Cette princesse russe est devenue une héroïne de la Résistance française

Fenêtre sur la Russie (Photo: Bibliothèque de littérature étrangère de Moscou, J Wheeler and Co/Toronto Stars/Getty Images, Klipartz)
Fenêtre sur la Russie (Photo: Bibliothèque de littérature étrangère de Moscou, J Wheeler and Co/Toronto Stars/Getty Images, Klipartz)
Vera Obolenskaïa est passée du statut de jeune fille frivole à celui de combattante courageuse et inébranlable contre le nazisme. Même menacée de mort, elle n’a trahi ni ses compagnons d’armes ni ses deux patries – la Russie et la France.

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« Vicky n’était pas une personne ordinaire. Elle avait un grand cœur et un esprit vif et aiguisé. Elle abordait tout avec ardeur... D’un caractère honnête et ouvert, elle ne tolérait aucun compromis », c’est ainsi que son amie Maria Mouraviova parlait de la résistante Vera (surnommée Vicky) Obolenskaïa.

Bibliothèque de littérature étrangère de Moscou
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Obolenskaïa (francisé Obolensky), de son nom de jeune fille Makarova, est née en 1911 dans la famille du vice-gouverneur de Bakou. Après la révolution, sa famille a quitté la Russie et s’est installée en France.

Pendant longtemps, Vicky a mené une vie insouciante. Elle ne s’intéressait qu’à la danse et aux garçons. À l’âge de 19 ans, elle a trouvé un emploi de mannequin.

Cependant, en 1937, la jeune fille a décidé de se ranger et a épousé le prince Nicolas Obolensky, dont elle a pris le titre. Le bonheur du couple n’a toutefois pas duré longtemps : en 1940, la France était occupée par les nazis.

Dans la clandestinité

Bibliothèque de littérature étrangère de Moscou
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De nombreux Français ont répondu à l’appel du chef de la « France libre », le général de Gaulle, pour poursuivre la lutte contre l’ennemi. Or, l’un des groupes clandestins a été organisé par un ami de la famille Obolensky, l’homme d’affaires Jacques Arthuis. Vera et Nicolas y ont immédiatement adhéré.

Le groupe s’est agrandi, s’est renforcé et a pris le nom d’Organisation Civile et Militaire (O.C.M.). Vicky y occupait le poste de secrétaire générale.

Elle rencontrait les représentants des petits groupes clandestins, recevait les rapports et transmettait les tâches des dirigeants, recueillait et structurait les informations à envoyer à Londres. Obolenskaïa avait une mémoire phénoménale et gardait à l’esprit toutes les adresses, les apparences, les noms des contacts.

Bibliothèque de littérature étrangère de Moscou
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En décembre 1941, la Gestapo a porté un coup sévère à l’organisation. Arthuis et plusieurs membres éminents de la clandestinité ont été arrêtés. C’est la princesse qui a aidé le colonel Alfred Touny à remettre l’O.C.M. en état de marche.

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Arrestation et mort

Bibliothèque de littérature étrangère de Moscou Lettre écrite par Nicolas Obolensky à Vera
Bibliothèque de littérature étrangère de Moscou

Le 17 décembre 1943, Obolenskaïa elle-même et un certain nombre de ses associés ont à leur tour été arrêtés. Au cours des interrogatoires, elle a tenté de mener les enquêteurs sur une fausse piste ou a obstinément gardé le silence. Les nazis l’ont alors surnommée « la princesse qui ne sait rien ».

Les Allemands ont même tenté de la rallier à eux en soulignant qu’ils avaient un ennemi commun, le communisme. Cependant, cette technique n’a pas fonctionné : Obolenskaïa a déclaré qu’elle ne contribuerait ni à la destruction de la Russie, même soviétique, ni à la destruction de la race slave, et que sa foi chrétienne ne lui permettait pas d’être raciste.

Le 4 août 1944, Vera Obolenskaïa a finalement été guillotinée à Berlin. La France lui a décerné à titre posthume la Légion d’honneur, la Croix militaire et la Médaille de la Résistance, tandis que le maréchal britannique Bernard Montgomery a exprimé son admiration pour ses services en tant que « volontaire des Nations unies ».

En URSS, l’exploit de la princesse n’est pas non plus passé inaperçu. En 1965, elle a été décorée de l’Ordre de la guerre patriotique, première classe, également à titre posthume.

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