
Sept compositeurs russes qui servirent dans l’armée

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Alexandre Aliabiev (1787-1851)

L’auteur de la célèbre romance Le Rossignol (Соловей), dont les paroles racontent l’histoire d’une jeune fille abandonnée par celui qu’elle aimait, est le lieutenant-colonel Alexandre Aliabiev, héros de la Guerre Patriotique et des Campagnes d’Allemagne et de France. Employé au ministère de Mines, il s’adonnait à la musique, une passion qui l’animait depuis l’enfance. En 1812, il s’engagea comme volontaire et fut versé comme porte-étendard dans un régiment cosaque puis dans un régiment de hussards. Alexandre Aliabiev prit part aux batailles les plus importantes contre la Grande Armée (Bérézina, prises de Dresde et de Leipzig) et entra dans Paris. En 1823, il quitta l’armée avec le grade de lieutenant-colonel.
Matveï Vielgorski (1794-1866)

Le salon musical des frères Vielgorski était réputé dans tout Saint-Pétersbourg. Matveï, le cadet, était un violoncelliste talentueux, l’auteur de romances, de pièces et d’ouvertures. Il fut aussi un héros de la Guerre Patriotique et de la Campagne d’Allemagne. Il servit dans le 3e régiment cosaque d’Ukraine, combattit à Dresde et Leipzig. Il fut aussi ordonnance du prince Vassili Troubetskoï. En 1826, le colonel Vielgorski quitta l’armée puis servit auprès des impératrices Alexandra Fiodorovna et Maria Fiodorovna.
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Alexeï Lvov (1798-1870)

L’auteur de l’hymne Que Dieu, protège le tsar (Боже, царя храни) était général dans la suite de Nicolas Ier et maître du chœur de la chapelle impériale. À sept ans déjà, il jouait merveilleusement du violon. À quinze, il composa ses premiers préludes pour piano. Il fit l’Institut du Génie des Communications. Durant la Guerre russo-turque de 1828-1829, il prit part au siège de Varna. Il fut décoré de l’ordre de Saint-Vladimir. L’empereur Nicolas Ier appréciait grandement Alexeï Lvov, qu’il fit Flügeladjutant (un grade de sa suite) pour avoir composé l’hymne Que Dieu, protège le tsar.
Alexeï Lvov comptait parmi ses amis Félix Mendelssohn et Robert Schumann qui le reconnaissaient en lui un compositeur et un violoniste de talent.
César Cui (1835-1918)

Auteur d’un manuel sur les fortifications, ce général du génie d’origine française avait dès l’enfance fait preuve de dispositions remarquables pour la musique. À l’âge de six ans, il était capable de reproduire sans partition les marches militaires qu’il entendait. Il composa sa première œuvre à quatorze. Sur l’insistance de son père, il choisit la carrière militaire : il fit ses études à l’Ecole du Génie de Saint-Pétersbourg puis à l’Académie de génie militaire Nicolas. Il enseigna ensuite la topographie. En 1877, lors de la Guerre russo-turque, le colonel Cui participa au renforcement des positions des armées russes près de Constantinople. Il enseigna dans les établissements militaires les plus prestigieux de l’empire : auprès de l’état-major et dans les Académies Michel et Nicolas. Il dispensa des leçons de fortifications au futur Nicolas II.
Durant sa carrière militaire, César Cui n’oublia jamais la musique et composa. Ses opéras furent donnés non seulement en Russie, mais à l’étranger. Après la Révolution d’Octobre, il resta fidèle à l’art militaire : il rejoignit l’Armée Rouge et continua d’enseigner.
Modeste Moussorgski (1839-1881)

Modeste Moussorgski reçut ses premières leçons de piano de sa mère. Lorsqu’elle comprit qu’il avait un talent hors du commun, elle engagea une pianiste professionnelle. Après être entré à l’école des porte-drapeau de la Garde, le jeune Moussorgski n’abandonna pas la composition. Il écrivit même pour ses camarades une polka joyeuse Le Porte-Enseigne. Elle fut la première de ses œuvres à être publiée.
Pendant qu’il servait dans le régiment Préobrajenski, la musique l’accompagna chaque jour. Il forma même un petit cercle avec plusieurs de ses camarades. En 1858, il quitta l’armée et dit : « Servir dans l’armée et s’adonner à l’art en même temps n’a rien de difficile ».
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Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908)

Bien qu’il ait fait preuve d’un talent précoce pour la musique – il composa ses premières œuvres à l’âge de onze ans – le destin de Nikolaï Rimski-Korsakov semblait tout tracé : comme son arrière-grand-père, son grand-père, son oncle et son frère, il servirait dans la marine. La composition n’était alors qu’une distraction, « pour le jeu, pour amuser la galerie », écrivit-il. Après avoir terminé brillamment l’Ecole des Gardes de la Marine, le jeune aspirant Rimski-Korsakov fit un tour du monde sur le clipper Almaz (Diamant). Il vit ainsi la Norvège, l’Angleterre, le Brésil et l’Amérique à l’époque de la Guerre de Sécession.
Il abandonna presque complètement la musique et le service dans la marine perdit de l’intérêt pour lui, les pays lointains ne l’attiraient plus. De retour à Saint-Pétersbourg en 1865, il présenta au public sa 1èresymphonie. Il venait en uniforme aux répétitions, ce qui ne manquait pas de surprendre les musiciens. En 1871, le compositeur devint professeur du conservatoire de Saint-Pétersbourg. Il continua deux ans encore à servir dans le corps des garde-côtes.
Nikolaï Miaskovski (1881-1950)

Nikolaï Miaskovski fut contraint par son père d’embrasser la carrière militaire. Celui-ci lui fit faire des études à l’Ecole des сadets de Nijni-Novgorod puis, à Saint-Pétersbourg, à la Seconde Ecole des Cadets et à l’Ecole du Génie Militaire. Le jeune homme entra au conservatoire à l’âge de vingt-cinq ans. Il parvint à assouvir sa passion pour la musique alors qu’il servait dans un bataillon de sapeurs. En 1914, année où fut donné son poème symphonique Alastor à Moscou et Saint-Pétersbourg, le lieutenant Miaskovski fut grièvement blessé. Après la Révolution d’Octobre, il servit à l’état-major de la marine de guerre. Durant la Grande Guerre Patriotique, il composa des chansons, des marches et sa 22ème symphonie consacrée à ce conflit. Il fut à cinq reprises récompensé du prix Staline.
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