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Trois généraux de l’Armée impériale russe qui achevèrent leur carrière dans l’Armée rouge

Fenêtre sur la Russie (Photo: Niva, №14, 1916 г.; Library of Congress; Domaine public)
Les dirigeants bolchéviques se méfiaient des officiers de haut rang qui avaient fait carrière dans l’armée impériale et voyaient en eux des opposants. Ceux d’entre eux qui décidèrent de rejoindre l’Armée rouge durent faire de grands efforts pour gagner la confiance des bolcheviks.

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1. Alexeï Broussilov (1852-1926)

Library of Congress

Alexeï Broussilov est le général de l’Armée impériale russe qui se mit volontairement au service du pouvoir bolchévique le plus connu.

Il s’illustra en 1916 lorsque, commandant du front du Sud-Ouest, il mena une offensive victorieuse en Galicie (dans l’historiographie russe et soviétique, elle porte le nom de Брусиловский прорыв / percée de Broussilov). De mai à juillet 1917, le général occupa les fonctions de commandant suprême de l’Armée impériale russe.

Le 2 septembre 1918, après l’attentat perpétré par la socialiste-révolutionnaire Fanny Kaplan contre Vladimir Lénine et l’assassinat du bolchevik de premier plan Moïsseï Ouritski, le pouvoir déclencha la Terreur rouge. Le général Broussilov fut arrêté puis libéré deux mois plus tard.

Il rejoignit les rangs de l’Armée rouge en 1920. Selon certains, il aurait fait ce choix après la mort de son fils, commandant d’un régiment de cavalerie, fusillé par l’Armée blanche.

Le général Broussilov fut chargé d’améliorer les capacités de combat de l’Armée rouge, d’organiser la formation pré-militaire pour le service dans l’artillerie, arme dont il était également inspecteur. Il mourut à Moscou en 1926 à l’âge de 72 ans.

Le général Broussilov fut inhumé avec tous les honneurs militaires dans l’enceinte du monastère Novodievitchi.

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2. Dmitri Chouvaïev (1854-1937)

Niva, №14, 1916 г.

En 1916-1917, le général d’infanterie Dmitri Chouvaïev était à la tête du Ministère de la Guerre de l’Empire russe. Les bolcheviks l’arrêtèrent presque immédiatement après leur prise du pouvoir et le libérèrent rapidement.

Le général Chouvaïev rejoignit l’Armée rouge dès 1918. Il était chargé de la formation des officiers supérieurs et occupait les fonctions de chef de l’état-major de la région militaire de Pétrograd.

Il prit sa retraite en 1926. En 1937, durant la période des purges, il fut arrêté pour « propagande contre-révolutionnaire à caractère défaitiste » et fusillé.

Le général Chouvaïev fut réhabilité à titre posthume en 1956.

3. Dmitri Kouzmine-Karavaïev (1856-1950)

Domaine public

Dmitri Kouzmine-Karavaïev fit ses premières armes durant la Guerre russo-turque de 1877-1878. De 1909 à 1915, il était à la tête de la division générale de l’artillerie.

« C’était un homme qui était loin d’être bête. [...] Mais il était un chef de la division générale de l’artillerie extrêmement médiocre. Il ne maîtrisait ni les aspects techniques, ni les aspects économiques du corps d’arme de l’artillerie. Il n’avait aucune compétence en matière d’organisation et n’avait rien à faire à la tête de cette administration », disait de lui le général Alexandre Loukomski.

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Le général Kouzmine-Karaïev rejoignit les rangs de l’Armée rouge en 1918. Il était chargé de la résolution des questions liées au développement de l’armement de l’artillerie. En 1930, il prit sa retraite et se vit attribuer le droit de toucher une pension militaire majorée.

En 1935, alors que les purges s’annonçaient, il fut privé de sa pension. Sa famille et lui durent quitter Leningrad et furent relégués au Kazakhstan. Ce ne fut que durant la Grande Guerre patriotique qu’on lui rétablit sa pension militaire. Il fut également décoré de l’ordre de Lénine pour « ses longues années de service et son travail remarquable pour le développement de l’artillerie russe ».

En dépit des honneurs, le général Kouzmine-Karavaïev eut toutefois interdiction de s’établir à Moscou ou Leningrad. Il mourut à Mourom à l’âge de 93 ans.

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