Comment un directeur de crèche américain est devenu guide dans le monde russe
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L’Américain Joseph Stephen Rose, sa femme Svetlana et leurs cinq enfants sont arrivés à Moscou à la mi-février 2022. Réalisateur de formation, il a lancé sur YouTube la chaîne EXPAT American, qui raconte la vie d’un Yankee parmi les Russes et compte déjà des dizaines de milliers d’abonnés.
Pourquoi avoir quitté les États-Unis ?
« Je suis né en 1974, à une époque où les États-Unis ressemblaient à la Russie d’aujourd’hui, explique Joseph. Malheureusement, l’Amérique s’éloigne aujourd’hui des valeurs familiales traditionnelles. C’est une grave erreur, à mon avis. Cela détruit psychologiquement et physiquement les enfants, car ils ont besoin d’ordre et de discipline ».
Les ancêtres paternels de Joseph étaient des émigrants russes qui se sont installés à New York en 1898. Il s’est toujours intéressé à la Russie. Cependant, surtout, la femme de Joseph est elle-même Russe. Et après avoir vécu 10 ans aux États-Unis, elle avait très envie de rentrer chez elle.
La femme russe d’un Américain
Le couple s’est rencontré grâce à des amis communs. Au début, ils ont communiqué par appels vidéo et ont senti qu’ils avaient beaucoup en commun, qu’ils étaient des âmes sœurs. Puis, un jour, Svetlana s’est envolée pour les États-Unis afin de rencontrer Joseph, et ils ont décidé de poursuivre leur relation.
Svetlana savait que Joseph n’allait probablement pas déménager en Russie, car il avait déjà deux enfants et sa propre entreprise, une crèche privée. Elle, elle travaillait en ligne, alors elle a décidé de rester avec lui.
Impressions sur la Russie
Joseph s’est rendu pour la première fois en Russie en 2012, avant même que Svetlana ne déménage.
« Je me suis envolé pour Moscou avec mon père. Et dans l’avion, j’ai lu dans un magazine américain réputé : si vous vous rendez en Russie depuis un pays occidental, les services secrets vous espionneront et enregistreront toutes vos conversations ».
L’Américain a pris cela très au sérieux et s’est constamment demandé ce qu’il pouvait dire ou non, même s’il voyait la gentillesse et la réceptivité des gens autour de lui.
Et d’après ses souvenirs, il n’a jamais ressenti de négativité : « Les Russes ne reprochent pas à l’Américain lambda ce que fait Washington. Ils sont assez sages pour faire la part des choses ».
L’Américain est-il devenu un peu russe au fil des ans ? Joseph avoue qu’il a commencé à porter des pantoufles à la maison, à ouvrir la porte à sa femme, même si cela n’est pas courant en Amérique.
« En Amérique, il est d’usage de parler du temps, de la nature et d’éviter à tout prix les sujets délicats. En Russie, les gens sont plus profonds dans leurs relations et plus directs. En Russie, l’honnêteté passe avant la politesse, alors qu’en Amérique, c’est l’inverse. Je suis certainement devenu plus direct et plus ouvert ».
Chaîne YouTube sur la Russie
Selon Joseph, l’Américain moderne croit aux films hollywoodiens et imagine la Russie comme un endroit sombre, effrayant et froid, où vivent des hommes grands, forts et méchants.
Démystifier ces mythes et comparer la vie aux États-Unis et en Russie, c’est le sujet principal de la chaîne YouTube de Joseph. Et il a déjà plus de 80 000 abonnés.
« Je compare les services de livraison en Russie et aux États-Unis, le métro ici et là-bas, ou je montre comment les gens se détendent dans les stations balnéaires de la mer Noire. Mais il y a aussi des sujets plus sérieux. L’essentiel, c’est que je veux montrer aux Américains que les Russes sont des gens normaux qui mènent une vie normale, qu’ils ont les mêmes espoirs, les mêmes rêves, et que nous n’avons pas besoin d’être les uns contre les autres ».
Joseph et sa femme voyagent beaucoup à travers le pays : Nijni Novgorod, Toula, Volgograd, Vyborg, ce qui lui donne beaucoup de matière pour de nouveaux épisodes.
Aide aux autres immigrants
Joseph et Svetlana ont ouvert un centre d’aide aux immigrants venus des pays occidentaux. Ils les aident à remplir correctement les documents, à apprendre le russe et à trouver un emploi, et s’occupent même de questions pratiques, comme trouver un médecin.
Chaque jour, le couple reçoit 20 à 25 lettres d’étrangers qui souhaitent faire partie du monde russe.
« Les gens veulent que leurs enfants vivent dans une société saine, sans l’influence négative qui existe aujourd’hui en Occident. Les retraités sont également attirés par notre pays. Ils se souviennent de l’Amérique d’il y a cinquante ans et ne peuvent accepter les changements qui se sont produits. Mais ils ne viennent pas seulement des États-Unis, ils viennent aussi du Canada et d’Europe. Les gens s’intéressent à la situation dans le monde, lisent les actualités et voient que la Russie est du bon côté de l’histoire. Les Russes veulent vivre en paix, construire des ponts d’amitié avec les autres peuples ».
La version complète de l’interview est publiée en russe sur le site web de la revue Nation.
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