et encore moins l’inostrancevia, n’ont jamais vu d’hommes. Or, nous, nous avons désormais la possibilité de les observer, grâce à la paléo-reconstruction.
Dans son studio Delvesto, le paléo-sculpteur Valentin Popov crée des figurines d’animaux disparus si réalistes qu’il est intéressant de les regarder, même si l’on est peu sensible à la science.
Des figurines « vivantes »
« Je veux mettre mon âme dans chaque sculpture », déclare Valentin. Biologiste de formation, diplômé de l’Université d’État de Tambov, ce n’est pas dans le milieu scientifique qu’il s’est retrouvé, mais dans celui des beaux-arts. Valentin est le créateur de l’atelier de paléo-reconstruction le plus célèbre de Russie, Delvesto. Vous avez peut-être déjà vu des reconstitutions de personnes et d’animaux anciens plus d’une fois, mais ses figurines étonnent par leur dynamisme. Ses abonnés sur les réseaux sociaux ne cessent de s’étonner : « comme s’il était vivant », « comme sur le point de courir », « quelle attention aux textures, bravo ! ».
Le matériau principal de Valentin est le silicone, mais tout dépend de la figurine. « Par exemple, un gros lézard avec des écailles dures, je le sculpterais à partir d’un matériau solide. Lorsque je dois insérer des poils (généralement naturels), je prends du silicone. Il imite bien la peau, on peut le voir sur les photos. Maintenant, j’ai commencé à maîtriser la modélisation 3D, c’est-à-dire que j’envisage de dessiner les figurines sur ordinateur, puis de les imprimer et de les fignoler ». Pour de nombreuses figurines, Valentin commande des modèles de crânes en 3D à d’autres artistes.
« J’ai quelques secrets pour les rendre plus vivants. Pour notre perception humaine, les expressions faciales et la dynamique sont importantes. Même si une figurine est couchée ou debout, elle sera toujours dans une dynamique ».
« En fait, j’ai tout appris tout seul, en devinant comment faire. Lorsque j’ai commencé il y a environ cinq ans, il y avait peu d’informations et les cours spécialisés coûtaient très cher », explique le paléo-sculpteur.
Les mystères de l’ère du Permien
« En fait, je crée des créatures de différentes époques, mais j’ai un amour particulier pour la faune du Permien [il y a 300 à 250 millions d’années]. Elle est très riche, mais les gens en savent très peu sur elle. C’est une faune qui existait bien avant les dinosaures. Cette faune est très intéressante, s’enthousiasme Valentin. En Russie, la paléo-reconstruction se développe activement. Il est important pour moi que les Russes en apprennent davantage sur le passé de notre pays et sur les animaux qui l’ont habité à différentes époques ».
« J’étudie toujours les sources scientifiques sur les espèces particulières que je vais fabriquer et j’essaie de contacter des experts en la matière, explique-t-il. Peut-être que dans quelques années, l’idée que nous nous faisons de telle ou telle espèce changera à nouveau, et qu’elle nous paraîtra différente. Il existe de nombreux exemples de ce type avec les reconstitutions de dinosaures. Et nous suivons les découvertes des scientifiques ».
Ancêtres de l’homme moderne
Si l’on se réfère à l’histoire de notre planète en général, l’homme est apparu relativement récemment. Le plus ancien – « l’homme habile » (Homo habilis) – a 2,8 millions d’années. Et nous, « l’homme moderne » (Homo sapiens sapiens), n’avons que 300 000 ans. À l’échelle de l’histoire, il s’agit d’un bref instant, mais au cours de ces 300 000 ans, l’apparence et le comportement de l’homme ont beaucoup évolué.
Néandertal a été la première figure humaine créée par Valentin. Il l’a fait à la moitié de sa taille réelle (76 cm) mais, comme d’habitude, il a réfléchi à son apparence dans les moindres détails. « Au cours de la préparation, j’ai appris que ces peuples connaissaient l’art de la couture. Dans la plupart des endroits où les Néandertaliens ont vécu, il faisait froid, qu’il s’agisse du Portugal ou de l’Altaï. N’oublions pas qu’ils vivaient à l’ère glaciaire et qu’ils ne pouvaient logiquement pas se passer de vêtements chauds et de bonne qualité ». Pour réaliser cette figurine, Valentin a par conséquent consulté l’anthropologue Stanislav Drobychevski. Ce dernier lui a conseillé de s’inspirer des vêtements des peuples nordiques modernes, mais de les rendre plus grossiers.
L’une des nouvelles œuvres de Valentin est « l’homme de Sungir », destiné à une collection privée. Sungir est le nom d’un ruisseau qui coule à la périphérie de la ville de Vladimir, où, au milieu des années 1950, des archéologues soviétiques ont trouvé un site où vivaient d’anciens hommes. Des fouilles ont été menées pendant 30 ans et les découvertes sont toujours étudiées.
Voici donc à quoi ressemblait un homme de Vladimir il y a 30 000 ans. Il chassait le renne et le mammouth dans le Nord et avait la peau plutôt basanée. Il est difficile de l’imaginer aujourd’hui dans la zone centrale de la Russie. « Un jour, je ferai peut-être une reconstitution entière de cet homme ».
Des créatures mythiques
Valentin crée non seulement des êtres préhistoriques, mais aussi des créatures inconnues de la science. Pour une exposition à Gomel, consacrée aux contes de fées biélorusses, Valentin a créé un khokhlik, un lizoun et un baï (différents esprits du foyer). Ces créatures se sont révélées pensives et pacifiques, bien que l’on les évoquait autrefois généralement pour faire peur aux enfants.
Selon les légendes, le lizoun vit dans un puits et est capable de lécher (liznout’) un enfant désobéissant jusqu’au sang.
Le khohlik est un diablotin qui court comme un tourbillon et sème le désordre dans la maison. Un poltergeist, en somme.
Le baï, quant à lui, se promène sur les murs et endort les enfants en chantant, ce pour quoi les parents lui offrent de la bouillie et du lait.
Pour des séances de photos fantastiques, Valentin a créé des humanoïdes et d’autres espèces extraterrestres.
Lorsqu’il en a le temps, il fabrique également des figurines souvenirs qui tiennent dans la paume de la main. Cette photo montre par exemple un rabidosaurus, un estemmenosuchus, un inostrancevias et un scutosaurus.
Où admirer ses réalisations ?
À ce jour, Valentin a créé une centaine de figurines d’animaux préhistoriques. Elles ont fait l’objet de nombreuses expositions.
Des figurines du studio Delvesto se trouvent ainsi au Musée de l’histoire de l’univers dans la région de Moscou, au centre Évolution de la Terre à Novossibirsk, à la Galerie zoologique d’Irkoutsk, au Musée paléontologique de Viatka, ainsi que dans des collections privées.
L’on peut également les voir lors d’expositions paléontologiques dans différentes régions de Russie. Valentin travaille actuellement sur sa propre exposition, Paléosphère, qui sera organisée pour la troisième fois. Il y présentera notamment des œuvres d’autres paléo-artistes.
Dans cet autre article, découvrez quels dinosaures peuplaient jadis l’actuelle Russie.