
Pourquoi le monde entier connaissait-il le joueur d’échecs Boris Spassky?

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Il a appris à jouer aux échecs après avoir été évacué lors de la Seconde Guerre mondiale, à l’âge de cinq ans. Avec son frère, il a appris les règles et joué ses premiers coups en attendant que ses parents, restés dans la ville assiégée de Leningrad, les récupèrent à l’orphelinat. Après le conflit, Boris s’est lancé à corps perdu dans les échecs. Il passait du temps dans le parc de la ville, où se réunissaient les amateurs du jeu. En 1955, Spassky est devenu le premier champion du monde junior originaire d’URSS et le plus jeune grand maître de l’histoire.

Il lui a fallu plusieurs années pour se hisser au sommet de l’Olympe soviétique des échecs. À la fin des années 1960, il était considéré comme l’un des sportifs les plus célèbres du pays. En 1969, il a finalement été sacré champion du monde en battant son compatriote Tigran Petrossian, qui détenait le titre depuis six ans.

Au printemps 1970, les amateurs d’échecs ont assisté au match du siècle : à Belgrade, l’équipe nationale de l’Union soviétique a affronté l’équipe mondiale. Deux ans plus tard, l’un des affrontements les plus dramatiques de la carrière de Spassky a eu lieu : le match de championnat du monde contre Bobby Fischer à Reykjavik, qui a fait l’objet d’un film avec Tobey Maguire et Liev Schreiber intitulé Le Prodige. L’excentrique Américain ne s’est pas présenté à la cérémonie d’ouverture, a exigé que les équipes de tournage quittent la salle et, après sa première défaite, ne s’est tout simplement pas présenté à la partie suivante. L’affrontement s’est finalement soldé par la victoire de Fischer, et de nombreuses théories du complot ont entouré le match lui-même. Selon certaines d’entre elles, il y aurait eu un espion dans l’entourage du grand maître soviétique, et le joueur d’échecs lui-même aurait été exposé à des rayons X, ce qui lui aurait fait perdre sa concentration et l’aurait empêché de gagner.

En 1976, le joueur d’échecs a émigré en France, mais ce n’est qu’en 1984 qu’il a changé de nationalité sportive. Spassky s’est ensuite à nouveau engagé dans une confrontation politique : lors du tournoi des candidats en 1977, il a rencontré Viktor Kortchnoï, qui avait quitté l’Union soviétique. L’histoire s’est alors répétée : comme Fischer, ce dernier a demandé le report du match, a accusé les services secrets soviétiques d’utiliser l’hypnose et... a fini par gagner la partie.

Boris Spassky ne s’est jamais séparé des échecs, même à un âge avancé : il a écrit des livres et dirigé une école d’échecs à Satka (région de Tcheliabinsk, dans le sud de l’Oural). Dans l’histoire des échecs, il est resté, comme l’a dit Anatoli Karpov, une époque, un homme dont la place dans l’histoire de ce sport est impossible à prendre.
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