Fiodor Tolboukhine, un officier de l’armée de l’Empire russe devenu maréchal de l’Union soviétique

Bien qu’il ait libéré trois capitales européennes : Belgrade, Budapest et Vienne, ce brillant militaire reste moins connu que Gueorgui Joukov ou Constantin Rokossovski.

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Fiodor Tolboukhine, un officier de l’armée de l’Empire russe devenu maréchal de l’Union soviétique
Viktor Temine/Sputnik

« Irréprochable dans l’exécution de son devoir, courage personnel, maîtrise de l’art de la guerre, attitude humaine à l’égard de ses subordonnés », voilà le portrait du maréchal Fiodor Tolboukhine, l’un des meilleurs chefs militaires soviétiques de la Grande Guerre patriotique, que peignait un autre maréchal soviétique, Alexandre Vassilievski.

Fiodor Tolboukhine, un officier de l’armée de l’Empire russe devenu maréchal de l’Union soviétique
Iakov Rymkine/Sputnik

Fiodor Tolboukhine fit ses premières armes durant la Première Guerre mondiale. De soldat du rang, il gravit les échelons et sortit vivant de ce conflit avec le grade de capitaine d'état-major. En reconnaissance de la vaillance et de la bravoure dont il avait fait preuve au combat, il fut décoré des ordres de Saint-Anne et de Saint-Stanislav.

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Iouri Skouratov/Sputnik

Au cours de la Guerre civile qui éclata en Russie à la fin de l’année 1917, Fiodor Tolboukhine se rangea du côté des bolcheviks. Il servit alors comme commandant du quartier général d’une division, puis d’une armée. Il affronta l’armée blanche menée par le général Nikolaï Ioudénitch, prit part à la guerre soviéto-polonaise et combattit les Finlandais en Carélie.  

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Sputnik

En juin 1941, quand la Wehrmacht envahit l’URSS, le major général Tolboukhine était commandant du quartier général du district militaire de Transcaucasie. Il fut l’un des premiers concepteurs du plan d’invasion soviéto-britannique de l’État impérial d’Iran pro-allemand (opération Countenance) en août-septembre 1941.

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En novembre 1941, le major général Tolboukhine et le lieutenant général Dmitri Kozlov, commandant du front en Transcaucasie, établirent le plan d’un débarquement dans la péninsule de Crimée, alors occupée par les Allemands. Cette opération débuta le 26 décembre et s’acheva par la libération de la péninsule de Kertch.

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Iouri Monglovsky/TASS

Fiodor Tolboukhine fut alors nommé à la tête du quartier général du front de Crimée. À la suite d’un conflit avec Lev Mekhlisse, représentant du Stavka du Haut commandement suprême, il fut contraint de renoncer à cette fonction en mars 1942. Deux mois plus tard, les Allemands écrasèrent les forces soviétiques présentes en Crimée et rétablirent leur contrôle sur l’ensemble de la péninsule.

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Boris Cheïnine/TASS

En juillet 1942, Fiodor Tolboukhine prit le commandement de la 57e armée qui défendait le flanc sud de Stalingrad. « La 57e armée, sans bruit, sans précipitation, de façon intelligente et organisée, mena des opérations de défense et de fréquentes attaques. Nous l’avions surnommée l’armée de l’ordre et de l’organisation et nous apprécions son commandement pour l’attention qu’il accordait à ses hommes, à ses combattants quels que fussent leurs grades », se souvenait le lieutenant général Vassili Morozov (1897-1964).

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L’armée du major général Tolboukhine joua un rôle essentiel durant la contre-offensive lancée le 19 novembre 1942. Elle écrasa une partie de la 4e armée roumaine et acheva au sud de Stalingrad l’encerclement de la 6e armée du général Paulus.

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Ministère russe de la Défense

Durant la bataille de Koursk à l’été 1943, les troupes du lieutenant général  Tolboukhine attaquèrent la ligne de défense allemande Mius-Stellung en Ukraine orientale. Cette offensive permit de neutraliser une grande partie des réserves de l’ennemi et de l’empêcher de les envoyer en renfort dans la région de Koursk où avait lieu l’opération Citadelle.

En mai 1944, après avoir libéré la péninsule de Crimée, le général d’armée Tolbhoukine fut nommé commandant du 3e front ukrainien. En août de la même année, son armée et celle du 2e front ukrainien commandé par Rodion Malinovski (1898-1967) menèrent la remarquable opération d’encerclement et d’écrasement du groupe d’armées allemand « Ukraine méridionale » (offensive de Jassy-Kichinev).

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Ministère russe de la Défense

L’Armée rouge put alors libérer totalement la Moldavie. Un coup d’État se produisit en Roumanie à l’issue duquel le pays se rangea du côté de la coalition anti-hitlérienne. Il se passa rapidement ensuite la même chose en Bulgarie. Le 12 septembre 1944, le général d’armée Tolboukhine fut élevé à la dignité de maréchal de l’Union soviétique.

En octobre 1944, les armées du 3e front ukrainien toujours commandé par Fiodor Tolboulkhine avec le renfort d’unités de l’armée populaire de libération yougoslave prirent Belgrade. Le 13 février 1945, Budapest était à son tour libérée.

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Minsitère russe de la Défense

En mars 1945, dans la région du lac Balaton, les armées allemandes lancèrent leur dernière offensive d’ampleur de la guerre. Les forces soviétiques résistèrent à l’assaut : les Allemands purent à peine enfoncer les défenses soviétiques. L’Armée rouge passa ensuite à la contre-offensive. 

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Le 13 avril 1945, les troupes du maréchal Tolboukhine prirent Vienne. Pour préserver les trésors architecturaux de la ville, il renonça à utiliser des pièces d’artillerie lourde et l’aviation de bombardement.

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Olga Lander/Sputnik

Après la fin de la guerre, le maréchal Tolboukhine fut nommé à la tête du commandement du groupe d’armées soviétiques stationnées en Roumanie et en Bulgarie. Le commandement des armées du district militaire de Transcaucasie lui fut ensuite confié. Il mourut du diabète en 1949.

« Je n’oublierai jamais comment, allongé sur son lit d’hôpital, Fiodor m’assurait qu’il reprendrait le travail le lendemain... », se souvenait le maréchal Alexandre Vassilievski.

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