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Comment est apparu le principal magicien russe de l’hiver, le Père Gel?

Oleg Lastotchkine/Sputnik
On dirait qu’il a toujours existé – l’esprit du Nouvel An, le maître de la neige et le gentil grand-père de Snegourotchka, la Jeune fille des neiges. Or, d’un point de vue historique, il n’a pas tant d’années que cela. Ded Moroz, le Père Gel, qui chaque année félicite les enfants sous les sapins, n’a même pas 90 ans.

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Saint chrétien

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Dans la tradition européenne, le Père Noël rend visite aux enfants à Noël, et son image est associée à Nicolas de Myre, un saint qui a vécu à la fin du IIIe siècle et au début du IVe. Saint Nicolas était également vénéré en Russie, où son image s’est « confondue » avec celle du dieu païen Vélès. C’est pourquoi l’on considérait qu’il protégeait également le bétail et les animaux sauvages, sauvait les voyageurs sur les eaux et était lié au monde des morts. Ce n’est pas un hasard si l’une des fêtes associées à ce saint, le jour de la Saint-Nicolas, tombait au début des Sviatki (jours saints), après le jeûne de l’Avent.

Personnage de la mythologie slave

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Il est également connu sous les noms de Treskoun, Stoudenets, Karatchoun ou Moroz. Tels étaient les noms des esprits slaves orientaux responsables du froid et du gel. Les froids glaciaux, les blizzards, les chutes de neige, la glace qui recouvrait les rivières et les lacs, tout cela était leur œuvre.

Au XVIIIe et XIXe siècles, pendant les Sviatki et la soirée de Vassili, c’est-à-dire la veille du Nouvel An, l’on invitait symboliquement les ancêtres (les « pères ») disparus à la table. L’on apportait également des offrandes à Moroz (Gel) afin qu’il ne gèle pas les récoltes, on l’apaisait avec des offrandes spéciales : du kissel (boisson à base d’amidon et de baies), de la koutia (bouillie) ou des crêpes. Et l’on lui demandait toujours d’être indulgent envers les semailles et de ne pas les exposer au froid.

Héros littéraire

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Au XIXe siècle, l’image de Moroz est apparue dans la littérature artistique. Il ressemblait en partie à son « parent » païen. Par exemple, dans le recueil de Vladimir Odoïevski Les contes de grand-père Ireneï, il y a une histoire sur Moroz Ivanovitch : il ne se promène pas dans la forêt avec son bâton et n’apporte pas le froid, mais il vit dans un pays magique où l’on peut se rendre par un puits. L’héroïne du conte, une fois arrivée là-bas, réussit à accomplir les tâches confiées par Moroz et reçut en récompense une poignée de pièces d’argent et « un petit diamant pour orner son foulard ». Quant à sa sœur paresseuse, qui n’avait rien fait, elle reçut un glaçon et un lingot de mercure.

Dans les contes d’Alexandre Afanassiev, Morozko est un vieil homme à la barbe blanche, muni d’un bâton avec lequel il fait régner le froid sur ses terres. Or, une méchante belle-mère envoya sa belle-fille dans la forêt à une mort certaine, mais sa douceur et sa patience plurent à Morozko, qui la réchauffa et lui offrit de précieux cadeaux. Quant à ses sœurs négligentes, il les gela pour leur grossièreté.

Grand-père Nicolas

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À la même époque, au XIXe siècle, la tradition de décorer les sapins de Noël est apparue en Russie. À côté d’eux, l’on pouvait voir la figure du père Noël : dans la tradition allemande, il s’agissait du serviteur Ruprecht ou du grand-père Nicolas, mais ces personnages n’étaient pas très populaires. À la fin du siècle, le Père Gel, plus compréhensible pour les adultes et les enfants, a fait son apparition. Toutefois, cela n’a pas duré longtemps : la révolution a aboli toutes les fêtes religieuses et tout ce qui y était lié.

Notre Ded Moroz

Mikhaïl Oziorski/Sputnik

Ce n’est qu’en 1935, lorsque l’idée d’installer un sapin pour le Nouvel An est apparue, que l’on s’est souvenu des personnages qui y étaient associés. C’est alors que le Père Gel fit son retour, sous les traits d’un gentil magicien hivernal. Il conservait en partie les traits de tous ses « ancêtres », mais c’était néanmoins un tout nouveau héros, un personnage féérique sans lien avec la religion ou d’autres « vestiges du passé ». Il est apparu pour la première fois sur le sapin de la Maison des syndicats pour souhaiter la bonne année 1937. Barbe touffue, bâton, fourrure : son image était si frappante qu’il n’était pas nécessaire d’inventer autre chose.

V. Chianovski/Sputnik

Depuis lors, le grand magicien de l’hiver n’a jamais manqué de féliciter les enfants (et les adultes) pour la nouvelle année. Il n’y a pas eu d’exception, même pendant la Seconde Guerre mondiale. Près de 90 ans se sont écoulés depuis l’apparition du Père Gel moderne, mais aujourd’hui encore, aucun personnage n’est plus populaire que lui.

Dans cet autre article, découvrez en quoi le Père Gel russe et le Père Noël se distinguent.