En images: l’allure romantique des «elektritchka», ces trains de banlieue soviétiques

En images: l’allure romantique des «elektritchka», ces trains de banlieue soviétiques
Sergueï Soukharev/russiainphoto.ru
Les trains électriques ont su relier les grandes villes et leurs banlieues depuis l’aube de l’URSS. Non seulement ils avaient une ambiance qui leur était propre, mais sont également devenus un phénomène socio-culturel.

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En images: l’allure romantique des «elektritchka», ces trains de banlieue soviétiques
Collection des Chemins de fer russes (RJD)

Le train électrique à chariots multiples en russe parlé se dit elektritchka. Les premiers trains de ce type ont apparu en Union soviétique vers la fin des années 1920 et déjà dans les années 1950, l’on y trouvait un vaste réseau de trains électriques. Contrairement aux trains de nuit, ou aux trains longue-distance, ceux-ci couvraient des trajets moins importants.

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Alexandre Bobkine/russiainphoto.ru

À la différence d’autres véhicules tracteurs, les elektritchkas étaient capables d’accélérer et de freiner à courte distance, entre les stations. De plus, ils étaient relativement silencieux et ne polluaient pas plus que ça.

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Boris Ouchmaikine / Sputnik

Les trains de nuit avaient trois classes de confort différentes et disposaient de couchettes, alors que les elektritchkas n’en avaient qu’une seule, constituée de bancs ordinaires pour trois personnes, placés les uns en face des autres.

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Vladimir Sokolaïev/MAMM/MDF/russiainphoto.ru

Initialement, les bancs de ces trains de banlieue étaient en bois, la production de ceux en cuir n’a démarré que plus trad.

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Yan Tikhanov / Sputnik

Tous les jours, des millions de personnes utilisaient (et utilisent encore) l’elektritchka pour se rendre au travail et rentrer chez eux. Les heures de pointe du matin et du soir étaient habituellement surchargées, c’est pourquoi les gens devaient parfois littéralement se glisser à l’intérieur.

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Jan Graubits / TASS

Là où les intervallesdu passage du métro dans les grandes villes étaient de cinq minutes maximums, le temps d’attente d’une elektritchka pouvait atteindre 40 minutes, ce qui rendait le fait d’y rentrer très important.

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Fedoseïev / Sputnik

Le matin, pour se rendre au travail, on devait se lever très tôt, car parfois le trajet prenait jusqu’à deux heures. En conséquence, dormir dans une elektritchka était complètement normal.

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Sergueï Sukharev/russiainphoto.ru

En sachant que les passagers utilisaient ce type de trains surtout le matin et le soir, il y avait une pause au milieu de la journée pendant les jours de travail.

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Vitali Daniltchenko, Alexandre Iakovlev/TASS

Néanmoins, durant les week-ends ou les vacances d’été, les trains électriques passaient plus souvent, amenant ainsi un bon nombre de personnes, leurs affaires, semis et animaux à la datcha.

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Dmitri Vozdvijenski, Nina Sviridova/MAMM/MDF/russiainphoto.ru

L’elektritchka avait aussi un nom très familier – sobaka (traduit littéralement : chien). Lorsque les gens voulaient économiser, ils voyageaient, par exemple, de Moscou à Leningrad (Saint-Pétersbourg actuel), en empruntant plusieurs trains de banlieue, au lieu des trains de nuit, qui étaient plus chers. « Aller quelque part à sobaka » (добраться на собаках– dobratsia na sobakakh) est ainsi devenu une expression populaire.

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Oukhtomski / Sputnik

Un autre surnom animalier lié aux elektritchkas (et aux autres types de transport, d’ailleurs) est zaïats (lièvre). En Union soviétique les tourniquets n’existaient pas, alors on pouvait facilement frauder l’elektritchka. Lorsqu’un contrôleur passait, les passagers sans ticket (les lièvres) couraient à travers le train, sortaient à la station la plus proche et revenaient dans des wagons que le contrôleur avait déjà inspectés.

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Vladimir Vorobiev/MAMM/MDF/russiainphoto.ru

Une autre particularité des trains électriques étaient les marchands, passant de wagon en wagon. Ils avaient avec eux de manière générale des sacs truffés de tout et n’importe quoi, ils aguichaient leurs clients en vantant bruyamment les mérites de leurs produits. Les mendiants et les musiciens faisant la manche étaient eux aussi des « passagers » réguliers des elektritchkas.

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Vladimir Sokolaïev/MAMM/MDF/russiainphoto.ru

L'elektrichka a joué un rôle important dans la vie sociale. Sans avoir d’endroit pour se réunir (ni d’argent pour aller au restaurant), les gens appréciaient faire voyage ensemble, en parcourant de courtes distances. Ils pouvaient alors avoir des conversations intéressantes (comme discuter des livres, ou se les échanger).

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Vsevolod Tarassevitch/MAMM/MDF/russiainphoto.ru

Ils pouvaient aussi prendre plaisir en s’adonnant à de nombreux jeux.

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Alexandre Choguine / TASS

Évidemment, ils adoraient chanter et jouer de la guitare, l’instrument musical principal en URSS

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Pavel Soukharev/russiainphoto.ru

…au même titre que l’accordéon.

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V. Krasnykh / Sputnik

Très peu de Soviétiques possédaient des voitures, donc énormément d’entre eux utilisaient les elektritchkas. S’ils n’allaient pas au travail, c’étaiten week-end à la datcha, ou simplement pour se balader en nature – cueillettede champignons dans une forêt voisine en été, ski de randonnée nordique en hiver, ou encore pique-niques et barbecues divers.

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T.Ananina / Sputnik

Le train électrique a joué un rôle si grand dans la vie de la population soviétique qu’on le retrouve jusque dans la culture. Un personnage du film oscarisé Moscou ne croit pas aux larmes  (1979) rencontre par exemple son amour dans un train électrique.

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Vladimir Menshov/Mosfilm, 1979

Et l’œuvre la plus connue célébrant ces trains est la nouvelle Moscou-sur-Vodka de Venedikt Erofeïev. C’est une Odyssée soviétique qui raconte le voyage d’un homme depuis Moscou jusqu’à Petouchki (une ligne encore aujourd’hui fonctionnelle) vers sa femme bien aimée. À bord du train, il rencontre des personnes différentes, boitet discute avec elles. Une nouvelle très conceptuelle et philosophique, qui montre un type d’homme répandu en URSS : un ivrogne intellectuel.

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Venedikt Erofeïev/Azbouka-klassika, 2012

Il serait toutefois juste de noter que de nombreuses personnes haïssaient l’elektritchka, soit à cause des odeurs souvent très mauvaises, des personnes ivres ou endormies, ou des mendiants (presque installés ici).

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Sergueï Smolski / TASS

En effet, un train électrique pouvait ressembler à ça… Si quelqu’un ne trouvait pas de place dans le wagon, il pouvait passer son trajet debout dans un vestibule (appelé tambour en russe) surchargé,où l’on prenait l’habitude de fumer.

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Boris Kavachkine / TASS

Et aussi… Il n’y avait que deux toilettes dans l’ensemble du train, à l’avant et à l’arrière. Ces sanitaires étaient quasiment tout le temps en piteux état.

Dans cet autre article, découvrez pourquoi le «wagon commun» peut devenir votre pire cauchemar sur les rails de Russie.

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